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Abraham Poincheval, huit jours au cœur de la pierre

Paris (AFP) – Passer huit jours dans une cavité taillée à sa silhouette au cœur d’un rocher de douze tonnes: c’est le nouveau défi lancé ce mercredi, face au public et à de nombreux médias, par le Français Abraham Poincheval, spécialiste des performances extrêmes. 

A 14H00, il se glissera dans un « sarcophage » en forme d’homme assis, les bras en avant, taillé sur mesure dans une carrière près de Nancy. Les deux moitiés de l’énorme bloc de pierre de Volvic installé au sous-sol du Palais de Tokyo seront ensuite réunis. Pour une semaine. 

« Projet pour habiter une pierre » : c’est ainsi qu’Abraham Poincheval, âgé de 44 ans, a intitulé un dessin un peu naïf décrivant le dispositif de sa performance.  

Huit jours sans pouvoir bouger davantage que de quelques centimètres, avec pour toute nourriture de la viande séchée et des briques de liquide et pour toute lumière une lampe frontale. Seul lien avec l’extérieur, un étroit conduit d’aération, et en cas de problème un téléphone de secours. Côté santé, un enregistreur du rythme cardiaque et des exercices pour éviter crampes et ankylose. 

Quant à l’évacuation des fluides et déchets, Abraham Poincheval n’entre pas dans les détails, mais il a suivi ces dernières semaines un régime de préparation pour ralentir son métabolisme.

Il s’agit d' »éprouver le temps du rocher », explique le performeur, qui n’en est pas à son premier enfermement. Il a déjà passé une semaine dans un trou sous une pierre d’une tonne et reconnaît volontiers la dimension spirituelle et même mystique de ces défis. Les apparitions sont fréquentes et « on trouve ça normal », raconte l’artiste qui pratique la sophrologie.

– couvaison d’œufs –

Le président du Palais de Tokyo, Jean de Loisy, parle lui d' »exploration intérieure », de « possibilité de vie dans d’autres règnes que le nôtre ».

Abraham Poincheval a aussi éprouvé l’itinérance ou la transparence. Il a passé une semaine sur une plate-forme à 20 m au dessus du sol devant la Gare de Lyon, traversé les Alpes-de-Haute Provence en poussant un cylindre qui était à la fois un abri et un appareil photo. Il a aussi vécu deux semaines à l’intérieur d’un ours naturalisé et remonté le Rhône à bord d’une bouteille géante (6 m de long).

Abraham Poincheval n’a jamais été contraint d’interrompre une performance, et la sortie est souvent vécue comme un traumatisme. Il évoque une « journée de déprime », de « grands troubles intérieurs ». « Il faut plusieurs semaines pour retrouver son temps propre », parfois plusieurs mois, confie ce père de deux jeunes enfants. 

Une fois sorti de son rocher, l’artiste n’en aura pas fini avec l’immobilité. Le 29 mars, toujours au Palais de Tokyo, il entamera la couvaison d’une dizaines d’œufs de poule, « son premier travail avec du vivant ».

26 jours impassible sous une cape rigide en essayant de maintenir une température moyenne de 37 degrés, le tout filmé en vidéo 24H sur 24. 

En espérant l’éclosion de quelques poussins – « ils iront chez mes parents en Normandie » -, Abraham Poincheval pourra réfléchir à son grand rêve : « marcher sur les nuages ». « Cela fait cinq ans que j’y travaille, dit-il, mais ce n’est pas encore au point ». 

L'artiste Abraham Poincheval lors d'une séance de pose à Paris le 20 février 2017. © AFP

© AFP JOEL SAGET
L’artiste Abraham Poincheval lors d’une séance de pose à Paris le 20 février 2017

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