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Au Japon, une grande banque prête aux yakuzas

Des banques sont soupçonnées d'avoir fait affaires avec des membres de la pègre. © Max PPP

Des banques sont soupçonnées d’avoir fait affaires avec des membres de la pègre. © Max PPP

MAFIA – La banque Mizuho a effectué près de 230 prêts douteux, pour un total supérieur à 1,5 million d’euros.

L’INFO. Le gendarme financier du Japon va passer à l’action. L’organisme a décidé, mardi, de mettre en place un contrôle sur les trois principales banques du pays après un scandale de prêts accordés par l’une d’entre elles, Mizuho, à des membres de la mafia nippone. De l’argent qui servait notamment à financer l’achat… de voitures. L’Agence des services financiers (FSA) va débuter le 5 novembre ces inspections sur les procédures de contrôles internes de Mitsubishi UFJ, Mizuho et Sumitomo Mitsui, a déclaré un porte-parole de la FSA.

Yasuhiro Sato © Reuters

Yasuhiro Sato © Reuters

Malgré les mises en garde, la banque continue. Depuis plusieurs semaines, le scandale n’en finit pas de prendre de l’ampleur. En septembre dernier, la FSA a mis en demeure Mizuho d’arrêter d’accorder des prêts « à des forces antisociales », un terme utilisé au Japon pour désigner les organisations criminelles, dont les membres sont appelés yakuzas. L’agence avait pointé quelque 230 de ces prêts douteux, pour un montant supérieur à 200 millions de yens (1,5 million d’euros). La FSA avait souligné en outre qu' »aucune mesure conséquente » n’avait été prise au sein de Mizuho pour faire cesser ces transactions, « plus de deux ans après qu’il eut été établi que des prêts avaient été accordés à nombre » de ces organisations mafieuses.

Le patron s’excuse publiquement. Les hauts dirigeants de la banque avaient dans un premier temps affirmé qu’ils ignoraient ces agissements attribués à des cadres de rang inférieur, avant de finalement reconnaître qu’ils étaient bien au courant. « Nous avons causé beaucoup de tort à de nombreuses personnes, dont nos actionnaires. Je m’excuse sincèrement », a-t-il déclaré lundi en conférence de presse avant de se courber longuement, un acte de contrition habituel au Japon en cas de faute.

© Reuters

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Des têtes tombent. Dans un rapport rendu à la FSA lundi, la banque Mizuho a indiqué que 54 anciens et actuels dirigeants seraient sanctionnés, dont le président du conseil d’administration de Mizuho Bank, la filiale bancaire de la holding Mizuho Financial Group. Takashi Tsukamoto quittera son poste mais restera toutefois à la tête de cette holding. Le directeur général de cette holding, Yasuhiro Sato, devra renoncer pour sa part à six mois de salaire.

Le scandale qui fait régulièrement la une de la presse nippone a provoqué une réaction du ministre des Finances, Taro Aso, qui a qualifié ces transactions douteuses « d’énorme problème ». Mardi, il a pressé la FSA « d’améliorer » ses procédures de contrôle des établissements bancaires.

Un arsenal antimafia qui s’est renforcé. Cette nouvelle affaire fait à nouveau la lumière sur ces clans de yakuzas qui vivent de diverses activités lucratives et souvent illégales au Japon, comme le jeu, la drogue, la prostitution, le racket et le blanchiment. Ces gangs ne sont pas en tant que tels illégaux et leurs activités ont longtemps été tolérées par les autorités, mais l’arsenal législatif antimafia s’est renforcé et les syndicats du crime sont davantage inquiétés par la police ces dernières années.

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Source : Europe1

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