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8 à 9 ans de prison requis contre le couple Dubaquier

Le deuxième jour du procès de l’affaire Dubaquier a d’abord porté sur le volet « blanchiment » de ce vaste dossier de trafic d’Ice. Un blanchiment réalisé à travers les différentes entreprises gérées par Mercedes et Patrice Dubaquier. En fin de journée, le procureur a requis 8 à 9 ans de prison contre les époux ainsi qu’une amende de 300 millions de Fcfp.

Après le volet « trafic », c’est le volet « blanchiment » de l’affaire Dubaquier qui a été examiné mercredi par le tribunal correctionnel de Papeete. Lors de l’audience de mardi, déjà, les techniques de blanchiment de 235 millions de Fcfp avaient été évoquées. Mercredi, le président du tribunal a détaillé les manipulations d’argent entre les sept sociétés de Mercedes Dubaquier.

Le blanchiment se faisait par des dépôts d’argent en espèces sur les comptes des sociétés : pour 156 millions de Fcfp pour celles gérées par la femme d’affaire, et pour 79 millions de Fcfp pour celles de Patrice Dubaquier. Des dépôts accompagnés de fausses factures, ainsi que des virements sans justificatifs entre les différents comptes. Interrogés sur ces sommes d’argent, les employés des sociétés ont tous indiqué qu’elles ne pouvaient pas provenir des activités.

Les deux employées se disent « manipulées »

Deux employées sont impliquées dans ces transferts d’argent : l’assistante de direction et comptable, et la comptable attitrée. L’assistante de direction a effectué la majeure partie des dépôts en espèces, parfois jusqu’à 700 000 Fcfp en une journée. La jeune femme, sans diplôme et que Mercedes Dubaquier avait pris sous son aile, a admis avoir fini par trouver suspect tout ces dépôts d’argent en espèce. « Quand je lui ai posé des questions, elle m’a dit que ça n’était pas mes oignons et que c’était de l’argent de sa famille, je l’ai cru » a expliqué l’assistante de direction. « Vous pensez quoi aujourd’hui de la façon dont elle s’est servie de vous ? », l’a interrogé le président du tribunal. « J’ai été naïve, je n’aurais jamais pensé ça d’elle, je me sens manipulée et bête ».

La comptable, de son côté, n’a pas fait de dépôts d’argent mais ce sont ses fréquentations et son environnement qui posent question. Elle est en effet l’ex-petite amie du directeur commercial de Mercedes Dubaquier -déjà condamné pour trafic d’Ice- et l’actuelle petite ami d’un autre dealer d’Ice lui-même incarcéré. La comptable a expliqué mercredi matin qu’elle se contentait d’enregistrer les paiements des clients, mais qu’elle n’avait accès à aucun compte. « Vous avez un diplôme de compta et ça ne vous parait pas bizarre ? », l’a questionné le président. « Non c’était sa façon de faire, de motiver les gens ».

La fille Dubaquier nie avoir eu connaissance du trafic

Impliquée également, la fille de Mercedes Dubaquier a elle aussi déposé à plusieurs reprises de l’argent en espèce. Près de 7 millions de Fcfp ont d’ailleurs été virés sur son compte personnel venant des sociétés. Une forme de salaire, selon la jeune fille, dont l’activité dans l’entreprise n’a visiblement pas marqué les autres employés. Mais la jeune fille est surtout incriminée par deux écoutes téléphoniques. Dans la première, elle répond au téléphone de sa mère et indique à l’un des revendeurs sur un « arrivage ». Rien d’inhabituelle pour la fille de Mercedes Dubaquier, qui explique que c’est le jour des livraisons. Dans la seconde, sa mère la conseille sur la façon dont déposer de l’argent en espèce dans les banques. « Soit on vous croit et vous êtes naïve et votre mère vous a manipulé, soit vous mentez et vous en savez plus que ce vous dites », a tranché le juge.

Le magistrat s’est ensuite tourné vers Mercedes Dubaquier : « Quand vous demandez à votre fille de répondre au téléphone, de déposer de l’argent est-ce que vous la manipulez sciemment ? ». Réponse de la femme d’affaire en pleures : « Oui… ». Le juge a alors une nouvelle fois cherché a obtenir des informations : « Au stade où on en est, est-ce que vous ne voulez pas tout lâcher ? ». La prévenue a tenté de justifier le début du trafic par une manipulation de son ancien directeur commerciale. « Madame, une dernière fois, dites nous tout », a relancé le juge… Sans réponse.

8 à 9 ans de prison et 300 millions de Fcfp d’amende
L’après-midi a été consacré aux réquisitions du procureur, Yann Hausner. Le représentant du ministère public a détaillé l’implication de chacun des douze prévenus et particulièrement de celle de Mercedes Dubaquier, seule à la tête de ce « trafic d’envergure ». Le procureur a également relevé l’attitude des banques dans ce dossier. D’abord par ces « coffres tirelires où l’on peut déposer de l’espèce sans limite de plafond ». « Jamais un trafic n’a été révélé par un signalement de banques. Certains ont des pratiques assez légères, certains ont des responsabilités ».

Le procureur a requis entre 8 et 9 ans de prison ainsi que 300 millions de Fcfp d’amende à l’encontre de Mercedes et Patrice Dubaquier. Trois ans de prison avec sursis à l’encontre des deux employés comptables, trois ans dont 18 mois de prison avec sursis pour la fille de Mercedes Dubaquier, six ans et 27 millions de Fcfp pour le revendeur récidiviste, Murphy Tchen, six ans de prison et de 50 à 80 millions de Fcfp pour les autres revendeurs Jeremiah Bizien et Erita Raioaoa. Et enfin deux à trois ans de prison avec mandat de dépôt, ainsi que des amendes allant de 1 à 27 millions de Fcfp, à l’encontre des quatre dealers.

Le dernier jour du procès sera consacré aux dernières plaidoiries de la défense.

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4 Commentaires

  1. PAVLOVA
    22 mars 2018 à 1h42 — Répondre

    Bravo Monsieur le Procureur ils meritent meme encore plus ces assoifes de pognon, femme d’affaires, ancien gendarme etc…ils ont l’air d’oublier qu’ils se sont fait de l’argent en vendant leur « MERDE » a des enfants innocents et a les entendre ils se prennent meme pour des victimes Allo quoi ! Du degout rien que du degout…

    • TAMA
      22 mars 2018 à 10h26 — Répondre

      Entièrement d’accord avec PAVLOVA

  2. Viniura
    22 mars 2018 à 11h11 — Répondre

    Tiré de l’article : Le procureur a également relevé l’attitude des banques dans ce dossier. D’abord par ces « coffres tirelires où l’on peut déposer de l’espèce sans limite de plafond ». « Jamais un trafic n’a été révélé par un signalement de banques. Certains ont des pratiques assez légères, certains ont des responsabilités ».

    Oui ces empoisonneurs méritent la prison. Dommage que leurs complices de la banque ne soient pas inquiétés. Manque de justice quand même.

  3. Pito
    22 mars 2018 à 12h54 — Répondre

    Tou a fait d’accord avec Viniura, la justice doit s’interresser aux banque et juger les responsables pour la non dénonciation de blanchiment d’argent. La justice doit le# 3ntendre rapidement afin que cela ne se reproduise plus sinon c’est la porte ouverte à tous les abus.

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