ACTUS LOCALES

Australie : un référendum pour donner une « voix » aux aborigènes dans la Constitution

Le Premier ministre Anthony Albanese a présenté son projet de référendum national visant à intégrer dans la constitution la reconnaissance des peuples indigènes d’Australie et l’obligation de les consulter sur les décisions qui affectent leur vie. Un tournant dans un pays où les aborigènes ne sont pleinement citoyens que depuis 1967 et sont toujours marginalisés au sein de la société australienne.

« Êtes-vous en faveur d’une modification de la Constitution pour établir une voix aux aborigènes et Indigènes du détroit de Torrès ?« . C’est la question qui devrait être posée à un peu plus de 25 millions d’Australie – dont moins de 800 000 aborigènes  – d’ici quelques mois. Ce référendum a été officiellement proposé par le Premier ministre travailliste Anthony Albanese, qui avait remplacé le libéral-conservateur Scott Morrison le 23 mai dernier. La question de la reconnaissance et de l’intégration des communautés aborigènes avait été un des thèmes forts de sa campagne. La date de cette consultation, nécessaire pour modifier la Constitution, n’est pas encore fixée. 

« S’inscrire du bon côté de l’Histoire »

Certains responsables ont évoqué auprès du journal The Guardian le mois de mai 2023, mais c’est surtout sur les objectif de ce projet baptisé « Indigenous voice » que le gouvernement australien communique : reconnaitre dans la Constitution les aborigènes et les habitants du Détroit de Torrès comme les populations autochtones et historiques de l’Australie. Et surtout créer un organe attaché au Parlement qui permettrait de les consulter sur les grandes décisions qui affectent leur vie. Un organe purement consultatif a précisé le Premier ministre, qui a réaffirmé, d’après Reuters, que la « voix des indigènes » ne serait pas une troisième chambre du Parlement : « cela ne change en rien la primauté de notre parlement démocratiquement élu », a-t-il déclaré encourageants les Australiens à « s’approprier » ce changement et à « s’inscrire du bon côté de l’Histoire ».

La question de l’Indigenous Voice, parfois appelée First Nations Voice ou simple « The Voice« , fait débat depuis plusieurs années en Australie où elle est demandée par plusieurs organisations représentatives aborigènes. Une pétition de 2017 intitulée Uluru Statement from the Heart avait mis cette demande de changement de la constitution au cœur de l’actualité. Après un premier refus par le conservateur Malcolm Turnbull, son successeur Scott Morrisson avait préféré proposer un organe de conseil aborigène auprès de l’exécutif, sans changement de constitution. Anthony Albanese avait au contraire estimé pendant sa campagne qu’un référendum et un changement de constitution était une « formidable opportunité » pour l’Australie de faire face aux réalités sociales et à son histoire, très difficile envers les premiers habitants de l’île-continent.

« Un moment d’unification de la nation »

Comme le précise ABC Australia, le Premier ministre a aussi expliqué avoir parlé au leader de l’opposition Peter Dutton du projet : « Il est très important que ce soit un moment d’unification pour la nation. Nous devons trouver une meilleure solution, et une meilleure solution consiste à montrer du respect aux gens. Les Australiens le comprennent. Je crois qu’ils l’accepteront et qu’ils soutiendront un changement très simple de la constitution », a expliqué le chef du gouvernement. Il s’agit pour le responsable de faire en sorte que tous les Australiens s’approprie l’histoire aborigène : « La plus ancienne civilisation continue sur Terre devrait être une source de fierté ».

Comme le précise Reuters, la constitution, qui est entrée en vigueur en janvier 1901, ne fait pas référence aux peuples indigènes du pays, et ces populations mènent depuis longtemps un combat pour faire reconnaître leur qualité de peuple premier, mais aussi les sévices qu’ils ont subi à partir de 1700 et de la colonisation britannique. Les groupes militants dénoncent surtout une marginalisation toujours forte : les aborigènes ont un taux d’incarcération beaucoup plus haut que les autres groupes ethniques et sociaux d’Australien et qui ne cesse d’augmenter, et, comme le précise l’AFP, ont une espérance de vie inférieure d’environ huit ans à la moyenne nationale.

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