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Banksy ouvre un « hôtel » à l'ombre du mur en Cisjordanie

Bethléem (Territoires palestiniens) (AFP) – L’artiste de rue britannique Banksy a révélé vendredi à Bethléem sa nouvelle création dans les Territoires palestiniens, un hôtel jouxtant le mur de séparation construit par Israël.

« Hotel Walled-Off » est à l’image de l’œuvre de Banksy transfigurant la réalité avec poésie et une fausse naïveté: les chambres donnent directement sur le mur, un des emblèmes d’un conflit vieux de presque 70 ans.

« Hotel Walled-Off » s’inscrit aussi dans une actualité qui fait la part belle aux murs de séparation. 

L’établissement offre « la pire vue que l’on puisse avoir d’un hôtel », a affirmé Bansky dans un communiqué.

Walled-Off joue sur le nom d’une chaîne d’hôtels de luxe et « walled off », « coupé par le mur » en anglais.

Dans un ancien immeuble résidentiel situé à quelques mètres du mur et vidé de ses occupants, Banksy a reconstitué avec son équipe un hôtel à l’intérieur un peu suranné, s’amusant à détourner des motifs célèbres pour la décoration.

Sur les neuf chambres sept ont été décorées par Banksy lui-même, tandis que les deux autres l’ont été par des artistes canadiens et palestiniens.

Au-dessus d’un des lits, un soldat israélien et un manifestant palestinien se livrent à une bataille d’oreillers. Dans la suite présidentielle, un jacuzzi est alimenté par un ballon d’eau ressemblant à ceux installés sur les maisons de nombreux Palestiniens.

Le directeur de l’hôtel Wissam Salsaa insiste toutefois sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un simple projet artistique, mais d’un véritable hôtel avec des chambres à louer à partir du 20 mars à 30 dollars la nuit pour les plus abordables.

Banksy, dont ni l’identité ni le visage ne sont connus, n’était pas présent, laissant d’autres parler pour lui.

Les conflits, le mur et les Territoires palestiniens sont une source d’inspiration pour Banksy, rendu célèbre par ses peintures anonymes au pochoir dans l’espace public.

Une grande partie de la ville de Bethléem vit à l’ombre du mur. 

Israël a commencé en 2002 la construction de cette barrière, composée à cet endroit de blocs de béton de plusieurs mètres de haut, pour se protéger des incursions de Cisjordanie occupée en pleine vague d’attentats palestiniens au cours de la deuxième Intifada. Achevée aux deux tiers, la barrière alternant tronçons en béton et clôtures, doit atteindre à terme environ 712 km, selon l’ONU.

Empiétant à 85% en Cisjordanie, elle est pour les Palestiniens l’un des symboles les plus honnis de l’occupation israélienne.

Du côté palestinien, le mur est à la fois un lieu de protestation habituel et un terrain d’expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction.

– ‘Destination touristique ultime’ –

Banksy s’était déjà rendu à Bethléem en 2007, laissant derrière lui un certain nombre de graffitis, dont une fillette en robe fouillant au corps un soldat les bras en l’air, son fusil posé à côté de lui.

Accompagné d’une quinzaine d’autres artistes, il avait séjourné en secret dans la ville où est né Jésus selon la tradition chrétienne, et avait exposé ses œuvres dans une galerie éphémère installée sur la place principale, face à l’église de la Nativité. 

Les profits avaient été reversés à des œuvres charitables pour les enfants et les hôpitaux palestiniens.

Certaines de ses peintures avaient atteint des centaines de milliers de dollars aux enchères.

En 2005, il avait peint neuf pochoirs sur le mur. Il avait alors affirmé que le mur, appelé  « barrière de sécurité » par Israël et « mur de l’apartheid » par les Palestiniens, était illégal. Le mur « est la destination touristique ultime pour les graffiteurs », disait-il.

Ses pochoirs – dont une échelle posée sur le mur, une petite fille emportée par des ballons et une fenêtre s’ouvrant sur un paisible paysage montagneux – voulaient mettre en évidence l’impact du mur sur la vie des Palestiniens

En 2015, il serait entré secrètement par un tunnel dans la bande de Gaza recluse pour peindre trois œuvres sur les murs de l’enclave palestinienne dévastée l’année précédente par une nouvelle guerre avec Israël.

Banksy, qui entretient le plus grand mystère sur son identité, a commencé à se faire connaître en 2003 à Londres par ses graffitis subversifs – gardes royaux en train d’uriner sur un mur, policiers échangeant un baiser passionné.

© AFP Thomas COEX
Un groom se tient devant l’hôtel « Walled Off « , récemment ouvert par Banksy à Bethléem dans les Territoires palestiniens et jouxtant le mur de séparation construit par Israël, le 3 mars 2017

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