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Au procès de Christine Lagarde, retour sur les liens entre Tapie et l'Elysée

Paris (AFP) – On le recevait « pour s’en débarrasser »: au procès de Christine Lagarde il a été question jeudi des visites de Bernard Tapie à l’Elysée en 2007 et 2008, quand s’est noué l’arbitrage controversé qui vaut à la patronne du FMI d’être jugée.

La présidente de la Cour de justice de la République Martine Ract Madoux n’épargne pas François Pérol, actuel président du groupe bancaire BPCE et ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée quand Nicolas Sarkozy était chef de l’Etat.

Le banquier ne se souvient pas de deux réunions au sommet à l’Elysée, dont l’une avec Bernard Tapie, auxquelles il a pourtant participé selon les enquêteurs. 

Ces rencontres ont selon les magistrats instructeurs été décisives pour décider en 2007 un arbitrage dans le contentieux entre l’homme d’affaires et l’ancienne banque publique Crédit Lyonnais, puis pour valider en 2008 une sentence attribuant à Bernard Tapie plus de 400 millions d’euros.

Tout au plus François Pérol parle-t-il de « réunions d’information ». N’y-a-t-il pas eu en 2008 une consigne donnée à Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie, pour qu’elle ne fasse aucun recours contre la sentence si favorable à Bernard Tapie?

L’échange prend un tour absurde.

« Je ne me souviens pas qu’une instruction ait été donnée au cours de cette réunion dont je ne me souviens pas », répond le banquier. 

Il a également oublié une visite de l’homme d’affaires dans son bureau peu après que la sentence arbitrale soit tombée, et avant l’expiration du délai de recours.

Selon les archives officielles, François Pérol a reçu Bernard Tapie six ou sept fois en tout. Lui se souvient de « trois » rencontres: « Les registres de l’Elysée sont d’une fiabilité toute relative. »

« Il venait me voir pour me parler de son dossier.

– Mais à quoi ça sert puisque vous ne décidez rien? demande la présidente

– Ca sert à m’en débarrasser », assure François Pérol qui « préfère le voir vingt minutes », plutôt que de risquer que cet homme « extraordinairement entreprenant » et « assez accrocheur » fasse « le siège » de son bureau.

Et d’assurer que dans toute affaire de ce genre, « la responsabilité appartient à celui ou celle qui signe ». En l’occurrence Christine Lagarde.

Celle-ci comparait jusqu’à vendredi devant les trois magistrats et douze parlementaires de la CJR, qui juge les membres du gouvernement pour les délits commis dans l’exercice de leurs fonctions. Elle risque jusqu’à un an de prison pour avoir fait preuve de « négligence » dans cet arbitrage, qui s’est ensuite révélé frauduleux.

Christine Lagarde, avant le début du procès, le 12 décembre 2016. © AFP

© AFP Martin BUREAU
Christine Lagarde, avant le début du procès, le 12 décembre 2016

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