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Relance économique : « il faudra être très réactif » après le confinement

Si la crise épidémique est encore en cours, et le confinement en place pour encore au moins 10 jours, le président du Medef-PF, Frédéric Dock, appelle les autorités à anticiper la suite. Sur l’accompagnement des entreprises, mais aussi la mise en place d’un cadre de gestion de l’épidémie plus clair à moyen terme.

Le patronat avait prévenu : ce second confinement est un nouveau coup dur pour les entreprises. Et sa prolongation n’a pas été une surprise. Mais pour Frédéric Dock, il est déjà temps de penser à la suite. « Ce qui nous inquiète, c’est le moyen et le long termes », insiste-t-il. Car à l’entendre, les entreprises, notamment du tourisme et des services, auront besoin d’aide pour se remettre sur pied. Et les dispositifs qui ont été annoncés par l’État et le Pays « restent pour l’instant marginales face au problème ». Pas d’attaques de ce côté-là : l’impact de cette nouvelle période de turbulences est « difficile à évaluer pour nous comme pour les autorités ». Même les hôteliers « ne savent pas comment les marchés réagiront demain ». « Ce n’est pas anormal qu’on ne soit pas capables de dégainer tout de suite le bon dispositif », pointe le directeur de Cegelec et des filiales du groupe Vinci en Polynésie. Mais il faudra par contre être très présent et réactifs » à l’issue du confinement.

Les discussions sont déjà en cours. Jeudi dernier, le président du Pays et le haut-commissaire avaient tous deux annoncé la reconduction de dispositifs déjà mis en place en 2020, et qui étaient jusqu’alors en phase « dégressive ». Certains plafonds pourraient être « réhaussés », certaines aides « adaptées ». Le réaménagement des remboursements de PGE, déjà évoqué avec Emmanuel Macron lors de sa visite, est plus que jamais demandé. Mais pour le Medef, le plus important « c’est que les plans de relance qui ont été annoncés se déroulent au bon rythme, voire plus rapidement que ce qui été prévu ».

Accélération des chantiers publics – certains promis depuis des années -, valorisation de l’épargne locale, investissements dans les secteurs stratégiques et réformes structurelles… Le dernier plan de relance, présenté par Yvonnick Raffin en février dernier comporte ainsi plusieurs éléments qui ont de quoi « rassurer » les chefs d’entreprises, banquiers ou investisseurs. Mais ces derniers le savent : dans une économie tournée vers le tourisme, la perspective de nouveaux confinements ou fermetures des frontières bouche sérieusement l’horizon.

« Malentendu » sur le confinement

Édouard Fritch comme Dominique Sorain avaient d’ailleurs, à plusieurs reprises, mis en garde contre des mesures trop restrictives de l’activité, citant les « milliards » qu’avait coûté la gestion de crise en 2020. Beaucoup aujourd’hui leur reprochent d’avoir tardé à opter pour le confinement, justement par peur du « crash économique » ou sous la pression des patrons. Ce que dément fermement Frédéric Dock qui parle de « malentendu » : « le fait de parler d’économie (dans les discours officiels, ndr) fait croire que ce sont les entreprises qui ont poussé au maintien de l’activité ». « Nous avons toujours dit qu’il ne fallait pas hésiter à pousser le confinement à son maximum si nécessaire ». D’après lui, « la vraie inquiétude des autorités, et la nôtre d’ailleurs, ce sont les conséquences sociales » :

 

Reste que le confinement, la fermeture des activités ou des frontières ne peuvent être un mode de fonctionnement au long terme, appuie le responsable. Pour éviter les « arrêts brutaux de l’économie », le patron du Medef recommande la mise en place de protocoles, négociés à l’avance entre les entreprises et les autorités, qui permettent à chaque secteur de fonctionner « en mode dégradé » lors d’éventuels pics épidémiques, à l’image du vade mecum de l’Éducation.

L’obligation vaccinale « compliquée à mettre en œuvre »

Une stratégie qui doit bien sûr s’appuyer sur la vaccination. Pas grand monde à convaincre du côté du Medef : « Nous avons été les premiers à pousser nos salariés à y aller et nous sommes tous convaincus que la seule sortie par le haut et la reprise de l’activité c’est la vaccination ». L’obligation vaccinale, un temps évoquée par les patrons eux-mêmes n’est pourtant saluée que timidement, en tout cas dans la forme votée par l’assemblée. Car le texte met les employeurs, dénués de pouvoir de contrôle ou de sanction, mais chargés de l’information et d’un général devoir de protection de la santé de leurs salariés, dans le flou. « On a aucun doute sur l’intérêt de cibler des professions plus exposées que d’autres, mais la mise en œuvre est compliquée », reprend le patron de Cegelec qui parle de « problèmes de discrimination », de « secret médical » et de « responsabilité de l’employeur ». « J’espère que les gens n’attendront pas les sanctions prévues par le Pays pour se mettre en conformité avec la loi ».

Même précautions de la part du Medef sur le pass sanitaire, évoqué pour début octobre par les autorités. Fort de l’expérience métropolitaine, le Medef voit des bénéfices dans le dispositif qui « peut aider à redémarrer rapidement certains secteurs ». Mais il sait, là aussi que son application « pose des problèmes d’exploitation ». « On ne peut qu’imaginer que ça soit provisoire, et espérer qu’il soit le plus possible en harmonisation avec celui de la métropole et du reste du monde », pointe Frédéric Dock.

Accrocs sur le télétravail et l’emploi local

Un autre texte est en préparation du côté du Pays, et cette fois le Medef s’y est opposé frontalement. Il s’agit du projet de loi sur le télétravail, que le ministère de Nicole Bouteau avait un temps espéré faire voter en fin d’année dernière. Un texte « que nous n’avons pas demandé », précise Frédéric Dock : « les entreprises ont déjà montré qu’elles savaient s’organiser ». Seul attente potentielle : la suppression de la « présomption de responsabilité de l’employeur face à un employé victime d’un accident du travail à son domicile ». Or le texte « ne règle pas le problème ». « La question que je pose, c’est quels sont les objectifs d’une telle loi, et s’il y en a, comment les autorités accompagnent les entreprises dans sa mise en œuvre », insiste le chef d’entreprise. Car si loi il y a, elle dépassera largement la crise, et les patrons s’interrogent sur les moyens ou les réorganisations qui devront être mises ne place pour ouvrir le champ à davantage de télétravail. « Cela soulève aussi des questions en terme d’équipement du pays en très haut débit », précise le patron de Cégélec.

Le Medef a aussi montré les dents, récemment, sur l’application progressive de la loi sur l’emploi local votée l’année dernière et contre lequel les recours menés par le patronat n’avaient pas abouti. Aussi Frédéric Dock se défend de vouloir refaire le match, mais insiste sur le « vrai problème » du fenua : « on a un taux d’emploi très bas et dans le même temps des postes qui ne sont pas pourvus ». Ce qui avait poussé le Medef à interpeller le ministère du Travail, sur sa page Facebook, sur les offres déposées au Sefi, et restant « désespérément vide de toute candidature réelle et sérieuse ». « Ce qu’on a demandé c’est de partager un diagnostic avec le ministère et les partenaires sociaux pour comprendre pourquoi on en est là, tempère Frédéric Dock. Et ensuite, décider de ce qui est le plus important à faire, c’est de mettre en œuvre cette loi ou de favoriser l’insertion ».

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