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Avis mitigé du Cesec sur le Sage

« Un avis non qualifié », comprendre « pas défavorable, mais… », tel est le terme employé par le Cesec au sujet du Schéma d’aménagement général de la Polynésie française sur lequel l’institution avait à se prononcer. Un avis voté à l’unanimité par 41 voix pour et zéro contre.

 Le gouvernement de Polynésie a soumis au Cesec, pour avis, le Schéma d’aménagement général de la Polynésie française (Sage). Un Sage dont la finalité est d’encadrer le développement de la Polynésie dans 20 ans.

Après étude du document de plusieurs centaines de pages, le Conseil économique, social, environnemental et culturel a rendu un avis non qualifié. Pas défavorable, mais moyennant quelques recommandations. « Nous ne pouvons donner un blanc-seing au gouvernement sans disposer de données précises et chiffrées », explique Tepuanui Snow, rapporteur du projet.

Des observations et des recommandations, le Cesec en a pléthore. Tout d’abord, l’accessibilité du document auquel le Cesec reproche « la technicité des termes employés » d’autant que pour la consultation « dans les 5 archipels (…) la forme adoptée était particulièrement critiquable. Entièrement rédigé en français et volumineux et donc peu accessible à des personnes maîtrisant mal le français et parlant exclusivement tahitien. »

Ainsi le Cesec regrette qu’un tel document « essentiel pour les choix de développement du Pays, n’ait pas fait l’objet de modes de consultations plus innovants et plus participatifs. »

Voila pour la forme. Sur le fond, et sur les grands sujets, car le Cesec n’a disposé que d’un mois pour rendre son avis sur un projet de plusieurs centaines de pages, l’institution à quelques recommandations à soumettre.

Les transports

Sur les transports aériens et maritimes, « point essentiel de tout projet de développement », le Cesec recommande de « définir les obligations de service public en matière de transport interinsulaire et d’instaurer une continuité territoriale », et de « favoriser l’acquisition de navires mixtes neufs pouvant embarquer plus de 12 passagers » en accompagnant financièrement les professionnels concernés.

Sur le transport terrestre, notamment à Tahiti, le Cesec rappelle « la nécessité d’élargir la route de ceinture de Punaauia à Paea, de finaliser l’étude de la route de contournement de Papeete, de limiter le recours aux ronds-points, de créer des parkings à la périphérie des agglomérations (…) »

Liaisons Internet et téléphoniques

Pour le Cesec, l’intérêt principal de ces évolutions est de développer des services numériques permettant de rapprocher les populations entre elles mais surtout des services indispensables desquels elles sont éloignées. Ainsi le Cesec insiste sur la mise en œuvre de la télémédecine, le télé-enseignement et l’e-administration au bénéfice des îles éloignées, tout en réduisant la facture des services Internet.

L’économie bleue

Dans ce secteur, où la pêche et l’aquaculture sont présentées comme des activités de développement d’avenir, le Cesec plaide pour une pêche « semi-industrielle, respectueuse des ressources disponibles et, permettant aux populations de pouvoir subvenir à leurs besoins. »

Sur la filière aquacole, portée notamment par le projet de ferme aquacole de Hao, le Cesec relève que selon les observations de la Fédération des associations de préservation de l’environnement, l’intérêt et l’efficacité de ce projet poseraient de sérieuses questions environnementales qui ne sont pas levées par le Sage. Pour autant, dans son avis, le Cesec ne se prononce pas sur ce projet, Tepanui Snow estimant que celui-ci pourrait faire l’objet d’un avis à part entière.

Sur ce sujet, l’institution considère que d’autres alternatives pourraient être étudiées comme la création d’un pôle de déchargement, de transformation et d’exportation de poissons pêchés hors des eaux polynésiennes. Des exploitations à échelle humaine gérées par des Polynésiens dans le domaine de la crevette, du rori, des pahua ou de poissons pourraient être réalisées dans les lagons des atolls.

Urbanisme et logement

Le Cesec recommande que soit définie une véritable politique du logement en tenant compte des particularités de chaque type de population. Assurer à tous un droit au logement à la hauteur de leurs moyens et aussi, favoriser la mixité sociale pour ne pas créer des ghettos.

Artisanat et agriculture

Le Cesec considère que ces secteurs doivent être valorisés et rappelle la nécessité d’aménager des espaces d’exposition permanents et dédiés à des évènements tels que des foires agricoles, des salons de l’artisanat,  cela dans chaque commune de Polynésie. De plus, il demande de limiter le recours aux pesticides et d’interdire ceux reconnus comme nocifs pour la population et aussi de former professionnels et particuliers à l’agriculture biologique ou raisonnée.

Énergie

Les mesures visant à réduire la dépendance énergétique de la Polynésie doivent être accompagnées par l’installation de borne de recharge pour véhicules hybrides ou électriques ainsi que par l’instauration de prêts à taux zéro pour les particuliers et entreprises pour leur permettre d’installer des panneaux photovoltaïques.

L’environnement

Considérant que l’ensemble des actions d’envergure posées par le Sage aura un impact non négligeable sur l’environnement, le Cesc recommande que dans chaque projet envisagé, l’aspect environnemental soit priorisé tant pendant qu’après sa réalisation, il insiste aussi pour que la prise en considération des enjeux du changement climatique prévale avant toute prise de décisions.

L’avis du Cesec « non qualifié » a été voté à l’unanimité par 41 voix pour et zéro contre.

 

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