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Bayer veut racheter Monsanto dans la plus grosse acquisition allemande de l'histoire

Berlin (AFP) – L’allemand Bayer s’est dit prêt lundi à ouvrir grand son portefeuille pour mettre la main sur Monsanto, malgré la réputation sulfureuse en Europe du fabricant américain de semences OGM et de pesticides.

Soixante-deux milliards de dollars, soit environ 55 milliards d’euros. C’est le prix faramineux que Bayer met sur la table et qui ferait de cette fusion la plus grosse acquisition jamais réalisée par une entreprise allemande. C’est aussi la plus grosse opération de fusion-acquisition annoncée cette année à ce jour dans le monde. 

Un géant mondial des pesticides, engrais et semences naîtrait de ce rapprochement entre Bayer, dont les pesticides dits « tueurs d’abeilles » sont décriés par certains, et Monsanto, fabricant du pesticide Roundup, également controversé.

« Cette transaction représente une énorme opportunité pour les actionnaires de Monsanto », a promis lors d’une conférence téléphonique le patron de Bayer, Werner Baumann, aux manettes du chimiste allemand depuis seulement le début du mois.

En proposant 122 dollars par action Monsanto, Bayer leur fait miroiter une prime de 37% par rapport au cours de début mai. Les investisseurs lui en savaient gré, et l’action Monsanto a pris plus de 6% à l’ouverture à New York. 

Le tout nouveau patron de Bayer a dévoilé la tenue, entre les deux groupes, « de discussions à de multiples occasions ces dernières années ». 

– ‘Poisons’ –

Outre un prix conséquent, Bayer semble prêt à affronter la mauvaise image de Monsanto, souvent perçu comme « le méchant des OGM » en Europe et bête noire de nombreuses ONG. Pas plus tard que samedi, des milliers de gens sont descendus dans la rue dans plusieurs villes européennes pour protester contre le géant américain.

Aux Etats-Unis et en Amérique latine, les semences génétiquement modifiées de Monsanto sont cultivées dans les champs de maïs ou de soja.

« Nous pensons que nous pouvons gérer la réputation de Monsanto (…) Nous savons que nous devons nous occuper de manière décisive de ce point », a affirmé le patron de Bayer, interrogé par l’AFP, mettant en avant « la très très bonne réputation » de son propre groupe, notamment en Allemagne.

Alors que l’opposition allemande critiquait un mariage « dangereux pour la collectivité », tellement cher qu’il obligera le nouvel ensemble à « vendre toujours plus de ses poisons pour l’environnement » pour le rentabiliser, M. Baumann a au contraire justifié le rapprochement par le défi de nourrir une population mondiale en croissance. 

Pour Peter Spengler, analyste chez DZ Bank, c’est surtout pour Bayer « une chance, qui n’arrive qu’une fois dans une vie, de dominer le marché agricole mondial », avec plus de 23 milliards d’euros de ventes combinées.

– ‘Confiant’ sur le financement  –

Monsanto n’a pas réagi aux détails de l’offre de Bayer. Le groupe de Saint-Louis (centre des Etats-Unis), avait confirmé la semaine dernière avoir reçu cette offre non sollicitée et l’étudier sans « aucune certitude qu’une transaction ait bien lieu ».

Face à des prix faibles des matières premières, le secteur mondial de la chimie est agité par une consolidation à grande échelle. Les américains Dow Chemical et DuPont sont en passe de convoler, le chinois ChemChina rachète le suisse Syngenta, un temps courtisé par Monsanto.

Déjà très lourdement endetté, Bayer se dit pourtant « hautement confiant » dans sa capacité à financer un tel rachat, en alourdissant encore sa dette et en faisant racheter certaines de ses actions.

En avalant Monsanto, Bayer espère réaliser, au bout de trois ans, environ 1,5 milliard de dollars d’économies et enregistrer une hausse de son bénéfice par action d’environ 5% la première année et d’au moins 10% les suivantes.

Un plan financier visiblement pas totalement convaincant pour les investisseurs puisque à la Bourse de Francfort, l’action Bayer, déjà fortement attaquée jeudi, perdait encore 4% à 13H37 GMT.

« L’aspect financier semble gérable, ce qui rassure un peu le marché. (…) Néanmoins Monsanto doit encore réagir et un relèvement de l’offre ne peut pas être exclu à ce stade », expliquait Marietta Miemietz, d’Equinet.

Comme l’offre en est encore à ses prémisses, Bayer n’a pas voulu s’avancer davantage sur les conséquences en matière d’emploi ou le nom du futur groupe, qui sera basé à Monheim (ouest de l’Allemagne). Et bien sûr, il n’a pas voulu dire s’il était prêt à payer encore davantage.

Le groupe de chimie-pharmacie allemand Bayer veut acheter le fabricant américain de semences OGM Monsanto . © AFP

© AFP/Archives JOHN MACDOUGALL
Le groupe de chimie-pharmacie allemand Bayer veut acheter le fabricant américain de semences OGM Monsanto

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