ACTUS LOCALESJUSTICE

5 ans de prison requis contre Sabine Boiron

Le procès de l’affaire Boiron s’est poursuivi ce mercredi. La procureure de la République a requis 5 ans de prison ferme à l’encontre de Sabine Boiron, et deux ans de prison avec sursis et un million d’amende pour le promoteur Thierry Barbion. Elle a réclamé aussi que tous deux soient inscrits au fichier  des délinquants sexuels.

 Auditions, réquisitoires et plaidoiries se sont succédé ce mercredi, dans cette triste comédie humaine. Après avoir entendu les fournisseurs et revendeurs d’ice qui gravitent autour de cette affaire, sept au total, la procureure de la République, Elise Tovati, a entamé son réquisitoire.

Concernant Sabine Boiron, la procureure a estimé que « c’est le personnage pivot de l’histoire. Elle a corrompu des jeunes filles qu’elle a trouvées dans la rue, Lara et Alice, deux gamines en fugue, deux personnes fracassées par la vie. » Elle ne se l’explique pas, a-t-elle dit, comment cette institutrice est passée de la consommation d’ice à « pute de luxe ». Pour elle, Sabine Boiron a fourni de l’ice à deux mineures pour les accrocher, afin qu’elles aillent faire de la « retape » pour de l’ice ou de l’argent qu’elle empochait. « Elle avait un rôle de proxénète, tous les témoignages vont dans ce sens. »

Considérant Sandrine Boiron coupable de tous les faits qui lui sont reprochés, elle a requis 5 ans de prison ferme, l’interdiction des droits civiques et d’exercer une activité en contact avec des mineurs, et demandé son inscription au fichier judiciaire des délinquants sexuels (FJDS).

Deux ans avec sursis requis contre Thierry Barbion

Pour Thierry Barbion, si la procureure admet qu’il a pu se méprendre, lors de leurs premiers rapports, sur l’âge de la jeune Alice apprêtée par Sabine Boiron, elle estime que cette explication ne tient pas pour leur deuxième rencontre.

Elle a estimé que le promoteur devait avoir un doute, puisqu’il s’était renseigné sur l’âge d’Alice, « et quand on a un doute, on ne touche pas . » Pour la procureure, le recours à la prostitution de mineur est établi et elle a demandé deux ans de prison avec sursis, un million de Fcfp d’amende et son inscription au FJDS. Elle n’a pas réclamé de la prison ferme, car il est le tuteur de sa femme, Thérèse Moke, et que l’un de ses enfants est gravement malade.

Trois ans requis contre Marc Ramel

Marc Ramel, gérant du Ute Ute à Papeete, est poursuivi pour atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, en l’occurrence Lara, 13 ans au moment des faits. Absent à l’audience, la procureure a estimé qu’il avait connaissance de l’âge de la jeune fille et a requis contre lui  trois ans de prison ferme avec mandat d’arrêt et son inscription au FJDS, ainsi que l’interdiction d’avoir des activités avec des mineurs durant 5 ans après avoir purgé sa peine.

Après avoir requis des peines pour les autres protagonistes de cette affaire, (voir encadré), la procureure a cédé la parole à la défense des accusés.

« Je me suis demandé si j’allais plaider »

Me Des Arcis, qui assurait la défense de Sabine Boiron, semblait accablé par sa charge. « Après ce que j’ai entendu, je me suis demandé si j’allais plaider. » S’adressant au tribunal : « J’ai l’impression que votre conviction est déjà faite, et je peux le concevoir si je ne connaissais pas ma cliente comme je la connais désormais. » S’exclamant « je ne comprends pas les cinq ans ferme », il a reconnu la gravité des faits qui sont reprochés à sa cliente. Pour autant il estime au sujet des témoignages accablants qu’Alice et Lara ont livrés lors de l’instruction, qu’ « on peut faire dire n’importe quoi à des gamines. Rappelez-vous l’affaire d’Outreau. Diablesse, maquerelle, ne sont pas des mots qu’emploient des jeunes Polynésiennes. » L’avocat a évoqué l’état de sa cliente à l’époque des faits : « Un des prévenus la surnommait ‘Le gouffre’ au sujet de sa consommation d’ice, avait-elle l’intention et la conscience de faire du proxénétisme ? Elle est tombée dans la drogue, ce n’était plus une institutrice, c’était une droguée.»

