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Au port autonome, plus qu’un « lifting », un « nouvel élan »

Le directeur du port autonome et le ministre des Grands travaux René Temeharo ont signé ce matin deux conventions de financement avec l’AFD. Quai des cargos, des caboteurs, réseaux d’eau… Au travers d’un prêt de 3,1 milliards, elles permettront d’avancer dans la modernisation des infrastructures, dont beaucoup sont vieillissantes 60 ans après la création de l’établissement. Une subvention de 95 millions doit aussi permettre de lancer des études en matière d’informatisation, de gouvernance et mais aussi d’environnement.

Double signature ce matin, dans les bureaux de la direction du port autonome de Papeete (Pap). En face de Jean-Paul Le Caill et de son ministre de tutelle René Temeharo, des représentants locaux et nationaux de l’agence française de développement (AFD), qui a d’abord consenti un prêt de 3,15 milliards de francs pour accompagner l’établissement public dans son cycle d’investissement. De quoi accompagner la réfection du quai des cargos, déjà entamée et qui permettra au pays de disposer d’un quai plus solide et plus profond pour accueillir les porte-conteneurs. Autre opération qui pourra s’appuyer, en partie, sur ce financement : la réalisation du « quai de cabotage n°6 », dans le prolongement de l’actuel quai de l’Aranui, et qui accueillera d’ici 2025 le nouveau navire de la société et aidera « à mieux desservir les îles ». Ce prêt doit en outre aider à mener les travaux sur le réseau d’eau potable. Comme beaucoup d’équipements à Motu Uta, il date des années 60 et « on imagine facilement dans quel état il est, note le directeur du port. Ça impose notamment à la commune de devoir faire avec des fuites dans le réseau… Tout ça doit être remis à zéro ».

Se projeter sur 10 ans

Bref, comme l’explique le ministre des Grands travaux, le Pap, qui souffle ses soixante bougies cette année, est en plein effort de « modernisation », de « consolidation des infrastructures ». « Ça représente environ 15 milliards de francs dans un premier temps, mais il reste encore à faire », pointe René Temeharo. Mais il ne s’agit pas seulement d’alléger le poids des décennies, mais bien de « donner un nouvel élan », « une impulsion », à ce poumon économique du pays. « Ça n’est absolument pas un lifting. Le port pendant 60 ans a investi. C’est vrai qu’il y a des installations qui doivent être reprises, mais il y a aussi une projection dans les dix prochaines années sur le développement du port, précise le directeur de l’établissement Jean-Paul Le Caill. D’ailleurs je précise que ces opérations s’inscrivent dans la proposition de schéma directeur que nous allons présenter aux instances gouvernementales d’ici le début d’année prochaine ».

Se tourner vers l’avenir, c’est aussi l’objet de la deuxième convention signée ce matin avec l’AFD. Elle concerne une subvention de 95 millions de francs. Des fonds issus du ministère des Outre-mer et qui doivent d’abord permettre « d’appuyer la gouvernance opérationnelle » du port. En clair : renforcer les équipes « en adéquation avec les enjeux », étudier la mise à jour des outils informatiques, qui doivent permettre de mieux se connecter aux ports de la région. Il s’agit aussi d’accélérer la transition énergétique et environnementale : le « PAP » veut devenir un « port vert », proposer l’alimentation électrique des navires à quai – pour éviter la consommation de carburant sur place, dépolluer sa rade et surtout mieux gérer les rejets de Motu Uta, ce qui devrait avoir des effets bénéfiques sur toute la baie.

Un port « vert » et mieux connecté

Une aide « stratégique » donc, explique l’AFD, qui a été très présente auprès de la Polynésie ces dernières années. « Sur les trois dernières années, on a apporté à peu près 100 milliards de francs, en particulier en 2020 et 2021, où on a eu des interventions un peu exceptionnelles au travers des prêts garantis par l’État, explique Charles Trottman, « directeur des trois océans » pour l’Agence française de développement. Il faut savoir que l’année dernière la Polynésie c’était un des premiers territories d’intervention de l’AFD dans le monde en termes de montant. Et cette année, on va encore être sur une quinzaine de milliards » engagés au fenua.

Le port autonome, lui n’est pas au bout de son effort de modernisation. Aux côtés des projets en cours de réalisation, du terminal de croisière au déplacement des cuves de Motu Uta, des réflexions ont été lancées sur plusieurs projets. Le réaménagement de la zone commerciale, l’accueil d’un dock flottant pour réparer les bateaux de plus de 13 000 tonnes… Ou encore l’élargissement de la passe de Papeete, urgente d’après certaines compagnies maritimes pour éviter une dégradation dans l’approvisionnement du fenua. Un projet qui est bien inscrit au programme des investissements, comme le rappellent Jean-Paul Le Caill et René Temeharo, mais pas avant 2026 – 2027. « Si on veut l’avancer à 2025, il faut trouver de nouveaux financements et revoir entièrement la programmation du port », précise le directeur. La capacité d’emprunt du port sont bien sûr des éléments à considérer dans cette réflexion. « Mais elle dépend beaucoup de la capacité d’autofinancement, donc de la façon dont le port est géré, de sa capacité à augmenter ses recettes, maitriser ses dépenses, reprend Charles Trottman. Nous on estime que le port a encore des capacités d’emprunt pour l’avenir ».

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