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A Here ia Porinetia : réforme statutaire et « réduction massive » des dépenses publiques

©CP/Radio1

« Notre rôle est de prendre de la hauteur et d’être force de proposition », déclaraient ce jeudi matin Nuihau Laurey et Nicole Sanquer. Avec les élections législatives de 2022 et les élections territoriales de 2023 pour horizon, les élus de A Here ia Porinetia prônent une réforme statutaire importante, et la « réduction massive » des dépenses publiques comme de la fiscalité sur les plus petits contribuables.

Le mouvement A Here ia Porinetia a donné ce matin une conférence de presse, officiellement pour faire le débrief de la visite de Sébastien Lecornu, mais surtout pour s’affirmer en tant qu’alternative aux forces politiques en présence. « Notre rôle est de prendre de la hauteur et d’être force de proposition », a déclaré Nuihau Laurey.

Renouveler le personnel politique

Face à la crise économique et sociale qui se profile, Nuihau Laurey pointe « des dysfonctionnements majeurs ». Au plan institutionnel, il souhaite que, comme le président du Pays ou le président de la République, les élus de l’assemblée et les tavana soient limités à deux mandats consécutifs. Pour lui, la longévité des personnels politiques est l’une des raisons principales de la prévalence du clentélisme en Polynésie française.

A Here ia Porinetia se prononce en faveur d’une réduction du nombre de représentants à l’assemblée de la Polynésie française : « 57 élus, 2,4 milliards de budget annuel, mais les textes sont votés en procédure accélérée et il n’y a plus de débats. Ça ne sert à rien d’avoir 57 personnes qui ne disent pas un mot. »

Face à des relations État-Pays qu’il juge « infantilisantes », Nuihau Laurey continue de défendre l’idée d’une autonomie élargie. La contrepartie doit en être une classe politique plus vertueuse, la fin de « la relation malsaine entre le Pays et les communes », et la mise en œuvre des subventions du Pays de la même façon que le FIP, « sur des éléments objectifs et non politiques ». Ce souhait d’une réforme statutaire sera donc dans le programme de A Here ia Porinetia pour les législatives de 2022 et les territoriales de 2023. Nuihau Laurey et Nicole Sanquer continuent de parcourir les communes pour trouver des référents et, qui sait, de futurs candidats.

Réduire les dépenses publiques, en commençant par les salaires

Ce pays est « étouffé par l’administration, les taxes, le clientélisme. C’est une vraie république bananière. 47 milliards de masse salariale, c’est environ la moitié de tous les impôts payés par les Polynésiens. Mais ce n’est pas l’administration qui va développer ce pays ! »

Au plan des finances, il prône donc une réduction « massive » des dépenses publiques d’une part, ainsi qu’une réduction, elle aussi « massive », de la fiscalité sur les contribuables les plus modestes.

Sur le chapitre du nucléaire, Nicole Sanquer souhaite que le rapport sur la loi EROM auquel elle avait contribué en tant que député soit utilisé comme base de travail pour la table ronde de haut niveau du mois prochain à Paris : « toutes les revendications sont dedans », rappelle-t-elle. Sur les fonctionnaires, Nicole Sanquer a confirmé la venue, début juillet, d’une mission parlementaire sur l’ITR. Elle devra son rapport rendre le 22 juillet prochain. Elle déplore le manque de volonté politique de prendre en compte les revendications des militaires polynésiens qui souhaitent revenir au fenua et bénéficier des mêmes primes que leurs collègues. Un sujet plusieurs fois évoqué à l’Assemblée nationale, mais, dit-elle, « les commissions à Paris sont terminées, et rien ne changera cette année malgré les annonces du gouvernement ».

Covid : de la hauteur, mais pas de propositions

Enfin, sur la gestion de la sortie de crise sanitaire, A Here ia Porinetia est critique mais pas riche en propositions. « On passe d’un extrême à l’autre », dit Nicole Sanquer à propos du revirement du gouvernement central sur la circulation de et vers la Polynésie. Elle se déclare « pas contre » la réouverture des frontières, mais s’inquiète des variants et appelle à la vigilance en rappelant le récent cluster de Moorea ; et n’est pas convaincue par l’exemption de quarantaine accordée aux personnes vaccinées, tout en reconnaissant qu’on « a peut-être pas les bras pour » contrôler l’application de cette quarantaine. Nuihau Laurey, lui, s’inquiète de la mise en œuvre du pass sanitaire : servira-t-il de sésame uniquement aux frontières ou aussi dans les activités quotidiennes ?  Faudra-t-il le renouveler au fur et à mesure que les vaccins seront modifiés pour faire face aux variants, dans ce qui pourrait devenir selon lui un « abonnement vaccinal » ? « Je ne dis pas que la situation est simple, je dis qu’il faut chaque fois garder son esprit critique », conclut Nuihau Laurey.

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