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A Coubert, des labradors apprennent leur futur métier, "chien guide d'aveugle"

Coubert (France) (AFP) – Un dédale de trottoirs, avec ça et là des bouts de passages piéton, des poteaux, une chaise… C’est sur cette piste insolite que Jengo, labrador d’un an et demi à la soyeuse robe noire, apprend son futur métier, chien guide d’aveugle, dans une école dédiée à Coubert (Seine-et-Marne).

« C’est bien, bonhomme », lui lance Alexiane Da Silva, son éducatrice, avant de lui donner la sacro-sainte croquette. La jeune femme a invité le chien à se diriger vers la chaise pour y poser son museau, avant d’activer son « clicker », un objet muni d’un bouton, de la taille d’un porte-clé, dont le « clic » annonce une récompense.  

« Le clicker-training fait travailler le chien en l’incitant à réfléchir sur ce que je veux obtenir de lui », explique la jeune femme de 27 ans, qui exerce à Coubert, 2.000 âmes, dans l’une des seize écoles membres de la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugles (FFAC). 

Trouver « les lignes », c’est-à-dire les passages piétons, contourner les obstacles au sol et en hauteur, aller à droite ou à gauche, repérer un guichet, un ascenseur, prendre un escalator… voici les tâches enseignées à Jengo et ses congénères, à l’école et en ville, pendant au moins six mois, cinq jours par semaine, passé leur premier anniversaire. 

Avant cela, les chiots sont confiés à deux mois à l’une des 600 familles d’accueil recensées par la FFAC, qui devront les socialiser, leur apprendre à être propres, les emmener au travail, les habituer aux magasins, aux transports en commun. L’association finance leurs soins et leur alimentation. 

A Perigny-sur-Yerres, à 15 minutes en voiture, Déborah Malmejat, 39 ans, prend ainsi soin de Malou, labrador de cinq mois, et déjà 26 kilos. « C’est la septième que j’accueille », précise cette mère de deux enfants, en riant.  

« Je l’emmène partout, je lui apprends à ne pas renifler par terre, à marcher à gauche, tout un tas d’exercices que nous confie l’instructeur », détaille-t-elle. Rendez-vous réguliers avec ce dernier, et cours collectif une fois par mois à l’école rythment également la vie du chien et de sa maîtresse en intérim, avant la séparation.

– Pas de « chien magique » –

« Cela fait toujours un pincement au coeur, mais le but est tellement beau que cela passe vite », assure-t-elle. « C’est plus dur quand ils sont réformés », comme cinq de ses précédents chiens. En raison de problèmes de santé ou de phobies, plus de 50% des chiots élevés à Coubert ne deviendront pas guides, mais se convertiront à la zoothérapie, à l’armée ou, en dernier recours, seront adoptés par une famille.

Chaque année, quelque 200 chiens sont remis gratuitement à des personnes déficientes visuelles, à l’instar de Fadjia, 6 ans, dont trois passés à « faire équipe » avec Elisabeth Lye, assistante commerciale. « Elle a changé ma vie. Je ne sortais plus depuis quatre ans », se remémore celle qui a progressivement perdu la vue en raison d’une rétinite pigmentaire. « Quand on me l’a présentée, j’ai su que c’était elle. »

Il a fallu malgré tout « un gros investissement », un stage à l’école et plusieurs mois de collaboration avec Alexiane, éducatrice de Fadjia, pour constituer un duo fluide. « Le grand public a l’impression qu’un chien guide est magique, que c’est comme un GPS », constate Alexiane, rappelant qu’elle doit assembler deux entités avec « une volonté propre ».

Aujourd’hui encore, « Fadjia n’est pas le meilleur chien guide qui soit, elle refuse de travailler quand il pleut », se couchant et refusant d’avancer, détournant ainsi le code normalement utilisé pour signaler un danger, plaisante Elisabeth. 

Moins d’1% des 200.000 personnes aveugles ou très malvoyantes bénéficient d’un chien guide, déplore la FFAC, qui espère sensibiliser davantage de familles à l’accueil des chiens lors de la journée portes ouvertes organisée dans ses écoles, le 25 septembre. 

Et récolter les dons dont elle dépend, la formation d’un chien guide coûtant 25.000 euros.

A 10 ans, Fadjia prendra sa retraite. Elisabeth, qui devra trouver un nouveau guide, aura alors la possibilité de la faire adopter par une autre famille. Mais pour elle, pas de doute: « Je vais la garder. »

Moins d'1% des 200.000 personnes aveugles ou très malvoyantes bénéficient d'un chien guide. © AFP

© AFP JACQUES DEMARTHON
Moins d’1% des 200.000 personnes aveugles ou très malvoyantes bénéficient d’un chien guide

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