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Alstom: "réunion de travail" mardi à Belfort

Paris (AFP) – Le sauvetage de l’usine d’Alstom à Belfort, objet d’un bras de fer entre l’entreprise et le gouvernement depuis trois semaines, n’est toujours pas acquis, même si une « réunion de travail » avec la direction, les syndicats et les élus locaux est désormais prévue sur place mardi.

Le secrétaire d’Etat à l’Industrie a indiqué vendredi à l’AFP qu’il participera à ce rendez-vous et qu' »il y aura forcément des éléments de réponse » sur l’avenir de l’usine de locomotives.

Mais « je ne vais pas aller à Belfort en disant +Voilà une solution+ », a-t-il ajouté, précisant que ce déplacement lui permettra notamment de « travailler avec les organisations syndicales, avec les élus locaux, voir quelle place les collectivités prennent dans les propositions qui peuvent être formulées ».

Le sauvetage du site, « objectif » fixé par François Hollande en personne, ne sera pas pour autant acquis mardi, car « c’est aussi un sujet d’organisation de la filière », a expliqué le secrétaire d’Etat, qui « ne veut pas être dans une pression pour répondre à l’immédiateté ». 

Depuis l’annonce, le 7 septembre du projet d’Alstom de transférer d’ici deux ans la production de locomotives de son site historique de Belfort à Reichshoffen (Bas-Rhin), le gouvernement a pourtant fait miroiter un dénouement rapide de la crise.

M. Sirugue lui-même s’était donné « dix jours pour apporter des réponses », selon les syndicats qu’il avait rencontrés le 13 septembre.

« Nous ne souhaitions pas revenir simplement avec des questions de carnets de commandes », mais « formuler des propositions construites, ce qui a justifié que nous prenions un petit peu de temps », a-t-il déclaré vendredi.

Au-delà des 400 emplois menacés, ce dossier est devenu l’emblème de l’impuissance de l’Etat face à la désindustrialisation de l’Hexagone. A sept mois de l’élection présidentielle, l’exécutif ne peut pas laisser se produire pareil déraillement.

Dans l’attente d’éventuelles annonces mardi, les syndicats ont demandé le report du comité de groupe européen prévu le même jour au siège du groupe à Saint-Ouen.

Cette semaine, les deux comités centraux d’entreprise tenus au même endroit n’ont permis aucune avancée. A tel point que les syndicats ont activé leur droit d’alerte mardi et demandé une expertise économique sur la situation d’Alstom en France.

Auditionné dans la foulée à l’Assemblée nationale, le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge a déclaré qu’il ne voyait « pas d’issue structurelle » jusqu’à tout récemment pour le site de Belfort, victime d’une pénurie chronique de commandes publiques dans l’Hexagone.

– Pressions et scepticisme –

En coulisses, pourtant, le gouvernement active tous les leviers à sa disposition. Ainsi, après son passage devant les députés, M. Poupart-Lafarge a été reçu à l’Elysée, en compagnie de Martin Bouygues.

Le patron du groupe de BTP du même nom possède en effet 20% du capital d’Alstom, dont il a prêté les droits de vote à l’Etat jusqu’à octobre 2017 dans l’espoir de lui vendre ses parts à bon prix.

D’autres pressions moins amicales sont exercées sur la SNCF, priée de commander au plus vite six TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan pour assurer quelques mois de travail à l’usine de Belfort.

La marge de manoeuvre est plus limitée pour d’autres marchés soumis à appel d’offres, notamment le mégacontrat du RER « nouvelle génération » en Ile-de-France, que la compagnie ferroviaire doit attribuer d’ici la fin de l’année.

Dans la stratégie du gouvernement, l’entreprise publique sera de toute façon mise à contribution via le projet « TGV du futur ». La SNCF et Alstom doivent en effet concevoir ensemble la 5e génération de trains à grande vitesse d’ici fin 2017, ce qui ne préjuge pas à ce stade de commandes futures.

« Il est indispensable de maintenir les compétences et le savoir-faire de notre industrie ferroviaire, afin de pouvoir bénéficier de la reprise des commandes quand elles viendront », a expliqué M. Valls jeudi devant le Sénat.

Faute de pouvoir garantir une production suffisante pendant ce « creux de charge » censé durer quelques années, le Premier ministre entend « engage(r) Alstom à faire les investissements nécessaires » pour diversifier l’activité à Belfort.

Mais le constructeur ne cache pas son scepticisme: moderniser l’usine franc-comtoise ne remplira pas le carnet de commandes. « Il y a cette absence de perspective à Belfort, regardons à consolider Reichshoffen en lui donnant des perspectives multiples », a déclaré M. Poupart-Lafarge aux députés. Comme si rien ne pouvait le faire dévier de sa voie.

Des employés d'Alstom manifestent contre la fermeture de leur usine de Belfort, devant le siège du groupe à Saint-Ouen, le 27 septembre 2016. © AFP

© AFP/Archives Sebastien Bozon
Des employés d’Alstom manifestent contre la fermeture de leur usine de Belfort, devant le siège du groupe à Saint-Ouen, le 27 septembre 2016

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