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Air Tahiti Nui envoie un de ses Dreamliner en stockage dans le désert américain

Le Boeing 787 Fakarava a atterri ce mardi près de Phoenix, en Arizona, où il doit être stocké pour 6 mois. Une façon pour la compagnie, qui n’assure plus qu’une rotation par semaine vers la métropole, de limiter à moindre coût l’usure de ses appareils.

L’Arizona, son grand désert, son Grand Canyon… et ses grands parkings pour avions. Comme le rapportaient ce matin divers sites spécialisés américains, un Boeing 787 Dreamliner aux couleurs d’Air Tahiti Nui, stationné à Los Angeles depuis une dizaine de jours, a atterrit près de Phoenix ce mardi, pour être stocké par une entreprise spécialisée. D’après le site Simple Flying, un deuxième Dreamliner de la compagnie devrait le suivre d’ici quelques jours. Ce que réfute ATN : le F-OMUA Fakarava est le seul appareil concerné. Un contrat a été signé avec une compagnie américaine pour un contrat de 6 mois. « Il n’est pas bloqué, si on veut le faire redécoller, ça peut se faire », précise le PDG de la compagnie polynésienne, Michel Monvoisin, pour qui il s’agit avant tout de « préserver » l’appareil, livré, comme les trois autres Dreamliners de la flotte, entre 2018 et 2019. Le « cocooner » même, assure le responsable. L’avion, loin de l’air marin qui favorise la corrosion, doit être mis sous bâche, les hublots et certains équipements électroniques fragiles vont être protégés ou démontés. Les compagnies spécialisées, dont l’activité est très encadrée règlementairement, s’assurent aussi que l’appareil est prêt au redécollage. Un « stockage actif » qui passe par des opérations de maintenance, des nettoyages fréquents… Même les roues et les moteurs sont régulièrement actionnés pour les « dégourdir ».


Aucune visibilité sur la reprise du trafic 

Trouver une place dans un des parkings géants n’a pas été si simple pour ATN, qui a recours à ce genre de service pour la première fois. Il faut dire que la crise du covid, qui plus est l’apparition des variants, a cloué au sol un tiers de la flotte mondiale. Des centaines de compagnies – Air France en fait partie – ont donc stocké leurs appareils, ou fait désosser leurs plus anciens modèles, aboutissant à la saturation des aires de stockage, en Europe ou ailleurs. Pour Air Tahiti Nui la décision s’imposait. Côté Est, la Nouvelle-Zélande ne parait pas envisager une réouverture de son ciel avant 2022 et aucune date n’est sur la table pour la liaison vers Tokyo. Côté Ouest, le rétablissement des motifs impérieux de voyage a réduit le trafic à sa portion congrue. ATN a effectué sa dernière desserte de Los Angeles le 13 février, et, faute de passagers, ne maintient qu’un vol par semaine vers Paris. « D’un vol par jour à un vol par semaine », la chute d’activité est lourde, comme le souligne le PDG. Et malgré l’insistance du Pays à ne pas suspendre le tourisme international « plus de deux ou trois mois », l’État n’a toujours pas annoncé de date de réouverture.

Tension sur le fret, et sur le personnel

Les 787 d’ATN ne pourraient-ils pas servir au trafic de fret, de plus en plus saturé ? Difficile, répond la compagnie, qui étudie tout de même la possibilité de vols ponctuels vers les États-Unis. « C’est avant tout une question de coût », précise Michel Monvoisin. Pour rentabiliser un vol sans passager, il faudrait multiplier par « 3, 4 ou 5 » le tarif cargo. Peu de clients sont prêts à se faire livrer à ce prix-là. Pour l’instant du moins : malgré les rotations d’ATN et d’Air France, certains professionnels, à Tahiti, craignent que le fret en retard ne s’accumule dans les semaines à venir, côté métropole. Ou que les tarifs décollent, comme lors du premier confinement. Peu de chances, quoiqu’il en soit, qu’Air Tahiti Nui ait besoin dans les mois à venir de ses quatre gros porteurs. Côté personnel, cette mise sous cloche de l’appareil « ne change rien », assure la compagnie, en pleine discussion avec l’État pour une mesure de sauvetage cousue main. La plupart du personnel naviguant, comme une partie des agents au sol, subissent déjà de lourdes réductions du temps de travail, en partie prises en charge par le Pays au travers de la mesure Dièse.

 

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