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Abbas réélu à la tête du Fatah, principal mouvement palestinien

Ramallah (Territoires palestiniens) (AFP) – Le Fatah, principal parti palestinien, a ouvert mardi son premier Congrès depuis sept ans et a réélu d’emblée à sa présidence Mahmoud Abbas, vieillissant et affaibli par une contestation populaire et interne.

Dès l’ouverture, les 1.400 membres ont voté pour reconduire – « par consensus » selon un porte-parole – M. Abbas, 81 ans et également chef de l’Autorité palestinienne et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la tête de leur parti.

Cette élection n’a pas suscité de débats. En revanche celles, à partir de vendredi, des instances dirigeantes du Fatah, le Conseil révolutionnaire — 80 membres élus et une quarantaine nommés — et le Comité central — 18 membres élus et quatre nommés par le président, s’annoncent plus serrées. 

Leurs résultats donneront une idée du poids des différents courants au sein du Fatah, en proie à des divisions internes et au sein duquel M. Abbas tente d’écarter les voix dissonantes, notamment les partisans de Mohammed Dahlane, principal opposant au président qui vit en exil aux Emirats arabes unis, affirment des analystes.

A la mi-journée, des cadres, récemment écartés du parti, ont assuré avoir fait les frais de cette politique. 

Dimitri Diliani, élu au Conseil révolutionnaire lors du dernier Congrès en 2009 n’a pas été invité cette année avec des dizaines d’autres parce que, dit-il à l’AFP, « nous portons une voix différente ». Il comptait tenir avec d’autres dans un camp de réfugiés proche de Ramallah une conférence de presse, annulée au dernier moment après « des menaces, dont certaines de mort, des services de sécurité ».

– « Le système ne marche plus » –

Jibril Rajoub, membre du Comité central venu des services de sécurité, reconnaît qu’une « erreur » a été commise vis-à-vis « des opposants et des dissidents » qui n’ont pas été invités. Il assure toutefois que « personne n’est visé » et que « la priorité est de tenir le Congrès ».

Car ce rassemblement doit, dit-il, avant tout permettre de revoir de fond en comble l’organisation du mouvement, fondé en 1959. « Le système des années 1960 ne marche plus en 2016 », affirme-t-il à l’AFP. 

« Il faut prendre en compte les circonstances actuelles: le système a été créé lorsque nous étions en diaspora et nous sommes maintenant sur le sol national, il a été mis en place pour une étape révolutionnaire, maintenant nous avons un Etat ».

Ces élections permettront de « choisir des dirigeants pour la prochaine étape », explique à l’AFP Saëb Erakat, numéro deux de l’OLP, candidat pour un nouveau mandat au sein du Comité central, selon une source proche.

Une prochaine étape qui s’annonce compliquée alors que le processus de paix est au point mort depuis des années, que la question palestinienne a été reléguée à l’arrière plan diplomatique par les autres crises régionales et que la division entre l’Autorité palestinienne qui contrôle la Cisjordanie et le Hamas islamiste qui tient la bande de Gaza empêche la tenue d’élections depuis dix ans.

Lors de son long discours de politique générale prévu à 18H00 (16H00 GMT) M. Abbas, artisan des accords d’Oslo signés en 1993 avec Israël qui devaient créer un Etat qui se fait toujours attendre, devrait aborder toutes ces questions. 

Le Fatah est la « colonne vertébrale » de l’OLP, l’entité reconnue internationalement comme représentant les Palestiniens, rappelle Wassel Abou Youssef, membre de la direction de l’OLP issu du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche historique). Tout changement au sein de ce parti aura donc une incidence sur l’OLP, qui chapeaute l’Autorité palestinienne, entité intérimaire qui perdure faute d’Etat.

– « Que faire? » –

L’objectif du Congrès, explique son porte-parole Mahmoud Abou al-Hija, est de déterminer « que faire » face à « l’horizon politique bouché et à l’impasse des négociations ». Le Fatah évoquera ainsi, assure-t-il, les différentes initiatives de paix portées par la France ou les pays arabes et la possible saisie du Conseil de sécurité de l’ONU face à la colonisation israélienne qui grignote chaque jour les Territoires occupés.

Depuis plusieurs jours, les préparatifs vont bon train pour accueillir le Congrès du Fatah dans une salle de la présidence à Ramallah, en Cisjordanie, petit territoire palestinien occupé depuis près d’un demi-siècle par Israël. Des tentes ont été installées aux abords du complexe où des policiers ont été déployés en masse pour accueillir les 1.400 membres du Congrès, venus de Cisjordanie, de Gaza et de l’étranger.

Mardi, lors de l’appel des participants, « 1.322 membres ont répondu présents et 87 étaient absents », a indiqué M. Abou al-Hija. Ils ont été empêchés de venir de Gaza et du Liban par Israël, qui contrôle toutes les frontières des Territoires palestiniens à l’exception de la frontière sud de Gaza avec l’Egypte, a-t-il ajouté.

Le leader palestinien Mahmoud Abbas, le 10 novembre 2016 à Ramallah. © AFP

© AFP/Archives ABBAS MOMANI
Le leader palestinien Mahmoud Abbas, le 10 novembre 2016 à Ramallah

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