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Attentat "déjoué": un réseau téléguidé depuis la Syrie

Paris (AFP) – Un réseau téléguidé depuis la Syrie, soupçonné d’avoir voulu commettre un attentat en France: après le coup de filet des services antiterroristes le week-end dernier à Strasbourg et Marseille, sept hommes étaient toujours en garde à vue et les enquêteurs cherchent à identifier la ou les cibles envisagées.

– Un réseau structuré –

Le réseau paraît plus structuré que lors des derniers attentats ou projets d’attaques visant la France. La cellule était cloisonnée: certains membres n’ont jamais été en contact, uniquement reliés entre eux par un donneur d’ordre établi en Syrie, selon une source proche de l’enquête.

Quatre Français, inconnus des services de renseignement, ont été interpellés dans la nuit de samedi à dimanche à Strasbourg. Deux armes de poing, un pistolet automatique, un pistolet mitrailleur ainsi que de la propagande jihadiste ont été retrouvés lors des perquisitions.

Yassine B., 37 ans, fonctionnaire dans une école primaire du quartier de la Meinau, et Hicham M. , 37 ans également, sont soupçonnés d’avoir gagné la Syrie en 2015 en passant par Chypre. 

Sami B., 36 ans, et Zakaria M., 35 ans, ont également été placés en garde à vue. 

Au même moment, à Marseille, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) interpellait trois suspects. 

Parmi eux, Hicham E., un Marocain de 46 ans, intéresse particulièrement les enquêteurs. Résidant au Portugal, il était surveillé depuis plusieurs mois par les services du pays après de nombreux voyages suspects en Europe et avait été signalé aux autorités françaises comme radicalisé. De l’argent a été saisi lors de son interpellation et les enquêteurs le soupçonnent d’avoir eu un rôle de collecteur de fonds pour le réseau.

– Plusieurs mois d’investigations –

Les investigations, qui avaient débuté en février 2016, avaient conduit à une première série d’interpellations le 14 juin, en plein Euro de football. 

Deux Français, liés au réseau, sont alors mis en examen et écroués: Nasser B., 38 ans, et Lamary N., 40 ans. L’enquête a établi qu’ils avaient contracté de faux crédits à la consommation pour financer des activités terroristes, une pratique courante chez les jihadistes, à laquelle a notamment eu recours Amedy Coulibaly, l’auteur de la tuerie de l’Hyper Cacher de janvier 2015. 

D’après la source proche de l’enquête, les deux suspects communiquaient « avec un donneur d’ordre établi en Syrie surveillé par les services de renseignement français ». 

Ces derniers décident alors de tendre un appât, mettant en place une cache d’armes dans le Val-d’Oise, surveillée 24 heures sur 24 pendant plusieurs mois, pour tenter d’attirer les autres membres du réseau susceptibles de passer à l’attaque.

Le 14 novembre, l’enquête s’accélère: la DGSI reçoit un renseignement laissant penser à un passage à l’acte imminent et organise, dans l’urgence, une opération qui conduit au vaste coup de filet du week-end dernier. 

– L’ombre de l’EI –

La cellule semble avoir été téléguidée depuis la Syrie par un membre de l’organisation jihadiste État islamique (EI), selon les enquêteurs. Outre les soupçons de séjour en Syrie de Yassine B. et Hicham M., plusieurs messages cryptés ont été exhumés entre ce donneur d’ordre et certains membres du réseau. 

Et, alors que l’EI ne cesse de perdre du terrain en Syrie et en Irak, « les incitations à agir en France s’étaient récemment intensifiées », selon la source. 

– Des attaques coordonnées? –

La vague d’interpellations « a permis de mettre en échec une action terroriste envisagée de longue date sur notre sol », a assuré lundi le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. 

Le réseau avait-il prévu de commettre un unique attentat? Envisageait-il des attaques coordonnées? Les recherches sont toujours en cours pour tenter de déterminer le ou les endroits ciblés.

Ces arrestations interviennent alors que la menace terroriste n’a jamais été aussi élevée en France. Pour la seule année 2016, près de vingt attentats et projets ont été déjoués, selon une source proche du dossier.

Le siège de la Direction générale de la sécurité intérieure, à Levallois-Perret près de Paris. © AFP

© AFP/Archives LIONEL BONAVENTURE
Le siège de la Direction générale de la sécurité intérieure, à Levallois-Perret près de Paris

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