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Automobile: PSA achète Opel à GM et change de dimension

Paris (AFP) – PSA a annoncé lundi l’acquisition pour 1,3 milliard d’euros d’Opel/Vauxhall, une opération qui doit transformer le groupe français en un « champion européen » et offrir un second souffle à la filiale déficitaire de General Motors (GM).

« Cette acquisition change la donne pour PSA car nous devenons une entreprise avec un chiffre d’affaires de 55 milliards d’euros et une solide deuxième place sur le marché européen », s’est réjoui le patron de l’entreprise française, Carlos Tavares, lors d’une conférence de presse commune avec GM à Paris.

Mary Barra, PDG du géant américain, a reconnu que la cession constituait « une décision difficile ». « Mais nous pensons tous que c’est la bonne pour nos employés, nos clients et nos actionnaires », a-t-elle affirmé.

Le groupe français met ainsi la main sur l’ensemble des activités automobiles de GM en Europe, qui comprennent six usines de montage et cinq usines de production de pièces, un centre d’ingénierie (à Rüsselsheim en Allemagne) et environ 40.000 salariés. GM conserve seulement le centre d’ingénierie de Turin, en Italie.

PSA (marques Peugeot, Citroën et DS) va également reprendre avec la banque française BNP Paribas la filiale financière de GM Europe pour 900 millions d’euros, ce qui porte la valeur totale de la transaction pour le groupe automobile à 1,8 milliard d’euros, soit moins que son bénéfice net de 2016 (2,15 milliards).

Sur le sujet délicat des obligations de retraites pour les salariés d’Opel/Vauxhall, qui se chiffrent en milliards d’euros, PSA et GM ont coupé la poire en deux. GM va en transférer une partie à PSA et lui versera une soulte de 3 milliards.

GM a d’ailleurs indiqué qu’il allait inscrire dans ses comptes une charge qui pourra atteindre jusqu’à 4,5 milliards de dollars dans le cadre de cette vente.

Opel/Vauxhall continuera d’utiliser des technologies de GM pendant une période transitoire.

Enfin, GM sera intéressé à la réussite de l’opération via des bons de souscription d’action de PSA d’une maturité de 9 ans, pour un montant de 0,65 milliard d’euros.

– ‘Belle opération’ –

PSA espère finaliser d’ici à la fin de l’année cette acquisition, menée au pas de charge depuis la révélation des négociations avec GM mi-février.

Le groupe français compte mettre son expérience de redressement à la disposition d’Opel et Vauxhall qui, en déficit chronique (15 milliards de pertes en 16 ans), a encore brûlé 257 millions de dollars l’année dernière.

PSA vise un retour à la rentabilité dans les trois prochaines années et des synergies de 1,7 milliard d’euros par an d’ici à 2026.

Une grande inconnue demeure: les conséquences sur l’emploi.

Les représentants du personnel des deux marques, mis au courant sur le tard, veulent être impliqués dans la suite des pourparlers.

« Les accords collectifs existants (en Allemagne, NDLR) apportent de la sécurité pour les sites de production et l’emploi dans cette importante période de transition », mais « les employés d’Opel (…) attendent une sécurité à long terme », a commenté Jörg Köhlinger, responsable du puissant syndicat IG Metall.

M. Tavares a affirmé qu’il ne serait pas nécessaire de fermer des usines d’Opel/Vauxhall tant qu’elles parviendraient à respecter des objectifs de productivité, estimant que des fermetures seraient une solution « simpliste ».

Il a réitéré l’objectif de faire de son entreprise un « champion européen de l’automobile » avec cette acquisition, qui placera son entreprise à 17% de part de marché en Europe, derrière Volkswagen (24%).

Il s’agit aussi d’un pas vers la « taille critique », notion essentielle dans une industrie automobile gourmande en capitaux, sur fond d’explosion des budgets de recherche et développement.

Opel et Vauxhall ont immatriculé 1,2 million de véhicules en 2016, qui vont s’additionner aux 3,15 de PSA. Ces 4,3 millions d’unités sont loin des géants du secteur (Volkswagen, Toyota, GM et Renault-Nissan) qui oscillent autour de 10 millions. 

Le retournement est spectaculaire pour PSA, qui n’avait été sauvé de la faillite il y a trois ans que par l’entrée à son capital de l’État français et du chinois Dongfeng, au côté de la famille Peugeot.

Le président français, François Hollande, a salué une « belle opération » et estimé que l’État avait « eu raison d’apporter un soutien décisif à PSA » lorsqu’il était en difficulté.

Côté syndicats, Christian Lafaye, de FO, a parlé d’une « journée historique » pour PSA qui « revient de l’enfer », et voit dans ce rachat un « tremplin pour l’emploi » dans les pays concernés.

© AFP/Archives
PSA va acheter Opel/Vauxhall, filiale de General Motors, pour 1,3 milliard d’euros

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