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A Bamako, le chanteur -M- fait lever le public

Bamako (AFP) – Devant la salle comble, Matthieu Chedid prévient l’assistance: « Petit à petit, je vais être obligé de vous prendre en otage, mais au sens poétique du terme ». Et rapidement le public du Festival Acoustik Bamako se lève pour danser aux sons de la kora.

« C’est un peu une folie d’être là », reconnaît le chanteur français, connu sous son nom d’artiste -M-, en montant sur la scène de l’Institut français du Mali au sujet de sa présence au festival, qui s’est achevé dans la nuit de samedi à dimanche.

« Debout, debout, le Mali est debout, de Mopti à Tombouctou … ». Les spectateurs reprennent en choeur la chanson écrite sur place par Matthieu Chedid. 

Le chanteur est venu présenter en avant-première mondiale « Lamomali », son nouvel album avec le virtuose de la kora (harpe locale), le musicien malien Toumani Diabaté, et son fils Sidiki, qui sortira fin mars.

Le pays est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis un attentat jihadiste le 20 novembre 2015 à l’hôtel Radisson Blu (20 morts, outre deux assaillants tués) dans la capitale Bamako.

« Le Mali, c’est une longue histoire pour moi », explique à l’AFP le chanteur. « Quand je suis arrivé ici la première fois il y a douze ans, c’était assez immédiat », poursuit-il. « J’ai mis le pied sur la terre rouge et ça a été un choc, comme un avant et un après ».

« Pour moi, l’objectif c’est de célébrer le Mali, célébrer la beauté actuelle du Mali et pas rester dans le côté nostalgique, traditionnel », confie -M-. 

« Garder évidement la tradition et les +racines de l’arbre+ mais simplement montrer aussi – à travers des Sidiki d’ailleurs – toute la modernité de ce pays et si possible y contribuer un peu pour en faire une musique d’aujourd’hui », ajoute-t-il.

 – « Culture Beatles et musique africaine » –

L’idée du projet a germé l’an dernier à Paris après un concert de Toumani & Sidiki Diabaté, où les premiers morceaux du projet ont été enregistrés dans le salon de Matthieu Chedid. 

« C’est pas de la +world music+ qu’on a fait », précise-t-il. « C’est vraiment autre chose. L’ambition, c’est vraiment qu’il y ait un mélange de la culture Beatles de la chanson et en même temps de la musique traditionnelle africaine, et de sentir cette fusion des deux ».

Dans ce projet, on retrouve la chanteuse Fatoumata Diawara, qui s’est illustrée dans « Timbuktu », le film Abderrahmane Sissako qui relate le quotidien de la ville aux 333 saints, dans le nord du Mali, sous le joug des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui en avaient pris le contrôle en 2012.

« Notre arme, c’est la musique », lance la chanteuse, débordant d’énergie sur scène.

Les groupes jihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères et depuis 2015, les attaques se sont étendues du Nord au centre et dans le Sud.

Malgré ces troubles, le Mali est pour -M- une source d’inspiration permanente.

« C’est notre mission, en tant qu’humains et artistes, déjà de continuer à vivre et surtout, encore plus, voyager et se connecter aux gens parce que c’est encore plus vital aujourd’hui qu’hier », estime-t-il.

L'artiste malienne Fatoumata Diawara (g) et le musicien français Matthieu Chedid, alias -M-, le 26 janvier 2017 à Bamako. © AFP

© AFP/Archives SEBASTIEN RIEUSSEC
L’artiste malienne Fatoumata Diawara (g) et le musicien français Matthieu Chedid, alias -M-, le 26 janvier 2017 à Bamako

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