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APEC: le président du Pérou appelle à défendre le libre-échange

Lima (AFP) – La réunion annuelle de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) s’est ouverte vendredi à Lima sur un appel à ne pas céder aux tentations protectionnistes après l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, qui place aussi la Chine en position de force.

« Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, le protectionnisme est en train de prendre le dessus (…) Il est essentiel que le commerce mondial se développe à nouveau et nous devons vaincre le protectionnisme », a lancé le président du Pérou Pedro Pablo Kuczynski en inaugurant le sommet.

Il faisait ainsi référence aux deux surprises survenues ces derniers mois lors de scrutins populaires : la victoire du Brexit au Royaume-Uni puis celle de Donald Trump à la présidentielle américaine.

L’élection de Trump, absent mais omniprésent sur toutes les lèvres, risque fort de sonner le glas du Partenariat transpacifique (TPP) et de relancer par la même occasion les initiatives concurrentes de Pékin.

Cet enjeu va dominer les discussions de ce forum rassemblant 21 économies des deux rives du Pacifique ayant le plus bénéficié de la globalisation.

Les membres de l’Apec, réunis jusqu’à dimanche dans la capitale péruvienne, pèsent 60% du commerce mondial pour 40% de sa population.

L’accord de libre échange TPP avait été signé en 2015 par 12 pays (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Etats-Unis et Vietnam). Porté par l’administration Obama, qui avait placé l’axe Asie-Pacifique au coeur de sa stratégique économique, il laissait la Chine sur la touche. Mais il n’entrera en vigueur que s’il est ratifié par Washington. 

Or Donald Trump, champion proclamé du protectionnisme et de la défense des emplois de l’industrie américaine, a pris pour cible le « terrible accord » de libre-échange TPP pendant sa campagne. Il a également annoncé vouloir renégocier l’accord Alena (1994) en vigueur avec le Mexique et le Canada. 

« Il ne fait aucun doute que si le TPP échoue, ce sera une énorme victoire pour la Chine, politiquement et économiquement », a déclaré à l’AFP Brian Jackson, chef économiste pour la Chine du consultant IHS Global Insight.

– Alternative chinoise –

« Il est déjà clair que la Chine va oeuvrer vigoureusement à la signature d’accords de commerce régionaux pour s’assurer qu’elle conservera des accès compétitifs aux marchés » de la région, ajoute-t-il.

« Elle l’aurait fait si le TPP était passé. Mais s’il échoue, cela renforcera considérablement sa position de négociation en tant que principale source alternative de débouchés » commerciaux.

Pékin devrait en profiter pour refaçonner le paysage des échanges économiques en Asie en poussant ses propres traités commerciaux, notamment son projet de Zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP), qui vise à rassembler les 21 membres de l’Apec.

La Chine portera aussi le RCEP, projet d’accord de libre-échange entre l’Asean (Association des nations du sud-est asiatique), l’Australie, la Chine et l’Inde notamment, mais sans les Etats-Unis.

« Le projet de RCEP est une possible alternative asiatique au TPP », note Marcel Thieliant, de Capital Economics.

« Pour le moment, c’est l’incertitude qui domine. Il y a plus de questions que de réponses et ce thème va absorber toutes les discussions formelles et informelles du sommet » de Lima, souligne Carlos Malamud, professeur à l’Institut Elcano de Madrid.

« Trump va agir, c’est certain (…). Et les pays qui ont le plus à perdre sont les deux pays voisins immédiats des Etats-Unis, le Canada et le Mexique », ajoute-t-il. 

Mais « l’argument anti-libre échange était à usage électoral interne. Or ce qui est certain, c’est que l’économie des Etats-Unis dépend en grande partie de l’extérieur », souligne M. Malamud. 

« Trump est en train de prendre conscience des risques et coûts qu’il y aurait pour les travailleurs américains si par exemple il augmentait de 25% les impôts à l’importation de certains produits », assure-t-il. 

« En cas de guerre commerciale entre deux pays, chacun a beaucoup à perdre. Ce qui est certain, conclut ce spécialiste, c’est que si les Etats-Unis tournent le dos à l’Amérique latine, c’est la Chine qui en tirera profit ».

le président du Pérou Pedro Pablo Kuczynski lors de l'inauguration de la réunion annuelle de l'Apec. © AFP

© APEC PERU 2016/AFP STR
le président du Pérou Pedro Pablo Kuczynski lors de l’inauguration de la réunion annuelle de l’Apec

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