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Aznavour peut chanter sa nostalgie, sa jeunesse est éternelle

Paris (AFP) – « Sa jeunesse », « Hier encore », « Je n’ai pas vu le temps passer », « la Bohème »… De plus en plus fringant au fil de son récital, Charles Aznavour, espiègle « jeune homme » aux 92 printemps, a chanté sa nostalgie avec une vitalité qui a conquis le Palais des sports de Paris, mercredi.

S’il était un personnage de fiction, Charles Aznavour pourrait être Benjamin Button. Cet homme qui rajeunit avec l’âge, imaginé par Francis Scott Fitzgerald dans sa nouvelle « L’étrange histoire de Benjamin Button », écrite en 1922.

Clin d’oeil de l’histoire, c’est deux ans plus tard que Shanourh Varinag Aznavourian est né à Paris. Evidemment, non pas avec une apparence de vieil homme comme dans la nouvelle de l’auteur américain. Mais, 92 ans après, en cette soirée pluvieuse annonçant l’hiver, le chanteur a encore démontré que le temps n’a pas d’emprise sur lui, bien au contraire.

De son âge avancé et ses méfaits, « sur ma vue, mon ouïe et ma mémoire », il en parle avec cet humour pince sans-rire qui le caractérise. « Du coup j’ai investi dans ce… prompteur que vous voyez-là », s’amuse-t-il d’emblée. Il joindra le geste à la parole, en se penchant exagérément tout près de l’objet au moment de finir de chanter « Mes Emmerdes ».

Charles Aznavour tremble également des mains quand il ne claque pas des doigts ou ne serre pas des poings. Et il chante parfois sur un siège devant son orchestre de sept musiciens et deux choristes dont sa fille Katia qui le rejoint pour un duo sur « Je voyage ».

Dès son entrée sur scène sur « Les émigrants », une chanson plus que jamais d’actualité 30 ans après sa création, Charles Aznavour, tout vêtu de noir, est même inaudible sur ses toutes premières paroles. « Quand je ne m’entends pas, je sais qu’on ne m’entend pas », dédramatise-t-il après ce problème de son.

– LA star française –

D’autant que la voix, « elle est aussi un peu plus cassée », concède-t-il. « Mais je suis né enroué, il a bien fallu que je m’en accommode. Les critiques me le reprochaient déjà à l’époque, mais aujourd’hui, ils sont tous morts ».

Et lui plus que jamais vivant. A ce moment-là, Charles Aznavour entame déjà la seconde partie de son tour de chant, la plus enlevée, avec une série de grands classiques aussi immortels que leur auteur. 

Après l’indémodable « Désormais », « She », une des trois chansons du répertoire du soir en langue étrangère vient rappeler que Charles Aznavour est LA plus grande star française à l’international. Des concerts sont d’ailleurs prévus en 2017 en Espagne, au Chili, au Brésil et en Russie.

Suivent « Hier encore », « Les plaisirs démodés » sur laquelle il danse virtuellement « joue contre joue » et main sur l’épaule, « Comme ils disent » magnifiquement réorchestrée sur un air de tango.

Surfant sur « Les deux guitares », il emballe son auditoire avec un jeu de jambes endiablé. Mais on approche du terme et c’est alors qu’un attroupement se produit subitement juste à ses pieds. Des dizaines de fans accourent pour voir de près, photographier, filmer avec leurs appareils numériques l’idole transgénérationnelle.     

Chacun immortalise l’instant alors que Charles Aznavour interprète « La Bohème », jette un mouchoir sur lequel se jettent à leur tour quelques irréductibles, avant de conclure avec l’incontournable « Emmenez moi ».

Avec un sourire d’enfant, il recueille vivats, bouquets de fleurs et mots d’amour du public, où figurent notamment Enrico Macias, Michel Drucker ou encore Bruce Toussaint. Et remercie à son tour le public parisien qu’il ratifiera de deux autres représentations lundi et mercredi prochains.

Le chanteur franco-arménien Charles Aznavour chante au Palais des Sports de Paris le 21 décembre 2016. © AFP

© AFP FRANCOIS GUILLOT
Le chanteur franco-arménien Charles Aznavour chante au Palais des Sports de Paris le 21 décembre 2016

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