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Assurance chômage: le Medef refuse toute concession, la négociation compromise

Paris (AFP) – Le Medef a décidé lundi de ne pas autoriser ses négociateurs pour l’assurance chômage à discuter d’une hausse de cotisations patronales, une décision qui acte, selon les syndicats, l’échec des discussions, à trois jours de la dernière séance.

Les 50 membres du conseil exécutif, réunis lundi pour définir la position de l’organisation patronale sur l’avenir de l’assurance chômage, ont refusé de façon « quasi unanime » d’étendre le mandat des négociateurs, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.

La direction du Medef « est opposée à toute hausse de cotisations », et notamment « à toute taxation sur les contrats courts », a ajouté cette source, confirmant une information du journal L’Opinion.

Le mandat confié au négociateur du Medef ne l’autorise pas actuellement à discuter d’une hausse des cotisations patronales, réclamée par les syndicats. Or les discussions, entamées fin février mais parasitées depuis trois mois par les débats sur le projet de loi travail, n’ont aucune chance d’aboutir si le patronat n’a pas de mandat sur ce point.

« Il y a une forte probabilité que la négociation » sur la révision de la convention qui régit l’assurance chômage, figée depuis fin mai, « soit un échec », a reconnu lundi la source proche du dossier. En cas de constat de désaccord jeudi, l’État pourrait reprendre la main, comme l’avait laissé entendre la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

Le président du Medef, Pierre Gattaz, avait déjà assuré la semaine dernière que son organisation refuserait « toute nouvelle hausse de cotisation, et toute complexité nouvelle », se disant « prêt à assumer un échec ».

– « C’est fini » –

« Pour nous, la négociation est terminée », a déclaré à l’AFP Eric Aubin, le négociateur de la CGT, alors que les partenaires sociaux doivent se réunir jeudi après-midi pour une dernière séance de discussions. « Jeudi, on va vers un constat d’échec, c’est fini. »

« Ce qu’ils nous disent, c’est que chacun doit faire des efforts, sauf eux (le Medef, ndlr), c’est intolérable », a-t-il fustigé.

Pour Force ouvrière aussi, « le Medef met toutes les conditions pour que ça périclite ». Son négociateur Michel Beaugas, qui dénonce une « stratégie du pire », a rappelé que la modulation des cotisations « était une condition sine qua non pour l’ensemble des organisations syndicale ».

« Puisqu’il ne va pas y avoir d’accord et que le gouvernement va reprendre la main, moi, je vais préconiser qu’il réintroduise la taxation des contrats courts » par la loi, a-t-il prévenu. L’exécutif avait inscrit dans le projet de loi travail une obligation de moduler les contributions patronales d’assurance chômage, avant de reculer face à la colère du patronat.

« Si le Medef n’a pas de mandat pour négocier sur les contributions, on ne pourra que constater l’échec des négociations jeudi », a abondé Eric Courpotin, le négociateur CFTC. Pour son syndicat, « ce serait inacceptable de laisser supporter les économies – 750 à 800 millions – uniquement sur le dos des demandeurs d’emploi ».

« Mais des revirements de dernière minute, ça s’est déjà vu. Donc tant que ce n’est pas déclaré +échec des négociations+, tout est encore possible », a-t-il ajouté.

Le sort de l’accord de branche des intermittents du spectacle conclu fin avril, est lui aussi en suspens: il a besoin d’être validé par les partenaires sociaux interprofessionnels pour pouvoir être intégré à la prochaine convention d’assurance chômage, censée entrer en vigueur au 1er juillet.

Le patron du Medef Pierre Gattaz lors de sa conférence de presse mensuelle, le 19 avril 2016 à Paris. © AFP

© AFP/Archives ERIC PIERMONT
Le patron du Medef Pierre Gattaz lors de sa conférence de presse mensuelle, le 19 avril 2016 à Paris

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