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Alep, une ville au coeur de la guerre en Syrie

Beyrouth (AFP) – Alep, que l’armée syrienne a totalement reprise jeudi, a été le principal champ de bataille de la guerre en Syrie et l’une des villes les plus affectées par le conflit.

  

– Alep entre dans la guerre –

En avril et mai 2011, des milliers d’étudiants manifestent à Alep, jusqu’alors relativement épargnée par le mouvement de contestation lancé le 15 mars contre le pouvoir du président syrien Bachar al-Assad.

Un an plus tard, en juillet 2012, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) s’emparent de près de la moitié de la ville. Début août, les troupes loyalistes lancent une offensive terrestre puis les premiers bombardements aériens.

L’ancienne capitale économique de Syrie est alors divisée entre secteurs loyalistes dans l’ouest, où vivent 1,2 million d’habitants, et rebelles dans l’est, où résident plus de 250.000 personnes.

– Une métropole dévastée – 

Les combats s’enlisent ensuite dans une guerre d’usure qui dévaste peu à peu la cité florissante et sa vieille ville réputée.

L’armée utilise contre les quartiers rebelles des « barils d’explosifs » largués depuis des hélicoptères et avions militaires, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et des militants. Les insurgés ripostent avec des tirs de roquettes meurtriers sur les quartiers gouvernementaux.

Les conditions sanitaires dans la partie rebelle sont alarmantes, selon les médecins qui y travaillent.

– Les Russes s’engagent –

A partir de fin septembre 2015, la Russie vient à la rescousse du régime syrien, en mauvaise posture, permettant à Damas de reprendre du terrain aux rebelles notamment dans l’ouest. 

Le 17 juillet 2016, les forces du régime coupent le dernier axe d’approvisionnement des rebelles, la route du Castello. Ils assiègent totalement leurs quartiers où les habitants sont confrontés à de nombreuses pénuries et une flambée des prix.

Le 22 septembre, Damas et son allié russe lancent une offensive majeure sur la partie rebelle.

Le 15 novembre, après un mois d’accalmie, la campagne de frappes est relancée: les quartiers rebelles subissent les bombardements les plus violents depuis deux ans, à coups de barils d’explosifs, d’obus et de roquettes. Les Occidentaux évoquent des « crimes de guerre » commis par la Russie et le régime. 

Cette opération permet à Damas de reprendre un à un les quartiers insurgés.

Le 12 décembre, un responsable militaire affirme que l’opération « entre dans sa phase finale ». Le 15 décembre, les premières évacuations des quartiers rebelles d’Alep commencent. 

Le 22 décembre, après la sortie du dernier convoi de rebelles et de civils d’Alep-Est, le régime annonce avoir repris le contrôle total d’Alep.

– Destruction d’une cité millénaire –

La guerre a dévasté Alep, l’une des plus vieilles villes du monde constamment habitée, depuis au moins 4.000 ans avant Jésus Christ, grâce à sa situation stratégique entre Méditerranée et Mésopotamie.

Spécialisée dans l’industrie manufacturière, c’était la deuxième ville de l’Empire ottoman au XIXe siècle.

En 1979, après un attentat contre l’Académie militaire d’Alep imputé aux Frères musulmans, le régime néglige la cité dont les commerçants ont soutenu la révolte de la confrérie islamiste. Mais elle retrouve une certaine prospérité dans les années 1990.

La citadelle, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1986, a vu une section de ses remparts s’effondrer en juillet 2015. Auparavant, le minaret seldjoukide de la mosquée des Omeyyades s’était effondré et le souk aux boutiques parfois centenaires était partiellement détruit par les flammes. 

L’Unesco a placé en 2013 la Vieille ville sur la liste des sites du patrimoine mondial en danger.

Des Syriens prient dans la mosquée des Omeyades dévastée, le 17 décembre 2016, à Alep.. © AFP

© AFP/Archives STRINGER
Des Syriens prient dans la mosquée des Omeyades dévastée, le 17 décembre 2016, à Alep.

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