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78 milliards pour la relance et des interrogations sur les finances


Le gouvernement, au quasi-complet ce matin, a présenté la version définitive de son plan de relance 2021 – 2023. 73 mesures retravaillées avec les partenaires sociaux pour 78,3 milliards de francs, dont une partie reste encore à trouver. Un nouveau prêt garanti par l’Etat est en discussion. 

Présenté, sous forme d’ébauche en décembre dernier, travaillé en séminaire gouvernemental puis dans un cycle de réunions avec les acteurs économiques, présenté au conseil des ministres le mois dernier, puis au Cesec … Il était temps pour le plan de relance 2021 – 2023, « déclinaison » du plan Cap 2025 présenté en septembre dernier, d’être enfin mis publiquement sur la table. Les grands axes et les équilibres financiers du document, qui va servir de « feuille de route évolutive » au gouvernement dans les trois prochaines années, avaient déjà été exposées devant le Cesec.  78,3 milliards de francs – dont 42,2 milliards dès 2021 – d’argent public au total, pour développer la « résilience de l’économie » – des aides aux secteurs stratégiques – la « protection de l’économie et de l’emploi » – par la relance de la commande publique – ou encore maintenir la cohésion sociale, en constituant un matelas pour les régimes sociaux. Aux 50 mesures présentées en décembre, s’ajoutent donc 23, « toutes consensuelles » qui ont été suggérées par les partenaires sociaux et les représentants des entreprises en particulier. « Je leur ai dit qu’on n’y arriverait pas sans eux », explique le ministre des Finances Yvonnick Raffin.

Les mesures déjà présentées ont été maintenues. Côté finances, le Pays va lancer un « fonds de relance et de développement des entreprises » fragilisées par la crise, des prêts de relance (PRE) pour compléter les PGE, des crédits d’impôts développement durable ou la création de « plans d’épargne – relance » pour « réinjecter l’épargne dormante dans l’économie ». Le plan implique bien sûr d’importants investissements publics, facilités par un assouplissement de certaines règles de marchés, mais il ne cite pas de nouveaux grands projet, beaucoup étant depuis longtemps dans les tiroirs. S’ajoutent, côté aides sectorielles, des aides à l’export pour la pêche hauturière, des aide au carburant et aux infrastructures pour la pêche côtière, la relance de la filière perle, des investissements dans l’aquaculture, l’aménagement de lotissements agricoles pour développer l’autonomie alimentaire ou des « abattoirs délocalisés ». Le Pays prévoit aussi d’investir plus largement dans le logement, la transition numérique et énergétique et la relance du tourisme. Certaines mesures, comme la réforme de la PSG, la construction de centres d’aide aux SDF, le Swac ou la création de contrats d’insertion, sont connus depuis longtemps.

Un nouveau prêt et des incertitudes sur les recettes fiscales

Comment financer toutes ces actions ? D’après Yvonnick Raffin, une partie des fonds ont déjà été prévues au budget 2021, à hauteur de 19,7 milliards. Le reste, le gouvernement compte le trouver « dans les trois prochaines années », grâce à la solidarité nationale et l’emprunt. Un nouveau prêt garanti par l’Etat – le premier, en juillet, pesait plus de 28 milliards – est d’ailleurs « en discussion » mais son montant n’est pas encore arrêté. Pour le reste, le Pays compte sur ses propres capacités. « Il n’y a pas de problème de trésorerie aujourd’hui », précise Yvonnick Raffin, malgré les doutes qui avaient été émis sur la pérennité du financement des aides spéciales Covid. « La grosse inconnue, c’est le rythme des recettes », précise le ministre des Finances, qui prévoit encore 10 milliards de baisse des rentrées fiscales en 2021.

2022 ne devrait pas être beaucoup plus rose pour les finances publiques, d’autant que certaines dépenses viendront s’ajouter à ce plan. Les interrogations pèsent notamment sur le sauvetage d’Air Tahiti Nui. « Un vrai problème », note Édouard Fritch qui rappelle que le Pays « a fait le pari d’éviter les plans sociaux pour cette compagnie » et veut « continuer à faire vivre ATN parce qu’elle va chercher des clients pour nos hôtels ». Pas question non plus, pour l’instant, de couper dans la dépense publique. « Il ne faut pas se tromper de cible et il faut arrêter de croire que l’administration a un train de vie sénatorial, s’agace Yvonnick Raffin qui insiste au contraire sur la nécessité d’injecter de l’argent dans l’économie. Baisser le train de vie n’a jamais accompagné la relance économique. Ce n’est pas dans mon modèle ».

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