ACTUS LOCALESSANTÉ

55% des Polynésiens de plus de 12 ans ont commencé leur vaccination


Alors que les chiffres des hospitalisations et des décès sont toujours aussi dramatiques, les Polynésiens continuent à se rendre en masse dans les centres de vaccination. La majorité des plus de 12 ans, les seuls appelés à se faire vacciner, ont déjà reçu au moins une dose, et plus de 40% sont pleinement vaccinés.

Depuis le début du mois d’août plus de 40 000 Polynésiens ont sauté le pas de la vaccination. Autant qu’en trois mois de centres, de vaccinodromes et de tournées dans les îles entre mai et juillet. Résultat : 96 000 personnes sont aujourd’hui pleinement vaccinées, et 32 000 autres sont en attente de leur seconde dose. Sur la « population vaccinale » de plus de 12 ans, 231 725 personnes sans prendre en compte les contre-indications, 55% ont donc répondu à l’appel à l’injection. Au début de la vague de variant Delta, ce chiffre ne dépassait pas les 35%. Si les responsables politiques seront prompts à se féliciter de ce nouvel élan, difficile de dire qu’il constitue une réussite en matière de santé publique. Sans aucun doute, l’avalanche d’hospitalisations et de décès survenus ces dernières semaines a beaucoup plus convaincu que les interventions médiatiques des élus, ou que des campagnes de communication des autorités. La perspective d’une loi sur l’obligation vaccinale, votée en urgence et fortement élargie par un amendement en séance à l’assemblée, a pu jouer ces derniers jours. Mais parmi les centaines de visiteurs des centres de vaccination, quelques uns évoquent ce texte, d’autres les facilités de voyage vers les îles, mais beaucoup citent au premier rang des éléments de poids dans leur décision, l’expérience de proches atteints par la maladie.

Les récentes prises de paroles des médecins, pompiers et autres professionnels en première ligne de la crise, semblent avoir mieux fait mouche. Il faut dire qu’au CHPF comme ailleurs, la situation catastrophique a rendu les discours beaucoup plus directs. « Être non vacciné est un des plus gros facteurs de risque » dans cette nouvelle vague, répétait, la semaine dernière encore, le Dr Mélanie Tranchet, une des responsables des urgences du Taaone. Le message est désormais répété en boucle, sans perdre sa pertinence : « quasiment la totalité des patients, encore plus chez les patients en réanimation et chez les patients graves, ne sont pas vaccinés », insiste l’urgentiste. Qui, comme beaucoup de ses collègues du CHPF, se dit « un peu dépitée de ne pas avoir pu obtenir des chiffres plus importants qui auraient probablement pu éviter cette crise majeure ».

Aussi cette vague de vaccination est accueillie sans éclat de joie. « C’est bien, mais c’est tard », résume un des responsables du Samu. Les médecins abordent la question avec d’autant plus de nuance que la vaccination en période de circulation intense du virus « n’est pas idéale ». Depuis plusieurs jours, du fait du redéploiement des capacités de dépistage vers la vaccination, et du développement des autotests, les calculs de nombre de cas sont considérés comme « non représentatifs ». Mais tout indique que l’incidence de l’épidémie reste vertigineuse. Or, il est déconseillé de se faire vacciner en étant positif au Covid. D’une part parce que ce serait prendre le risque de contaminer les autres lors de son déplacement au centre de vaccination. D’autre part parce que le système immunitaire est déjà en train de réagir à l’infection. « En cas de symptômes, il faut se faire dépister », et s’isoler, explique le Dr Melanie Tranchet. Une contamination passée, en revanche, ne fait pas obstacle à la vaccination : la Haute autorité de Santé recommande depuis plusieurs mois une vaccination à dose unique, jouant « un rôle de rappel », et qui peut intervenir à partir de deux mois après la disparition des symptômes.

Pour « aider à désengorger l’hôpital », l’urgentiste appelle aussi « tous les Polynésiens » au respect des gestes barrières, des règles de distanciation et de limitation des contacts sociaux. Car comme le répètent les scientifiques depuis le début de la crise, pleinement vacciné ne veut pas dire pleinement protégé. Les contaminations restent possible, et même si plusieurs études montrent que la vaccination réduit de façon importante les chances et la durée de la contamination ainsi que la charge virale – donc la possibilité de transmission – une personne vaccinée peut tout de même, dans certains cas, contaminer ses proches.

La vaccination, même complète, a pour principal intérêt de réduire de façon très importante le risque de formes graves du Covid. Mais là encore, ni les laboratoires, ni les autorités sanitaires ne revendiquent une efficacité totale : le vaccin Pfizer éviterait, suivant les études, entre 60 et 90% de ces Covid sévères, avec une érosion d’efficacité dans le temps qui est toujours en évaluation. La Haute autorité de Santé vient d’ailleurs de confirmer la recommandation d’une troisième dose de vaccin pour les plus de 65 ans et les personnes les plus à risque, six mois après la seconde. Même si les espoirs d’une « immunité collective » qui mettrait définitivement fin à la crise, par la vaccination ou la contamination, s’estompent peu à peu dans les débats scientifiques, les vaccins restent une « très bonne arme » contre la maladie. « La seule à fonctionner actuellement », répète-t-on inlassablement au CHPF.

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