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Bonbonnes du Kura Ora II : le scandale remonte à la surface

© Rare Tahitian Air/Port Views

Le procureur de la République, Hervé Leroy, a livré mercredi après-midi les détails édifiants de l’enquête menée sur l’immersion du navire Kura Ora II en janvier dernier. Non seulement 18 des 87 bonbonnes de gaz immergées en toute illégalité étaient en fait « pleines » mais « 196 tonnes » de déchets métalliques ont également été immergées sans autorisation. Le commandant du Port et deux des responsables de la Diren et de la Biosécurité ont été placés en garde à vue, en vue de leur mise en examen. Le parquet a demandé leur placement sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’exercer leurs fonctions.

Un mois et demi après la découverte d’une vingtaine de bonbonnes de bromure de méthyle remontées à la surface après l’immersion du Kura Ora II, le procureur de la République, Hervé Leroy, a livré mercredi les conclusions édifiantes de l’enquête menée par la brigade nautique de la gendarmerie à Faa’a.

A l’origine de cette affaire, le navire Kura Ora II avait été « dépollué » pendant plusieurs mois courant 2018. Une procédure validée par « le passage d’un expert maritime début décembre ». Le rapport d’expertise a ensuite été remis à la société mandatée pour la dépollution et le placement des explosifs sur la navire. Et les autorités du Port autonome pouvaient alors procéder à l’immersion du navire.

Or, après ce passage de l’expert, l’enquête a établi que le responsable de la cellule phytosanitaire de la direction de la Biosécurité, Rudolph Putoa, a contacté le commandant du Port autonome, François Chaumette, et le responsable de la cellule de la protection des milieu de la Diren, Claude Serra, pour leur demander d’éliminer un stock de 87 bonbonnes de bromure de méthyle en l’immergeant dans l’épave. Le commandant du Port, de son côté, a contacté plusieurs prestataires et entreprises du port pour leur demander de se débarrasser de leurs déchets en les immergeant dans l’épave du Kura Ora II.

18 bonbonnes pleines et 196 tonnes de déchets

Selon le procureur de la République, Hervé Leroy, ce ne sont donc pas qu’une vingtaine de bonbonnes « vides » qui ont été immergées, comme l’avaient affirmé au départ les responsables de la cellule phytosanitaires. Ce sont au moins 87 bonbonnes dont 18 bonbonnes « pleines » -contenant du bromure de méthyle et un autre gaz mortel- mais aussi un peu moins de 200 tonnes de déchets métalliques qui ont été entreposés dans l’épave.

Au terme de l’enquête, le commandant du Port et les deux responsables de la Diren et de la Biosécurté  ont été placés en garde à vue mercredi matin. Selon le procureur, le commandant du Port a reconnu avoir été sollicité pour l’immersion des bonbonnes de gaz et avoir contacté les entreprises du port pour leur proposer d’immerger leurs déchets.

Le responsable de la cellule phytosanitaire a également reconnu les faits, mais a « contesté avoir eu l’intention de violer le code de l’environnement ». Et le responsable de la cellule protection des milieux de la Diren a réfuté avoir donné son accord pour l’immersion des bonbonnes de gaz, mais il a reconnu avoir accordé l’immersion des déchets métalliques « prétendant que l’immersion dans un site maritime éloigné était préférable à un abandon sur terre », selon le procureur.

Problème, selon le représentant du parquet, les déchets et bonbonnes auraient pu être traités pour éviter toute pollution…

Les trois responsables devaient être mis en examen mercredi après-midi avec demande de placement sous contrôle judiciaire et interdiction « d’exercer les fonctions ayant permis la commission des infractions ». Ils encourent deux ans d’emprisonnement et huit millions de Fcfp d’amende.

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4 Commentaires

  1. luminens
    28 février 2019 à 8h24 — Répondre

    M le président de la PF, Edouard
    en tant que chef de l’administration polynésienne,

    vous êtes dans l’obligation de prendre des mesures et des sanctions disciplinaires pour les 2 agents mis en cause + celui du port!

    vous ne pouvez pas vous cacher derrière M LEROY, et attendre … de la suite de la procédure pénale!

    les fautes des agents sont gravissimes!

    toi qui parle de COP 21, de Fenua, de santé, de probité, d’églises,…etc,…!!!

    les polynésiennes te regardes,…

    • TAHI ARII
      1 mars 2019 à 2h42 — Répondre

      EXCELLENT COMMENTAIRE.
      ILS SE CACHENT TOUS DERRIÈRE LA JUSTICE.
      BRAVO À NOS DIRIGEANTS.

  2. JACQUES
    28 février 2019 à 11h12 — Répondre

    Toutes les associations de l’environnement sont muette sur cette affaire, et là, ce n’est pas des sacs plastique. Le ministre de l’environnement devrait démissionner illico. Pour faire peau neuve on veut supprimer les crèmes solaires cette pollution est sûrement moindre que le bromure de méthyle, soit les touristes à peau claire auront des cancers de la peau et on dira que c’est muru

  3. JEAN CICUTTA
    2 mars 2019 à 10h11 — Répondre

    En ce qui concerne les déchets métalliques, il semble qu’il y a entre autres un ou des élévateur(s) : S’ils sont à moteur Diesel, cela m’étonnerait aussi qu’ils aient été dépollué … Il y a eu peut-être aussi d’autres véhicules à moteur thermique … Et rien n’indique le fait qu’il n’y a pas eu d’autres organes toxiques du genre batteries
    non vidées et j’en passe. Donc encore plus de pollution sur cette affaire même si ce surplus reste moindre par rapport au bromure de méthyle.

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