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Attentat à Nice: un camion lancé sur la foule fait 84 morts, dont 10 enfants

Nice (AFP) – Au moins 84 morts, dont 10 enfants et adolescents : au soir du 14 Juillet, la France a été frappée par un nouvel attentat, à Nice où un camion conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien inconnu des services de renseignement, a fauché la foule massée sur la Promenade des Anglais.

Peu avant 23H00, un camion frigorifique blanc de 19 tonnes a foncé sur la célèbre avenue, fermée à la circulation, où 30.000 personnes étaient venues voir le feu d’artifice. Au terme d’une course meurtrière de deux kilomètres, son conducteur a été abattu par la police, sur laquelle il avait tiré à plusieurs reprises.

Un bilan provisoire, dressé à 17H00 à Nice par le procureur de Paris François Molins, fait état de 84 morts et de 202 blessés, dont 25 se trouvaient toujours en réanimation vendredi.

De nombreux étrangers (Allemands, Américains, Algériens, Tunisiens, Suisse, Russe, …) ont aussi trouvé la mort dans cette ville de la « Riviera », haut lieu touristique.

Chauffeur-livreur de profession, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, âgé de 31 ans, était « totalement inconnu » des services de renseignement, a indiqué le procureur. Et ce père de trois enfants n’avait été condamné qu’une seule fois, pour une altercation survenue lors d’un accident de la circulation.

Le travail des enquêteurs est à présent de déterminer « les éventuels liens » du tueur au camion avec « les organisations criminelles terroristes islamistes », selon le procureur qui a indiqué qu’un pistolet automatique, une grenade inopérante et deux fusils d’assaut factices avaient été retrouvés dans le camion.

Son épouse, dont il était en instance de divorce, a été placée en garde à vue vendredi matin et des perquisitions ont été menées à deux adresses connues du tueur. 

– Problèmes psychiatriques? –

Aux dires d’anciens voisins, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ne fréquentait jamais la petite mosquée de la cité du nord de Nice où il vivait il y a encore 18 mois et buvait des bières. 

« Je ne crois pas du tout à un problème de radicalisation, je pense plutôt que ça relève de la psychiatrie », a déclaré à l’AFP un habitant de son ancienne barre d’immeuble. 

« Il faisait des crises. Quand il s’est séparé de sa femme il a déféqué partout, trucidé le nounours de sa fille (…) et lacéré les matelas », a-t-il affirmé.

Le chef de l’Etat, qui a décrété trois jours de deuil national, samedi, dimanche et lundi, a prévenu que la France n’en avait « pas terminé » avec le terrorisme. Précédé par son Premier ministre, Manuel Valls, le président de la République est arrivé peu après 12H00 dans la cité balnéaire de la Côte d’Azur, où il s’est rendu au chevet de victimes hospitalisées.

– ‘Coupé en deux’ –

François Hollande a annoncé la prolongation de trois mois de l’état d’urgence. Décrété il y a huit mois dans la foulée des attentats parisiens du 13 novembre, les plus meurtriers jamais commis en France avec 130 morts, il devait s’achever le 26 juillet. L’attentat sur la Côte d’Azur est la pire attaque en Europe depuis celles de novembre, revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Les témoins de l’attaque, dont un journaliste de l’AFP présent sur place, ont décrit un « chaos absolu ». « On a vu le camion à 120 ou 150 km à l’heure. Les gens sons devenus fous. J’ai vu un petit coupé en deux, sa poussette est restée intacte. C’est horrible », a raconté à l’AFP Laroussi, un touriste tunisien, avant de s’interroger : « Pourquoi n’y avait-il pas de barrages ? Les policiers ne sont arrivés que 20 minutes après ».

L’attentat n’a pas été revendiqué mais « correspond » aux « appels aux meurtres » des groupes jihadistes, a souligné le procureur de Paris. Dans un message audio diffusé en 2014, le porte-parole officiel de l’EI, Abou Mohammed Al-Adnani, encourageait à utiliser n’importe quelle arme disponible, citant notamment les « voitures ». 

L’enquête sur cet attentat est entre les mains du parquet antiterroriste, dont quatre magistrats se sont rendus à Nice.

– Tour Eiffel tricolore –

Au cœur de l’été, cette attaque replonge le pays dans l’effroi et la douleur. La France a basculé dans l’ère de la violence jihadiste en janvier 2015 lors des attaques contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et un supermarché casher à Paris, qui avaient fait 17 morts. 

Cette nouvelle tuerie confirme que la France fait figure de cible privilégiée des jihadistes, notamment pour son engagement militaire contre l’EI en Syrie. Le chef de l’Etat, qui réunira samedi à 09H00 un nouveau conseil restreint de sécurité et de défense, a déjà annoncé un « renforcement » de l’action de la France en Irak et en Syrie.

Loin de l’unité nationale manifestée dans la classe politique après les attaques de janvier 2015, les critiques n’ont pas tardé dans l’opposition. « Si tous les moyens avaient été pris, le drame n’aurait pas eu lieu », a ainsi affirmé l’ancien Premier ministre Alain Juppé. En réponse, François Hollande a appelé à « l’unité » et à « la cohésion ».

L’attaque a suscité une vague de réactions indignées dans le monde, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, appelant à renforcer les efforts « pour combattre le terrorisme ». Le Conseil de sécurité de l’ONU a observé un moment de silence. 

En France, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui aussi condamné l’attaque avec « la plus grande vigueur ».

En hommage aux victimes, la tour Eiffel sera illuminée en bleu-blanc-rouge vendredi soir et pendant les trois jours du deuil national, comme la colonnade de l’Assemblée nationale.

Des policiers autour du camion qui a foncé sur la foule le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice. © AFP

© AFP VALERY HACHE
Des policiers autour du camion qui a foncé sur la foule le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice

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