ACTUS LOCALESJUSTICE

9 heures d’audience dans « l’affaire du Street Shop »

Des peines allant de 10 à 18 mois de prison avec sursis ont été requises mardi soir à l’encontre des trois responsables du Street Shop de Papeete, pour avoir vendu des articles à l’effigie d’une feuille de cannabis et des graines « de collection » de cannabis.

Il aura fallu 9 heures d’audience mardi après-midi pour éclaircir les circonstances et l’objectif de l’installation du très médiatique Street Shop de Papeete. Ses trois responsables, Nicolas Veyssiere, fournisseur et financier, Cédric Tournier, gérant du shop, et Anthony Tutard, commercial et livreur, étaient jugés par le tribunal correctionnel de Papeete, après un renvoi en janvier dernier, pour « détention non autorisée de stupéfiants » et « provocation à l’usage ou au trafic de stupéfiants ». Le Street Shop, ouvert en février 2018, proposait à la vente des pipettes, bongs (pipes à eau), grinders (broyeurs) et autres boîtes et balances de précision ornés d’images de feuilles de cannabis. Après une interdiction de vente de graines de paka par le Pays jugée illégale par le tribunal administratif, le shop avait finalement été perquisitionné puis fermé fin mars 2018.

QPC et nullité

Mardi à l’audience, l’avocat de Nicolas Veyssiere, Me Thibaud Millet, a défendu trois questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) sur l’absence de définitions des stupéfiants en Polynésie française. Des QPC que le tribunal a choisi de ne pas transmettre à la cour de cassation estimant qu’elles « n’étaient pas sérieuses ». Pour Me Millet, ce dossier soulève la question de la modification du système de classification des substances dangereuses « obsolète et archaïque ».

Les trois responsables du Street Shop ont ensuite été entendus par le tribunal. Tous ont expliqué avoir profité de la demande de ce type de produits en Polynésie, produits déjà vendus par d’autres personnes avant l’ouverture du shop : « des pipettes il y en avait avant nous et il y en aura après nous ». Nicolas Veyssiere a d’ailleurs indiqué qu’il estimait que son activité était totalement légale, pour preuve, les autorisations des services phytosanitaires et des douanes. « Ce sont des objets de décoration » s’est défendu le fournisseur, « ce n’est pas notre faute si une partie de la clientèle les détourne ». Quant aux feuilles de cannabis incitant à la consommation ? « Ce sont des feuilles d’érable du Japon »… Ce « marché de niche » a tout de même rapporté 4 millions de Fcfp en cinq mois, dont plus de 2 millions simplement en graines de paka.

Des chiffres édifiants pour le procureur de la République, Yann Hausner, qui a rappelé que chaque année 60 000 plants de paka étaient arrachés en Polynésie. Le représentant du ministère public a requis à l’encontre de Nicolas Veyssiere une peine de 18 mois de prison assorti d’un sursis mise à  l’épreuve de 3 ans. 12 mois et 3 ans de sursis mise à l’épreuve pour Anthony Tutard, et enfin 10 mois et 3 ans de sursis mise à l’épreuve pour Cédric Tournier.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 14 mai prochain.

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1 Commentaire

  1. MATA
    24 avril 2019 à 14h43 — Répondre

    A l’heure ou de nombreux pays ont légiféré sur la légalisation du cannabis thérapeutique et alors que le 1er ministre lui-même annonce publiquement qu’il serait absurde de ne pas réfléchir aux possibilités thérapeutiques du cannabis, un procès de 9 heures se tient pour la revente de graines de cannabis? Des graines voir mieux des boutures, les pakaculteurs en trouvent facilement et ce n’est pas la fermeture du street shop qui changera quoi que ce soit. Arrêtons les faux débats. L’alcool c’est 40.000 morts par an, le tabac c’est 73.000 morts par an. Pendant que la « ice » fait des ravages mesurables au sein de la population polynésienne on pinaille pour le cannabis qui, ironiquement, permet à de nombreuses familles de survivre dans nos îles et d’assurer une « paix sociale » du fait de sa consommation. Une question. Qui a les moyens de se payer du cannabis et de la drogue dure?

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