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Auto/F1: fin de règne pour Bernie Ecclestone

Washington (AFP) – Bernie Ecclestone, le dirigeant tutélaire de la Formule Un, a été remercié lundi avec le minimum de ménagement par les nouveaux maîtres américains de la discipline reine du sport automobile, après plus de 30 ans de règne sans partage. 

« J’ai été licencié aujourd’hui. C’est fini, c’est tout. C’est officiel. Je ne dirige plus l’entreprise », a-t-il déclaré au magazine allemand Auto motor und sport. Liberty Media, qui a parallèlement finalisé lundi l’acquisition de la F1 annoncée en septembre, a toutefois précisé qu’il resterait président d’honneur.

A 86 ans, « Bernie » se voit donc écarté d’un sport dont il a largement contribué au rayonnement mondial et qui a, en retour, beaucoup contribué à son enrichissement personnel.

Coureur automobile à ses débuts, il était ensuite apparu dans les années 1960 sur les circuits comme manager du champion autrichien Jochen Rindt. En 1972, après la mort en course de ce dernier, il avait racheté l’écurie Brabham tout en créant la « Formula One Constructors Association » (FOCA). Elle allait lui servir pour progressivement prendre le contrôle du sport en s’appuyant sur les patrons d’écuries, essentiellement britanniques comme lui. 

Ses joutes juridiques et verbales dans les années 1980 avec le Français Jean-Marie Balestre, alors président de la Fédération internationale du sport automobile (FISA), sont restées dans les annales, sur fond de rivalité entre les légendaires pilotes Alain Prost et Ayrton Senna, l’un soutenu par Balestre, l’autre par Ecclestone.

Soutenu par Ron Dennis, directeur de l’écurie McLaren lui aussi récemment écarté, Bernie Ecclestone obtient finalement à la fin des années 1980 le contrôle de facto de la F1 et de ses droits commerciaux. Il en fera une véritable vache à lait pour lui-même et pour les principales écuries qui se rallient à lui.

Devenu milliardaire, il cède en 2005 une partie de ses actions au fonds d’investissement CVC Capital Partners mais garde le contrôle de la gestion au jour le jour de la F1, qui envisage alors de s’introduire en Bourse. Mais ses déboires judiciaires en Allemagne pour une affaire de corruption, qui se termineront par un règlement à l’amiable, empêcheront la concrétisation de ce projet.

– Fin de règne –

C’est la vente de la F1 par CVC au groupe américain Liberty Media, dirigé par un autre milliardaire, John Malone, qui sonnera le glas de son règne.

Lorsque Liberty Media annonce l’opération, pour quelque 8 milliards de dollars dette comprise, en septembre dernier, il est alors prévu qu’Ecclestone reste encore trois ans comme PDG de Formula One Group, la nouvelle entité créée pour gérer la F1. Certes, le président devient Chase Carey, 62 ans, mais il est alors prévu que ce dernier, novice en matière de sport automobile, s’appuie sur lui.

Carey, reconnaissable à ses grosses moustaches, et Ecclestone, qui l’est autant par sa petite taille, sont alors vus ensemble lors des derniers Grand Prix de la saison, affectant la meilleure collaboration.

Mais les Américains ont des idées bien arrêtées pour relancer la F1, en perte de vitesse depuis plusieurs années et dont le public, tant télévisé que sur les circuits, diminue d’année en année. Davantage de courses  -le calendrier actuel en compte une petite vingtaine-, développement des supports multimédias, évènements médiatiques organisés en marge des Grand Prix… 

Les raisons qui ont abouti à la mise à l’écart de celui qui n’hésitait pas à se décrire comme un dictateur sont encore floues. La presse spécialisée fait état de l’arrivée prochaine de Ross Brawn, un ingénieur et directeur d’écurie qui s’était illustré avec Ferrari et Michael Schumacher au début des années 2000 avant de conquérir le titre mondial avec des voitures portant son nom en 2009.

Les responsables de Liberty Media auront besoin de ses conseils pour négocier avec les poids lourds du « plateau » comme Mercedes, Ferrari, Red Bull, McLaren, Renault et Williams alors que doit se renégocier d’ici 2020 l’accord de partage des revenus de la Formule 1. Sans doute pour les amadouer, Liberty Media a proposé la semaine dernière aux écuries de devenir elle-mêmes actionnaires de la discipline.

Le patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone, le 2 décembre 2016 à Vienne lors d'une remise de prix de la Fédération internationale. © AFP

© APA/AFP HERBERT NEUBAUER
Le patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone, le 2 décembre 2016 à Vienne lors d’une remise de prix de la Fédération internationale

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