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Attentat d'Istanbul: l'assaillant toujours en fuite

Istanbul (AFP) – La police turque continue mercredi de traquer l’auteur de l’attentat du Nouvel An contre une discothèque d’Istanbul, qui serait originaire d’Asie centrale et reste introuvable malgré l’arrestation de 16 personnes, dont son épouse présumée.

Les autorités ont diffusé mardi plusieurs images de l’homme suspecté d’avoir tué 39 personnes, essentiellement des étrangers, qui célébraient le Nouvel An au Reina, une célèbre boîte de nuit de la métropole turque.

Les enquêteurs estiment que l’auteur de l’attentat, revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), est originaire d’un pays d’Asie centrale, le Kirghizstan ou l’Ouzbékistan, selon le quotidien Hürriyet.

Dans les colonnes de Hürriyet, un chroniqueur proche du pouvoir, Abdulkadir Selvi, affirme que les autorités ont identifié l’assaillant et qu’il a combattu pour l’EI en Syrie.

Le gouvernement turc, évoquant une « enquête difficile », a indiqué lundi que des « données relatives aux empreintes digitales et à l’apparence » du tueur avaient été obtenues, sans autre détail.

Les autorités turques retenaient mardi 16 personnes en garde à vue, dont l’épouse de l’assaillant présumé et deux étrangers interpellés à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, selon l’agence de presse Dogan.

Cette dernière a par ailleurs diffusé une vidéo montrant l’assaillant présumé se filmant alors qu’il déambule, sourire en coin, sur l’emblématique place Taksim, prisée des touristes. 

– Grenades aveuglantes –

L’attentat du Nouvel An survient alors que l’armée turque tente, au prix de lourdes pertes, de reprendre la ville d’Al-Bab, un bastion de l’EI dans le nord de la Syrie où Ankara mène une offensive contre les jihadistes, mais aussi les milices kurdes. 

Dans un communiqué, l’EI accuse la Turquie, peuplée majoritairement de musulmans, de s’être alliée aux chrétiens – une référence probable à la coalition internationale antijihadiste menée par Washington, dont fait partie Ankara.

La coalition a d’ailleurs mené, pour la première fois, une opération de soutien aérien aux forces turques en difficulté la semaine dernière près d’Al-Bab, a indiqué le Pentagone.

Le carnage au Reina marque un début d’année sanglant pour la Turquie, déjà secouée en 2016 par une tentative de coup d’Etat et une vague d’attaques meurtrières commises par des jihadistes ou la rébellion kurde. L’état d’urgence, instauré après la tentative de putsch en juillet, a été prolongé mardi soir de trois mois par le Parlement turc.

A 01H15 dimanche (22H15 GMT samedi), un homme armé d’un fusil d’assaut avait surgi devant la discothèque située au bord du Bosphore, sur la rive européenne d’Istanbul, abattant deux personnes à l’entrée avant de pénétrer à l’intérieur et d’y semer la mort.

Les autorités pensent que l’assaillant a suivi un entraînement poussé au maniement des armes, selon les médias turcs. Il a ainsi utilisé des chargeurs doubles pour optimiser le temps de rechargement, des grenades aveuglantes pour désorienter ses cibles et visé le haut du corps pour augmenter le taux de mortalité des tirs.

Plusieurs médias ont rapporté mardi que le tueur présumé s’était installé en novembre à Konya (sud) avec son épouse et leurs deux enfants afin de ne pas éveiller les soupçons. 

– Deuil –

La tuerie s’est produite malgré un déploiement massif de policiers à Istanbul, ville tentaculaire frappée par de nombreux attentats en 2016.

Selon Hürriyet, les enquêteurs estiment que l’assaillant pourrait être lié à la cellule responsable d’un triple attentat-suicide à l’aéroport Atatürk d’Istanbul qui avait fait 47 morts en juin, imputé à l’EI par les autorités.

L’attentat au Reina est survenu alors que l’EI semble avoir fait de la Turquie une cible prioritaire, surtout depuis le début de l’intervention d’Ankara en Syrie. L’état-major turc a annoncé mardi que 18 « terroristes de Daech » (acronyme arabe de l’EI) avaient été tués lundi dans des combats et bombardements à Al-Bab.

La plupart des victimes de l’attaque au Reina sont des étrangers originaires, pour beaucoup, de pays arabes à majorité musulmane. Certains corps ont déjà été rapatriés.

L’émotion était particulièrement vive au Liban, où une heure de deuil national a été observée mardi après la mort de trois jeunes ressortissants. « Le terrorisme n’a pas de religion, il nous vise tous, il vise les gens qui aiment la vie », a déclaré lundi le Premier ministre libanais Saad Hariri en accueillant leurs dépouilles à l’aéroport de Beyrouth.

Photo fournie par la police turque et par une agence de presse turque Dogan News Agency, le 2 janvier 2017 de l'auteur présumé de l'attentat d'Istanbul . © AFP

© Dogan News Agency/AFP Handout
Photo fournie par la police turque et par une agence de presse turque Dogan News Agency, le 2 janvier 2017 de l’auteur présumé de l’attentat d’Istanbul

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