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Après le renoncement de Juppé, les sarkozystes tentent d'évincer Fillon

Paris (AFP) – Après le retrait définitif d’Alain Juppé lundi matin, les sarkozystes sont passés à l’offensive pour tenter de convaincre François Fillon, qui s’accroche, de « se choisir un successeur » pour la candidature LR à la présidentielle.

« La ligne politique de Fillon est la bonne mais ce dernier ne pouvant plus assurer l’unité de la famille politique de la droite et du centre, nous lui demandons de prendre ses responsabilités et de se choisir lui-même un successeur », ont expliqué en fin de matinée des proches de Nicolas Sarkozy à l’issue d’une réunion avec l’ancien chef de l’État.

Et si M. Fillon leur dit: « Moi, je reste »? « Eh bien, on le soutiendra à fond », a répondu à l’AFP Christian Jacob.

Ils ont mandaté le patron des députés LR pour aller voir François Fillon et lui demander d’accepter une rencontre avec Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Nouveau rebondissement, à 48 jours du premier tour, dans un feuilleton qui n’en finit plus depuis les révélations le 25 janvier du Canard Enchaîné sur les emplois présumés fictifs de la femme du candidat et de deux de ses enfants.

La journée a commencé par un premier coup de théâtre: une déclaration du maire de Bordeaux confirmant, « une bonne fois pour toutes », qu’il ne serait « pas candidat ».

Confiant avoir « hésité », M. Juppé, sollicité de toutes parts depuis plusieurs jours pour prendre le relais, a jugé que « le passage de témoin se ferait dans la douleur » et qu’il n’était « donc pas en mesure de réaliser le nécessaire rassemblement ».

Le tout avec des mots sévères à l’égard de celui qui l’avait largement battu à la primaire.

« Quel gâchis! » a-t-il lancé. François Fillon « avait un boulevard devant lui » mais « son système de défense fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot et d’une volonté d’assassinat politique l’ont conduit dans une impasse », a-t-il déploré en critiquant « l’obstination » de François Fillon à se maintenir coûte que coûte.

Jugé par beaucoup à l’UDI comme à LR responsable du retrait d’Alain Juppé pour lui avoir longtemps refusé son soutien au profit de François Baroin, Nicolas Sarkozy tente donc de reprendre la main avec cette réunion tripartite.

Sept élus sarkozystes étaient présents autour de l’ex-chef de l’État dans la matinée: outre Christian Jacob, Laurent Wauquiez, Brice Hortefeux, Éric Ciotti, François Baroin, Christian Estrosi et Luc Chatel.

Selon l’entourage de l’ex-chef de l’État, M. Juppé a d’ores et déjà accepté cette rencontre, qui pourrait avoir lieu « demain (mardi) après-midi », tout en réitérant sa détermination à ne pas être candidat.

Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, a affirmé lundi à l’AFP qu’il fallait que le parti LR « change de candidat pour avoir une chance de gagner » car François Fillon ne « rassemble plus personne ».

– Chez Macron: « Pourvu qu’il reste longtemps! » –

A ce stade, la prochaine échéance est la tenue d’un comité politique de LR -avec M. Fillon – à 18H00 à Paris.

Ce comité, convoqué à l’initiative du secrétaire général de LR Bernard Accoyer et du président du Sénat Gérard Larcher, réunit une vingtaine de ténors LR.

Dimanche soir, quelques heures après avoir réuni des dizaines de milliers de personnes place du Trocadéro, François Fillon s’était voulu très clair sur France 2: « Non », il ne retira pas sa candidature et il est le « seul à pouvoir décider » de la suite des événements.

Accusé d’être « bunkerisé » et de ne plus écouter personne, il a répété à plusieurs reprises qu’il n’était « pas autiste ».

Lâché par plus de 300 élus LR et son directeur de cabinet, Patrick Stefanini, homme des missions difficiles, le candidat s’arc-boute. Reconnaissant sa « part de responsabilité » dans l' »épreuve », il proposera « dans les prochains jours » une équipe qui, promet-il, montrera qu’il est « capable de rassembler ».

Il a repris sa campagne lundi en s’exprimant devant les petits patrons de la CPME qui ont applaudi sa volonté de « construire une France favorable aux entrepreneurs ».

Il n’aura en tout cas pas le soutien de l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin qui ne votera « certainement pas » pour lui.

Le maintien de M. Fillon est, à en croire les sondages, une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron, qui le distance dans la course pour la qualification au second tour.

« Pourvu que Fillon reste le plus longtemps possible! » dit-on ainsi dans son entourage.

© AFP ERIC PIERMONT
Francois Fillon le 6 mars 2017 à Puteaux près de Paris devant les patrons de la CPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises)

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