« Barbion est générateur d’emplois »

Du coté de Thierry Barbion, qui s’est attaché les services de Me Quinquis et de Me Frédérique Beaulieu, avocate de Dominique Strauss-Kahn lors du procès du Carlton, on s’est focalisé sur les trois chefs d’accusation. Me Beaulieu les a démontés un par un. Pour le premier, recours à la prostitution de mineur, elle a estimé que « pour qu’il y ait prostitution, il faut qu’il y ait remise d’argent et Alice indique qu’il ne lui a jamais donné d’argent. Il n’y a pas de preuve, je demande la relaxe. »

Concernant les deux autres faits, à savoir corruption de mineurs, elle a rappelé l’énoncé de la loi : « Il faut qu’il y ait une volonté arrêtée de pervertir la jeunesse pour qu’il n’y ait pas doute. » Dans les deux cas qui lui sont reprochés, « ce n’était pas programmé, mon client n’a pas programmé ces scènes (…) Il n’y a pas de volonté corruptrice. » Pour elle, «la relaxe est fondée en droit comme en fait.»

Me Quinquis de son côté s’est attaqué au réquisitoire de la procureure qui avait brossé un état des lieux peu reluisant de la Polynésie, affirmant « peu de pays dans le monde peuvent se ‘targuer’ d’utiliser les mineures de leur propre pays pour la prostitution. ». Pour Me Quinquis, l’occasion était trop belle, pour la laisser passer. « Quand l’économie d’un pays va bien, il n’y a pas de prostitution (sic) et Thierry Barbion a fourni à la Polynésie une grande contribution économique ». Enumérant les constructions d’hôtels dont le promoteur immobilier est à l’origine, il a affirmé, « il est générateur d’emplois et il s’est attiré des rivalités. ». Grandiloquent, « cette affaire, c’est la montagne qui accouche d’une souris. On a accusé mon client de tous les maux et de tout cela il ne reste que trois infractions relatives. Nous demandons la relaxe ».

« Je suis atterré par l’excès des peines. »

Pour Me Bourion, avocat de Marc Ramel, celui-ci s’est déclaré «atterré par l’excès des peinesEstimant que dans le cas de son client il n’y avait pas de prostitution et qu’il n’était pas concerné par la majorité des faits, il n’était pas nécessaire de réclamer un mandat d’arrêt, « Lara a jeté son dévolu sur lui, au début il a résisté, puis seul depuis 7 ans, il a fini par accepter ses avances et ils ont fini par tomber amoureux l’un de l’autre. Ils ont vécu ensemble quelques semaines et Lara à même déclaré crûment que mon client ‘ne la baisait pas, mais lui faisait l’amour.’ Ce n’est qu’après qu’il a fini par rompre avec elle, ayant eu connaissance de son âge.» Conscient de la faute de son client, l’avocat ne plaide pas la relaxe mais une peine bien plus faible.

Le délibéré sera rendu demain.

Peines requises contre les autres protagonistes de l’affaire

Stimson Aiho-Le Loch : Accusé de transport, détention , cession, usage de stupéfiants et d’atteinte sexuelle  sur mineur. Sont requis contre lui, 3 ans de prison ferme et 5 ans d’interdiction d’exercer une activité auprès d’enfants.

Albert Amaru : Accusé d’usage de stupéfiants. Sont requis contre lui 6 mois ferme.

Patrick Ceran-Jerusalémy : Accusé de transport, détention, cession à un mineur et usage de stupéfiants et récidiviste. Sont requis contre lui 18 mois ferme.

Dany Cuthers : Accusé de transport, détention , cession, usage de stupéfiants. Sont requis contre lui 6 mois ferme.

Gerry Faatau : Accusé de transport, détention, cession à un mineur et usage de stupéfiants. Sont requis contre lui 2 ans de prison. A noter qu’il est déjà incarcéré pour une autre affaire.

Gérardo Lozano : Accusé de recours à la prostitution et corruption de mineur de 15 ans, transport, détention, cession à un mineur et usage de stupéfiants. Est requise contre lui une peine de 5 ans de prison ferme, privation des droits civiques et inscription au fichier des délinquants sexuels.

Henri Marin : Accusé de transport, détention , cession, usage de stupéfiants. Est requis contre lui 6 mois ferme.

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