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Amuitahiraa : Bruno Sandras mise sur la « nostalgie des années Flosse »


L’ancien député et ex-maire de Papara mènera bien la liste orange, qui a été dévoilée ce samedi devant un public clairsemé à Mamao. En cas de victoire, il désignera Gaston Flosse, inéligible mais toujours aux commandes de l’ex-Tahoera’a, comme vice-président du Pays. À 91 ans, le Vieux Lion « jette ses dernières forces » dans la campagne, mais ce sera sa dernière, annonce-t-il. Sa compagne Pascal Haiti briguera la présidence de l’assemblée.

Ça n’est pas un Congrès, mais un « Grand conseil » qui était organisé par le Amuitahiraa o te nunaa maohice samedi matin à Mamao. Distinction statutaire qui a son importance, entre autres pour expliquer que les rangs du parc expo, où le Tapura avait réuni 5000 militants  le weekend-end dernier, étaient cette fois plutôt clairsemés. « Si ça avait été un Congrès, on aurait amené 10000 », assure Gaston Flosse à la tribune. À la place, les organisateurs comptent « plus de 2000 » militants, qui étaient, dans les faits, près deux fois moins nombreux.

Flosse, le « facteur X » de l’élection

Mais qu’importe le nombre, l’important, c’est le message : les leaders orange sont « les seuls à pouvoir sauver la Polynésie ». À commencer par Gaston Flosse, qui, avant d’annoncer la composition de la liste, remaniée par ses soins « jusqu’à la dernière minute », est au centre des discours et de vidéos retraçant son parcours politique, commencé voilà 65 ans. Un air de nostalgie parfaitement assumé par Bruno Sandras. L’ancien maire de Papara, très applaudi à la tribune, compte même sur cette « nostalgie des années Flosse », qui serait observée « par certains spécialistes de la vie politique », pour emporter la victoire les 16 et 30 avril. « Il va y avoir un facteur X, qui s’appelle le vote nostalgique », prévient le responsable, les Polynésiens « vivent dans une situation difficile » et « le disent : c’était quand même pas pareil à l’époque de Gaston Flosse ».

Aucun doute : face à « ceux qui sont à l’origine de la situation actuelle », le Tapura, et « ceux qui ont exercé le pouvoir » sans résultat, le Tavini, les électeurs choisiront « celui qui pour eux a tant fait ». Problème : comme lors des dernières territoriales, en 2018, Gaston Flosse ne peut pas être candidat du fait d’une peine de cinq ans d’inéligibilité définitivement acquise dans l’affaire de la citerne d’Erima. Le faux bail de la rue Cardella pourrait prolonger cette période. Et le Vieux Lion, qui accuse encore une fois l’État de vouloir « l’éliminer définitivement de la vie politique », résume : « ils ont utilisé la peine capitale pour un homme politique : l’inéligibilité jusqu’à ma mort. Merci la France ». Ce sera donc à Bruno Sandras de mener la liste orange en son nom. Et c’est Gaston Flosse lui-même qui précise « l’arrangement » : l’ex-député deviendra, en cas de victoire, président de la Polynésie et le choisira comme son vice-président. « C’est ensemble que nous travaillerons pour sauver notre pays ». Pascal Haiti, la compagne de Gaston Flosse déjà mise en avant lors des législatives de l’année dernière, complète le trio qui s’affiche en gros sur les tracts : tête de liste dans la première circonscription, « elle sera présidente de l’assemblée », précise Bruno Sandras. Les autres têtes de section : Angelina Bonno, Martial Teroroiria, Jean-Marie Tauraa, Lydia Nouveau, Wenceslas Falchetto et Arsene Hatitio.

Une taxe sur les « grosses sociétés » à la place de la « TVA sociale »
Sauver le pays, mais de quoi ? De la vie chère pour commencer. Et les orange promettent de passer à l’action « dès le premier conseil des ministres » en supprimant la Contribution pour la Solidarité, dite aussi « TVA sociale » qui a participé selon eux grandement à l’inflation. « Mais c’est pas le tout de supprimer« , reprend Bruno Sandras : un nouvel impôt sera présenté rapidement à l’assemblée, une taxe qui « sera payée non plus par l’ensemble de la population mais par une catégorie de personnes, d’activités ou d’entreprises bien déterminés que nous avons déjà évalués ». Gaston Flosse parle lui d’un « impôt de solidarité supporté par ceux qui ont engrangés des super profit ces cinq dernières années et notamment pendant la Covid », quand le programme officiel, imprimé sur 24 pages, évoque d’un « impôt sur le dos des grosses sociétés  » qui abonderait le « RST ».

Le parti promet aussi un « impôt sur l’évasion fiscale », le blocage général des prix pendant six mois, la réforme des taxes d’import et le contrôle des marges et des actions visant les « intermédiaires » (notamment dans le viseur : les producteurs-distributeurs) ou les monopoles. Pour « rétablir la prospérité pour de longues années », sortir les Polynésiens « de la misère » et « créer plusieurs milliers d’emplois », le Amuitahira’a veut aussi relancer les grands chantiers : le Mahana Beach, qui ferait donc son retour à la place du Village Tahitien, et la ferme aquacole de Hao promettraient à eux seuls 12000 emplois et 400 milliards de francs d’investissement. Il s’agit en outre de rabaisser l’âge de départ à la retraite à 60 ans ou 35 années pour laisser la place aux jeunes sur le marché, et à remplacer les CAE par des contrats d’apprentissage salariés, rémunérés 150 à 170 000 francs par mois sans charge pendant deux ans, avec un CDI à la clé.

Gaston Flosse « jette ses dernières forces » dans la bataille

En plus des investissements dans la vanille, la perle, le tourisme ou l’élevage, l’ex-Tahoera’a promet de revoir – à la hausse – les aides sociales, les bourses étudiantes, de lutter contre l’absentéisme des enseignants, de lancer une campagne de réhabilitation des logements à 10 milliards par an, de créer une « police verte » pour l’environnement, ou un « village numérique »… Ce programme, prévient Gaston Flosse, les militants de la « famille » orange, doivent « prendre leur bâton de pèlerin » pour aller le présenter dans les quartiers dans les quatre semaines à venir. « Alors la victoire sera au rendez-vous », répète le leader orange en appelant à lui « faire confiance ».

Malgré les banderoles insistant sur la souveraineté maohi, ni l’ancien président ni son programme ne s’étendent beaucoup sur les détails du projet d’indépendance associée à la France porté depuis la transformation du Tahoera’a en Amuitahira’a. Il précise tout de même, entre deux charges contre la « trahison » de Teura Iriti et des dix « moutons de Panurge » élus sous le drapeau orange en 2018 qui ont tous quitté le parti, que l’autonomie « a atteint ses extrêmes limites ». À 91 ans, le Vieux Lion dit « jeter ses dernière forces physiques et intellectuelles dans cette élection, qui sera certainement ma dernière ». « Le soleil est a l’horizon il va bientôt disparaitre, conclut-il. Ne retenez qu’une chose : je suis fier de ce que nous avons fait ensemble pour notre patrie Maohi ».

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