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8 mois avec sursis pour un policier ayant frappé un lycéen

Paris (AFP) – L’affaire avait suscité un fort émoi, en pleine mobilisation contre la loi travail: un policier de 26 ans a été condamné jeudi à huit mois de prison avec sursis pour un coup de poing à un élève du lycée Bergson à Paris le 24 mars.

Le tribunal correctionnel de Paris n’ayant pas inscrit cette condamnation à son casier judiciaire, le policier peut continuer à exercer sa profession. Mais, à l’issue de la procédure pénale, il s’attend à faire l’objet d’une procédure administrative.

Une vidéo de la scène avait largement tourné sur les réseaux sociaux et dans les médias et fait réagir jusqu’au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s’était dit « choqué ».

Ni le policier ni son avocat n’étaient présents lors du prononcé du jugement.

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet, qui avait demandé six mois de prison avec sursis.

« C’est un véritable soulagement que la justice ait reconnu sa vérité à mon client et à ses parents », a réagi face à la presse l’avocat de ces derniers, Me Arié Alimi. Pour lui, il est « certain » que sans la vidéo de la scène, ce procès n’aurait pas eu lieu.

Ce « serait un véritable drame » d’accorder aux policiers la présomption de légitime défense, « un permis de tuer et une impunité », a-t-il ajouté.

Filmée le 24 mars, la vidéo montre le lycéen à terre, entouré de plusieurs fonctionnaires de police. « Lève-toi ! Lève-toi ! », lui lance l’un d’eux, avant de lui asséner un violent coup de poing au visage, qui fait basculer et chuter le lycéen, que maintenait un autre policier.

La victime a eu le nez cassé, et s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de six jours.

L’affaire avait alimenté le débat sur les violences, commises par des manifestants ou des policiers, qui ont marqué la longue mobilisation du printemps contre la loi travail, l’un des projets phares du quinquennat de François Hollande.

– « Illégitimité absolue » –

Le gardien de la paix avait invoqué face aux juges du tribunal correctionnel de Paris, lors de l’audience le 10 novembre, un « malheureux concours de circonstances ».

Selon son récit, le policier n’a aucunement visé le visage de l’adolescent, mais il l’aurait atteint car, maintenu à la nuque par l’un de ses collègues, le jeune homme s’est baissé au moment où le coup est parti.

Sentant « comme des doigts au niveau de la jugulaire » de son casque, il a expliqué s’être senti « en danger », le tout dans un contexte de maintien de l’ordre auquel il était à peine formé. Les policiers, visés par des projectiles, voulaient alors interpeller un individu qu’ils considéraient comme l’un des principaux fauteurs de troubles.

Il avait raconté son stress face à une situation de maintien de l’ordre, mission à laquelle il n’était que sommairement formé. 

Que le policier ait visé le plexus, comme il le soutient, ou le visage, est en soit un geste d’une « illégitimité absolue », avait estimé le procureur lors de l’audience.

Là où les policiers ont décrit des forces de l’ordre faisant face à une foule hostile sur les lieux de l’interpellation, les images de vidéosurveillance montrent une poignée de jeunes qui observent et filment la scène à quelques mètres.

Le policier a modifié sa version pendant l’enquête après avoir vu les images, qui correspondent entièrement aux déclarations de l’adolescent.

Les témoignages évoquent ce jour-là une mobilisation moins tendue que les précédentes. Quant aux policiers, ils étaient assez peu nombreux et plus agressifs que d’habitude, selon le proviseur du lycée.

Un deuxième policier doit comparaître le 16 juin pour des violences le même jour au même endroit.

Des photos tirées de la vidéo d'un policier frappant un lycéen sont accrochées à la grille du lycée Bergson, le 24 mars 2016 à Paris . © AFP

© AFP/Archives JOEL SAGET
Des photos tirées de la vidéo d’un policier frappant un lycéen sont accrochées à la grille du lycée Bergson, le 24 mars 2016 à Paris

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