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A Notre-Dame des Landes, des milliers de bâtons pour défendre la Zad

Notre-Dame-des-Landes (France) (AFP) – « Nous sommes là, nous serons là ». Des milliers d’opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) étaient rassemblés samedi sur la « Zad », bâton à la main, pour démontrer que leur détermination restait intacte, en dépit de l’autorisation des travaux et des rumeurs d’évacuation de plus en plus fortes.

Fin février, une précédente manifestation avait déjà réuni entre 15.000 et 50.000 opposants dans cette zone d’aménagement différé de 1.650 hectares – rebaptisée « zone à défendre » par les opposants -, située à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes. Cette nouvelle mobilisation se veut une réponse à la menace d’expulsion par les forces de l’ordre de la Zad et de ses occupants illégaux.

Peu après 10H00, trois cortèges émaillés de pancartes – « Ni travaux, ni expulsions », « Touche pas à mon campagnol »… – se sont ébranlés à travers le bocage nantais, dans une ambiance bon enfant, pour converger en milieu de journée vers un grand champ proche de la ferme de Bellevue, l’un des soixante lieux de vie de la Zad, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Des bâtons, pas des avions », ont chanté les protestataires de tous âges, le visage souriant mais déterminé. Avant de scander « Nous sommes là, nous serons là », tout en frappant le sol de leurs bâtons, interrompus de temps à autre par la rumeur d’un hélicoptère de la gendarmerie survolant la Zad.

En écho à la lutte du Larzac, les manifestants ont été invités à planter leur bâton – en bois, bambou, ornementé ou non – en bordure d’un champ, formant autour de lui comme un périmètre de protection. Leur objectif: venir le récupérer en cas de tentative d’évacuation.

A « La Vache rit », ferme emblématique du combat des zadistes, des cars avaient déposé dans la matinée des opposants venus de toute la France, et même d’Italie.

« Nous voulons leur dire (au gouvernement et aux partisans du projet) : +Est-ce que vous avez bien mesuré l’énormité du soutien qu’a la Zad dans toute la France et au delà+? », a expliqué à l’AFP Geneviève Coiffard, représentante d’Attac à la coordination des opposants.

– « Illégalité à poser le premier caillou » –

« Le bâton, c’est le bâton du voyage, de la protection, des troupeaux. Ce n’est pas le bâton de la défense. En cas d’agression, on va faire le serment de venir le reprendre », a-t-elle poursuivi, avant de mettre en garde : « On est sur le symbole, mais c’est une détermination sans faille. »

L’ancienne ministre Cécile Duflot a quant à elle confié à la presse avoir « fait une promesse en plantant (son) bâton comme des milliers et des milliers de personnes de défendre cette zone humide ».

L’opposition contre l’aéroport est « un combat de longue date des écologistes », a rappelé la candidate à la primaire écologiste pour la présidentielle. « La consultation a eu lieu. C’était une défaite pour ceux qui s’opposent à l’aéroport mais ça ne résout pas encore la question », a-t-elle ajouté, citant les recours judiciaires encore en cours et la procédure d’infraction lancée par Bruxelles en 2014.

Autre candidat à la primaire écologiste, Yannick Jadot n’a pas dit autre chose : « Plus le gouvernement envoie le signal tout à fait absurde qu’il faut faire cet aéroport et plus il faut marquer notre mobilisation », a-t-il lancé, rappelant que la France était toujours en infraction avec l’Europe sur ce projet et qu’elle « se mettrait dans l’illégalité à poser le premier caillou ».

Cette nouvelle mobilisation, qui se poursuivra dimanche sous d’autres formes, vise à « mettre des bâtons dans les roues du projet ». Les opposants, qui mènent depuis quinze ans une intense occupation du terrain parallèlement à une tout aussi frénétique bataille juridique, en avait fixé la date dès juillet, peu après la victoire du « oui » au référendum local sur le projet de transfert et la confirmation par l’exécutif qu’il serait réalisé. 

En suspens depuis l’automne 2012 et la dernière tentative d’expulsion des zadistes, les travaux peuvent officiellement démarrer depuis la publication le 14 septembre des derniers arrêtés préfectoraux. Selon les opposants, on n’a jamais été aussi proche d’une décision d’évacuer la Zad de ses quelque 300 occupants, Manuel Valls ayant promis le lancement des travaux à l’automne.

Un opposant au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 8 octobre 2016 sur le site. © AFP

© AFP JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Un opposant au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 8 octobre 2016 sur le site

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