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Bolloré réclame 50 millions d'euros à France 2 pour la rediffusion de "Complément d'enquête"

Paris (AFP) – Le groupe Bolloré a assigné France 2 en justice et lui réclame 50 millions d’euros pour la rediffusion de l’émission « Complément d’enquête » consacrée à l’industriel breton Vincent Bolloré et à ses activités en Afrique, qui selon lui nuirait à ses « intérêts commerciaux ».

La rediffusion jeudi de l’enquête « qui intervient quelques semaines après la diffusion de cette émission totalement à charge et tendancieuse à l’encontre du Groupe Bolloré, caractérise désormais une volonté avérée de lui nuire en le dénigrant gravement », estime-t-il dans un communiqué.

L’émission « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien? », qui retrace le parcours de l’industriel breton, de la reprise de la fabrique familiale de papier à cigarettes OCB en Bretagne à la construction de son empire diversifié en passant par sa présence en Afrique et la reprise en main de Canal+, « porte atteinte à ses intérêts commerciaux », juge le groupe.

« Afin de mettre un terme à cette campagne insidieuse », il « a assigné France 2 afin d’obtenir réparation devant le Tribunal de Commerce de Paris de son préjudice évalué à 50 millions d’euros », indique le groupe Bolloré, maison mère qui chapeaute les participations diversifiées de l’homme d’affaires. 

Ni France 2, interrogée par l’AFP, ni les réalisateurs de l’enquête n’ont souhaité faire de commentaire dans l’immédiat.

Ces poursuites assez inédites devant le Tribunal de Commerce, et non la justice civile, pour un montant important de 50 millions d’euros, pourraient s’avérer dissuasives pour les médias qui veulent se pencher sur les activités du groupe Bolloré.

Vincent Bolloré s’exprime très rarement sur ses activités en public ou dans les médias, sauf quand il s’agit de son projet fétiche, la voiture électrique Bluecar.  

Le groupe estime que l’enquête comporte « des erreurs manifestes et des diffamations délibérées qui lui portent préjudice », selon une source proche.

– Un témoignage au Cameroun contesté –

Il critique notamment la partie de l’enquête filmée au Cameroun dans une plantation d’huile de palme dans laquelle témoigne un salarié présenté comme mineur et d’autres qui dénoncent leurs conditions de travail.

Le groupe conteste ce témoignage sur le fond et argue par ailleurs qu’il n’a aucune responsabilité dans la gestion de cette plantation, prioriété de la Socfin, l’un des planteurs les plus importants au monde, dont il est l’actionnaire à 39%.

Il a aussi été irrité par le témoignage à charge de Jacques Dupuydauby, un ancien associé condamné par la justice espagnole.

Si la première diffusion de l’émission le 7 avril dernier avait déjà provoqué une forte réaction de Vincent Bolloré, qui avait évoqué des poursuites en diffamation, c’est sa rediffusion jeudi qui l’a poussé à réagir dès le lendemain.

D’autant que l’émission « avait déjà décidé le 9 juin 2016 de revenir sur ce sujet », a souligné le groupe.

Le présentateur de l’émission, Nicolas Poincaré, avait répondu ce jour-là à des accusations de bidonnage, portées par Vincent Bolloré quelques jours plus tôt, concernant la séquence sur la plantation au Cameroun. Le journaliste avait démenti « formellement » qu’un jeune garçon témoignant dans le documentaire et d’autres apparaissant sur les images aient été payés pour mentir sur leur âge.

Si sa présence est rare dans les médias, Vincent Bolloré a depuis lontemps montré un intérêt à acquérir des actifs dans ce secteur. Il détient le quotidien gratuit Direct Matin et s’est offert les chaînes Direct 8 et Direct Star, revendues à Canal+ en 2011, qui lui ont permis de s’inviter au capital de Vivendi à l’issue d’un échange d’actions.

Il est aujourd’hui le vrai dirigeant de Vivendi, en contrôlant 15% de son capital via le groupe Bolloré, et a repris en main personnellement Canal+, le fleuron du groupe, qu’il essaye de relancer au prix d’un grand renouvellement des cadres et des animateurs de la chaîne cryptée.

Vincent Bolloré, le 15 janvier 2016 à Ergue-Gaberic dans l'ouest de la France. © AFP

© AFP/Archives FRED TANNEAU
Vincent Bolloré, le 15 janvier 2016 à Ergue-Gaberic dans l’ouest de la France

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