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Alstom: Hollande veut "apporter des commandes" pour sauver Belfort

Paris (AFP) – Le maintien de la production de locomotives Alstom à Belfort est désormais un « objectif » fixé par François Hollande, qui a sommé lundi son gouvernement de se « mobiliser pour qu’il y ait plus de commandes ».

« J’ai donné cette direction: nous devons nous mobiliser pour qu’il y ait plus de commandes qui soient apportées », a déclaré le chef de l’Etat lundi après-midi lors d’un déplacement dans les Yvelines.

« Quand il y a de grandes filières qui doivent être soutenues, nous devons nous engager. En ce moment, c’est le cas pour la filiale ferroviaire avec Alstom », a-t-il ajouté.

Le cap a été fixé lundi matin à l’Elysée, en présence des ministres concernés (Economie, Industrie, Transports). « Le président nous a fixé un objectif, celui de faire en sorte qu’à Belfort les activités ferroviaires d’Alstom soient maintenues », a déclaré Michel Sapin à l’issue de cette réunion.

« Je pense que cet objectif est possible (…) c’est la responsabilité d’Alstom de le tenir », a réagi l’ancien ministre de l’Industrie Emmanuel Macron. M. Macron, critiqué pour son rôle dans le dossier Alstom quand il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, a répété que la décision prise par le groupe avait été « soudaine, brutale, et inattendue ».

Selon l’ex-ministre, « il y a d’autres manières de gérer ces surcapacités et en particulier l’Etat, compte tenu de sa place dans la commande publique, compte tenu de son rôle pour Alstom, est évidement un partenaire indispensable ».

L’arrêt de la production de trains à Belfort d’ici à 2018, annoncé mercredi dernier, est devenu un enjeu national à huit mois de l’élection présidentielle.

Le groupe prévoit de déplacer sa production de locomotives de Belfort vers Reichshoffen (Bas-Rhin), sans fermeture de site ni plan social, mais avec « une proposition de transfert » vers ses autres usines françaises pour les 400 salariés concernés.

Accusé de négligence d’un bord à l’autre de l’échiquier politique, l’exécutif a tenté de reprendre la main en convoquant dès jeudi le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, pour lui imposer « une phase de négociation » sur l’usine de Belfort « avant toute décision définitive ».

Le député-maire de Belfort, Damien Meslot (LR) et la présidente de région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS), devaient être reçus lundi soir par le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Christophe Sirugue, qui accueillera les représentants syndicaux d’Alstom mardi à 14H00.

M. Sapin a précisé que le gouvernement entendait « travailler avec (…) ceux qui, en capacité de passer un certain nombre de commandes en France, peuvent assurer le plan de charge qui permettra de sauver les activités ferroviaires d’Alstom à Belfort ».

– « Ça fermera quand même » –

« Nous allons simplement expliquer que notre intérêt commun, à la SNCF, à la RATP, aux régions, c’est de maintenir une filière ferroviaire forte », a expliqué M. Sirugue lundi midi. Un pari délicat alors que ces marchés publics font normalement l’objet d’appels d’offres ouverts à des concurrents étrangers souvent moins chers.

A Belfort, la mobilisation express du gouvernement n’a pas convaincu les salariés d’Alstom. « L’influence des politiques sur les groupes privés, on voit ce que ça a donné avec Florange », rappelle l’un d’eux.

« C’est le moment des élections et ils sont tous pareils. Ils vont tous venir faire les beaux, et finalement, ça va fermer quand même », prédit un autre.

A l’inverse, André Fages, délégué syndical CFE-CGC du site franc-comtois estime qu' »avoir une réaction aussi claire (…) de François Hollande, c’est quelque chose de positif ».

L’Etat, qui détient 20% des droits de vote d’Alstom depuis février, grâce à des actions prêtées par Bouygues, s’est pour l’heure seulement engagé à acheter 30 nouveaux trains Intercités.

Mais ces commandes profiteront à d’autres usines d’Alstom, et « ne seront malheureusement pas la solution pour l’avenir de Belfort », a reconnu le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, vendredi.

Le groupe compte beaucoup sur le mégacontrat du RER « nouvelle génération », qui doit être attribué avant la fin de l’année par le SNCF et le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif). Un marché crucial pour son usine de Valenciennes, la plus grande en France avec 1.250 salariés.

Alstom espère décrocher de nouvelles commandes pour la 5e génération de TGV, développée avec la SNCF d’ici fin 2017. De quoi peut-être sauver Belfort, si l’usine est maintenue jusque-là.

Un bâtiment du site Alstom de Belfort, le 7 septembre 2016. © AFP

© AFP/Archives Sebastien Bozon
Un bâtiment du site Alstom de Belfort, le 7 septembre 2016

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