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A Belfort, les "Alsthommes" manifestent pour garder leur usine

Belfort (AFP) – « Alstom c’est Belfort, Belfort c’est Alstom. Alstom vivra »: des centaines de personnes ont manifesté jeudi pour réclamer le maintien de l’usine, sous la pluie, en colère, mais aussi avec une once d’espoir que les 400 emplois soient sauvés.

Une semaine après l’annonce par la direction du transfert de l’activité ferroviaire en Alsace d’ici à 2018, à Belfort le défilé contre la loi travail s’est transformé en manifestation des « Alsthommes »: près de 700 personnes selon la police, 1.000 selon la CGT, sont parties depuis l’usine pour rejoindre le cortège principal. Une mobilisation en hausse par rapport au rassemblement devant la mairie lundi qui avait réuni 350 personnes.

En tenue de travail pour certains, casquette vissée sur la tête et veste rouge et grise aux couleurs du constructeur ferroviaire, les manifestants hésitaient entre peur et espoir.

« On est en colère », explique Christophe Brobst, 46 ans et 30 à l’usine. Mais « les gens reprennent du poil de la bête et se rendent compte que c’est leur avenir qui est en jeu. On a tous envie de se battre ».

« On a le droit d’espérer, même si beaucoup de salariés n’y croient plus », ajoute Patrick, 46 ans aussi, dont plus de la moitié chez Alstom. « Si le gouvernement met la main à la pâte, le maintien du site à Belfort est possible ». 

Depuis le 7 septembre, le gouvernement ferraille pour tenter de désamorcer un conflit potentiellement explosif à 8 mois de la présidentielle – et espère que la SNCF commandera des trains à Alstom.

– Florange dans les esprits –

Dans le cortège, si certains y croient – comme Pierre, plus de 30 ans à « L’Alstom », qui « attend une commande publique qui puisse nous sauver » -, d’autres sont perplexes.

« On nous utilise pour faire un bras de fer avec le gouvernement afin d’avoir des commandes pour Alstom, ce qui n’empêchera pas la fermeture de Belfort », estime pessimiste, Gilles, employé au bureau d’études.

Comme lui, beaucoup se sentent pris en otages par ces négociations médiatiques et organisées dans l’urgence, alors que « le gouvernement n’a pas eu de politique industrielle depuis plusieurs années », dénonce Francis Kronenberger, 37 ans chez Alstom.

« Florange est dans les esprits », résume Pascal Novelin, secrétaire CGT du CE d’Alstom. « C’est pour ça que ce que dit le président de la République on l’écoute [mais] on doit être dans la rue pour qu’il ne fasse pas comme Florange. Les promesses c’est bien beau, mais on veut des actes ».

Valérie Chardon, de la CFE-CGC, salue la mobilisation. « Les salariés sont combatifs, mais pas sereins. Cette manifestation apporte un deuxième souffle », lance-t-elle. 

Depuis sa fenêtre, Simone, 87 ans, encore drapée dans sa chemise de nuit, regarde passer le cortège. « Qu’est-ce qu’ils vont devenir ces gens-là? Si Alstom ferme, qu’est-ce que Belfort va devenir? »

La prochaine étape est l’opération « ville morte », prévue le 24 septembre, à l’appel du maire (LR) Damien Meslot. Mercredi soir, un conseil municipal extraordinaire a voté à l’unanimité une motion demandant le « maintien d’Alstom » sur son site historique.

Celui dont est sorti le tout premier TGV. 

Des manifestants demandent le maintien des 400 emplois du site d'Alstom menacés de délocalisation, à Belfort, le 15 septembre 2016. © AFP

© AFP Sebastien Bozon
Des manifestants demandent le maintien des 400 emplois du site d’Alstom menacés de délocalisation, à Belfort, le 15 septembre 2016

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