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Après Rosetta, préparez-vous à décoller vers Jupiter

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SCIENCES – La nouvelle mission de l’ESA s’appelle Juice et partira à la découverte des océans des lunes de Jupiter.

Des volumes énormes d’eau salée, une banquise, des plaques de glace qui se chevauchent les unes sur les autres… une description du pôle arctique ? Cela se pourrait mais non. Voilà la description d’Europe, une des trois lunes de la planète Jupiter, située à 600 millions de notre Terre. Trois satellites de cette planète sont désormais dans le viseur de l’Agence spatiale européene (Esa) dans le cadre de sa prochaine mission. Le lancement d’une sonde, prénommée Juice, est d’ores et déjà budgétée et programmée pour 2022. L’objectif ? Découvrir des traces de vie.

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Ganymède, Callisto et … Europe. Jupiter, grosse comme 1.300 fois la Terre, compte pas moins de 63 satellites, un record dans notre système solaire. Mais seuls trois d’entre eux intéressent désormais les scientifiques dans le cadre de la mission Juice : Ganymède, Callisto et Europe. Leur principal intérêt ? « L’eau sous forme liquide est très rare dans l’Univers. Or, on sait que Ganymède, Callisto et Europe en contiennent. Et qui dit eau, dit potentiellement présence de vie », expose à Europe 1 Francis Rocard, planétologue, responsable du programme d’exploration du système solaire du Cnes.

Juice (Jupiter icy moons explorer), dont on sait déjà qu’elle sera équipée d’une douzaine d’instruments, décollera en 2022 pour une arrivée en 2030. Elle survolera alors à plusieurs reprises les trois lunes de Jupiter.

Une photographie d’Europe prise par la sonde Galileo dans les années 1990 :

Après Rosetta, préparez-vous à décoller vers Jupiter

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Eau+sel = cellules organiques. Des trois lunes visées, c’est Europe qui fait le plus salivé les scientifiques. « Callisto et Ganymède contiennent de l’eau mais emprisonnée entre des couches de glace », rapporte Francis Rocard, « donc, on n’y trouve pas de sel », en déduit-il.

Europe, elle, a une configuration différente. Philippe Gaudin, chef du projet Rosetta au Cnes, explique à Europe 1 : « L’océan d’Europe, caché sous une croûte de glace, entoure le cœur rocheux du satellite, donc, est en contact avec des molécules carbonées », les conditions réunies pour l’apparition de la vie autrement dit. Et ce qui fait dire déjà aux scientifiques que le goût de l’eau d’Europe a le même goût salé que celui de nos océans.

« Mais sur Europe, la vie ne prend sans doute pas la forme d’êtres vivants comme sur la Terre, on peut plus probablement trouver des cellules », avance Philippe Gaudin.

La grosse Jupiter avec deux de ses satellites, Europe devant elle à 600.000 kilomètres et Callisto, trois fois plus éloignée, en bas à gauche :

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Des geysers de 200 km de haut. La sonde Juice n’aura cependant pas dans son ventre un robot destiné à se poser sur Europe. Elle se contentera de survoler Europe. Problème : sa banquise fait … 30 kilomètres d’épaisseur. Pas de quoi décourager l’ESA.

« La surface d’Europe est profondément striée, on sait que des plaques de glace bougent et s’entrechoquent entre elles, se chevauchant parfois », raconte Philippe Gaudin. « Et quand les plaques bougent, de l’eau remonte à la surface », explique-t-il. Des geysers de 200 kilomètres de haut peuvent alors jaillir de la surface d’Europe. C’est dans les interstices entre les plaques où de l’eau « récente » est présente que Juice pourrait déceler des cellules porteuses de la vie.

La surface striée de la banquise d’Europe prise en photo par la sonde Galileo, on y voit aussi des impacts de comètes :

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Juice va lire dans Europe comme dans un livre ouvert. « Juice aura d’abord pour mission grâce à un radar de confirmer ce que l’on sait déjà mais en apportant des précisions : la présence d’eau, l’épaisseur précise de la glace, la profondeur de l’océan », expose le planétologue Francis Rocard. « Et grâce à une caméra infra-rouge, la sonde pourra dresser la carte minéralogique de la surface d’Europe afin de nous dire concrètement ce que contient la glace », ajoute-t-il.

>> EN IMAGES : Allô Rosetta ? Ici Philae

« Impossible de se poser car il y a trop de radiations ». Autour de Jupiter et ses satellites, il y a de l’électricité dans l’air, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est la planète du système solaire qui a l’atmosphère la plus mouvementée : orages, éclairs, tourbillons et des vents de 400 km/h. « Le champ magnétique de Jupiter est très chargé en ions et électrons qui vont ‘bombarder’ la sonde Juice », explique Philippe Gaudin. Dans un tel contexte, il est inenvisageable de se poser sur Europe. D’ailleurs, la sonde ne la survolera que deux petites fois, tant l’environnement est hostile. Juice se placera ensuite plus durablement en orbite autour de Galileo, un satellite plus accueillant.

Pour parer à toute attaque, « Juice aura un blindage interne autour de chacun de ses systèmes électroniques » et un dispositif lui permettra « de se décharger du trop plein d’électricité qu’elle risque de recevoir de l’extérieur », avance Philippe Gaudin.

Et en 2040 ? Philippe Gaudin se projette encore plus loin dans l’avenir : « s’il faut se poser sur Europe un jour, c’est la Nasa qui prendra peut-être le relais dans les années 2040 ». « Après la mission Juice, l’Esa pourrait peut-être privilégier une mission qui rapporterait un morceau de comète sur la Terre », prédit-il.

Pour info : pour suivre les avancées de la mission, sachez que Juice a déjà son compte Twitter.

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Source : Europe1

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