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Airbags défectueux: 1 milliard de dollars d'amende pour Takata

Washington (AFP) – Le groupe japonais Takata a plaidé coupable vendredi de fraude aux Etats-Unis et versera une amende d’un milliard de dollars pour solder le scandale de ses airbags défectueux, qui a également valu à 3 de ses ex-cadres d’être inculpés.

« Les équipementiers automobiles qui vendent des produits censés protéger les consommateurs contre des blessures ou des décès doivent placer la sécurité avant les bénéfices », a déclaré Barbara McQuade, une des responsables du département de la Justice (DoJ).

Selon les autorités américaines, l’équipementier nippon aurait, pendant plus d’une décennie, dissimulé l’existence d’un défaut majeur dans ses airbags, susceptibles d’exploser inopinément en projetant des fragments sur le conducteur ou le passager. Seize décès, dont onze aux Etats-Unis, sont associés à cette avarie, a précisé Mme McQuade lors d’une conférence téléphonique.

A partir de 2000, le groupe aurait ainsi fourni à ses clients, les grands constructeurs automobiles, des rapports « tronqués et frauduleux » afin de tromper leur vigilance et maintenir ses chiffres de vente, affirme le DoJ dans son communiqué.

Ce scandale a conduit l’agence de la sécurité routière américaine (NHTSA) à ordonner le rappel de quelque 70 millions de ces airbags aux Etats-Unis, qui ont été utilisés à grande échelle par de nombreux constructeurs (Honda, BMW, Fiat Chrysler, General Motors, Ford, Nissan, Toyota…). Environ 30 millions d’autres unités doivent être réparées sur le reste du globe.

La pénalité d’un milliard de dollars infligée à Takata lui permettra d’échapper à un procès pénal et servira, quasi-intégralement, à indemniser les automobilistes et les constructeurs floués par ces pratiques, a précisé le DoJ dans un communiqué.

« Takata regrette profondément les circonstances qui ont conduit à cette situation et reste totalement déterminé à être partie intégrante de la solution », a déclaré son PDG Shigehisa Takada, cité dans un communiqué, assurant avoir déjà agi pour combler les « lacunes » dans la communication du groupe.

Ce scandale avait déjà valu en novembre 2015 au groupe japonais une amende civile sans précédent de 200 millions de dollars aux Etats-Unis, dont 130 avec sursis, et l’a forcé à annoncer plusieurs mesures pour changer ses pratiques.

En parallèle, les autorités américaines ont également annoncé vendredi avoir procédé en décembre aux premières inculpations d’anciens dirigeants de Takata, qui pèse 20% du marché mondial des airbags et ceintures de sécurité.

Vétérans de l’entreprise qu’ils ont quittée en 2015, Shinichi Tanaka, ancien vice-président; Hideo Nakajima, un ex-responsable de l’ingénierie et Tsuneo Chikaraishi, ancien chef d’un département Japon-Asie, ont été notamment en poste aux Etats-Unis et sont accusés de « conspiration », selon les documents légaux publiés vendredi.

« Ils ont falsifié et manipulé des données parce qu’ils voulaient faire des bénéfices sur leurs airbags tout en sachant qu’ils faisaient courir un risque au consommateur final », a fustigé Mme McQuade.

En dépit de plusieurs mois de recherche, les autorités américaines n’ont pas encore établi avec certitude la cause fondamentale de l’avarie qui frappait certains airbags équipés de gonfleurs au nitrate d’ammonium.

– Passage de relais –

Avec cette nouvelle annonce, l’administration Obama boucle en tout cas un nouveau dossier emblématique avant de passer la main à Donald Trump, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier.

Mercredi, les autorités américaines avaient déjà refermé le volet pénal d’un autre retentissant scandale automobile, en infligeant 4,3 milliards de dollars de pénalités supplémentaires à Volkswagen dans l’affaire des moteurs diesel truqués.

Ce règlement financier est également un soulagement pour l’équipementier japonais qui recherche un investisseur extérieur afin d’orchestrer sa restructuration. Les rumeurs d’accord avaient d’ailleurs fait bondir l’action vendredi matin à Tokyo.

« Parvenir à un accord représente un pas important pour régler la question du gonfleur d’airbag et une étape cruciale dans le processus actuel pour obtenir des investissements en faveur de Takata », a commenté M. Takada, le PDG.

Les négociations avec plusieurs candidats potentiels ont été entamées il y a plusieurs mois, mais elles butaient sur les nombreux risques judiciaires qui pèsent sur le groupe, également visé par des plaintes collectives d’automobilistes.

Le logo du groupe japonais Takata sur un salon automobile à Tokyo, le 13 janvier 2017. © AFP

© AFP Kazuhiro NOGI
Le logo du groupe japonais Takata sur un salon automobile à Tokyo, le 13 janvier 2017

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