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Au Congrès des maires, « tout le monde se pose la question » des territoriales

©GouvPF

Le 31e Congrès des communes a été lancé ce lundi à Paea. Entre les ateliers de travail, les discussions politiques vont bon train à 7 mois des territoriales. D’autant que le Tapura, qui doit beaucoup de sa réussite aux tavana, vient de subir une défection à Papara. Édouard Fritch assure « ne pas être là pour marchander ». D’autres, comme Simplicio Lissant, affirment sans détour être en pleine réflexion.

C’est la première édition de cette grande réunion des maires depuis l’élection municipale de 2020. Pendant quatre jours, les tavana discuteront de leurs idées, leurs actions et de leurs finances, des défis présentés par la crise économique et sociale, de l’évolution de leurs compétences ou du statut de la Polynésie, de cantine scolaire ou de ressources humaines… Des discussions principalement techniques, sur une toile de fond éminemment politique à sept mois des élections territoriales. L’actualité pousse les intrigues électorales à la « une » : ce weekend l’ancien maire de Papara Putai Taae a annoncé, dans Tahiti Infos, sa défection du Tapura pour rejoindre le Tavini, qui l’accueille à bras ouverts malgré son passif judiciaire. Ce ralliement fait, du même coup, basculer la majorité municipale, officiellement dirigée par son épouse Sonia Punua-Taae, dans le camp bleu. Un coup dur pour le parti d’Édouard Fritch qui compte beaucoup sur les tavana pour se maintenir au pouvoir. « Il y a des jours où ça va bien, d’autres où ça va pas, il faut espérer qu’un jour ça revienne », relativise le président et maire de Pirae qui explique ne pas avoir été mis au courant « directement » de ce départ par les intéressés. Et attend désormais la démission de Putai Taae qui siège toujours dans les rangs rouge et blanc à l’assemblée.

Après les législatives, « comment ne pas subir le même traitement » ?

Le chef du gouvernement l’assure : le Congrès des communes n’est pas le lieu pour parler des intrigues politiques. Tout le monde n’est pas aussi pudique sur les discussions qui animent les abords de la salle Manu Iti. « Il faut pas nier qu’il y a un certain esprit politique qui pointe, sourit Simplicio Lissant. L’année prochaine, c’est les territoriales, ça va conditionner les années futures ». Le maire de Punaauia – et premier vice-président du Syndicat pour la promotion des communes – est bien placé pour en parler. Car après l’affrontement entre sa liste et celle de Teva Rohfritsch, candidat officiel du Tapura, aux élections de 2020, beaucoup de regards sont tournés vers sa commune – la plus grosse du fenua en nombre d’électeurs – avant les territoriales. Pas question pour le successeur de Rony Tumahai d’oublier « l’électrochoc » de la déroute autonomiste aux législatives : le malaise est « profond » parmi la population, le « rejet » de certains élus qui ont « manqué d’exemplarité », avait rappelé l’élu au micro de Polynésie la 1ere, fin août. Après avoir réuni sa majorité municipale, le tavana a décidé de remettre à plus tard le choix d’une liste à soutenir. « Il convient en tant que personne responsable de bien réfléchir et de prendre les bonnes décisions » explique-t-il. Et il ne serait pas seul, au Congrès des maires, à être dans cette posture de réflexion : « Tout le monde s’interroge, se pose la question, comment on y va, comment ne pas subir le même traitement et peut-être après être à mal pour les municipales ».

« Ça n’est pas mon genre de marchander »

Attendre, mais attendre quoi ? Des propositions de listes concurrentes à celles du Tapura ? Des garanties ou des engagements, sur certains projets, certains investissements, certains postes, de la part d’Édouard Fritch, bien décidé à mener les rouge et blanc en 2023 ? De part et d’autre, on se défend de toute négociation. « Je vais pas aller me prostituer, pourquoi me posez-vous la question sinon que vous attendez de ma part que j’aille marchander ? Ca n’est pas mon genre, je l’ai déjà dit, martèle le président du Pays. J’ai une politique, les gens y adhèrent ou n’y adhèrent pas et puis voilà ». Le leader rouge et blanc a tout de même longuement rappelé, dans son discours, les mesures d’aides aux communes prises depuis le début de sa présidence et dénoncé l’époque où le gouvernement « exigeait de vous, une attitude de docilité et de soumission ». « Nous n’existions qu’en certaines périodes, celles de la moisson électorale », insiste-t-il. Lui aurait au contraire développé « des liens de confiance et de partenariat » qui permettre aujourd’hui d’avoir des résultats : « Les communes n’ont jamais autant investi et en même temps n’ont jamais été autant soutenues ». Reste à savoir si cette satisfaction est partagée par tous les tavana. En attendant, Édouard Fritch ne le cache pas, il a été très interrogé sur les questions électorales à Paris :

Côté Tavini, le maire hôte de ce congrès, Tony Géros, explique lui-aussi ne pas être en chasse de nouveaux tavana pendant ce congrès. Mais la politique reste au centre du discours : dans son propos d’ouverture, l’ancien président de l’assemblée a suggéré que l’État, pour donner aux collectivités la bouffée d’air dont elles auraient besoin pour combattre la crise actuelle, annule – partiellement ou totalement – les dettes des Prêts garantis par l’État de la période Covid. Environ 55 milliards de francs pour ce qui est des PGE des entreprises et plus de 64 autres milliards pour les deux PGE du Pays… « De la pure démagogie », balaie Édouard Fritch.

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