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Brexit: dernier dîner européen pour Cameron, "ému" mais vaincu

Bruxelles (AFP) – Pas question de l’humilier. « C’aurait été humilier le peuple britannique ! », pointe François Hollande. Lui, c’est David Cameron, l’homme du Brexit, Premier ministre britannique vaincu et démissionnaire venu à Bruxelles expliquer sa défaite lors d’un dîner avec ses ex-partenaires européens.

Veste et cravate bleue marine, chemise à rayure et mine embarrassée, il a vécu son dernier sommet européen.

Le soir, au dîner, vers 20H00 (18h00 GMT), il a longuement pris la parole, « avec beaucoup d’émotion », selon François Hollande, qui était assis à ses côtés, tout comme le Premier ministre slovène.

Face à lui, dans une grande salle sans charme, les dirigeants des 27 autres Etats-membres de l’UE, mais aussi le président du Conseil européen, Donald Tusk et celui de la Commission, Jean-Claude Juncker.

« Il a rendu compte de ce qui s’est produit dans son pays avec le référendum », témoigne le président français. « Les mensonges qui ont pu être proférés, les approximations… »

Cameron raconte qu’il a voulu tenter quelque chose avec ce référendum, convaincre les Britanniques sur l’Europe. Sans succès.

« Il sentait bien que c’était une décision historique et se sentait responsable », poursuit François Hollande.

Mais pas de rancœur chez les autres dirigeants. Hollande raconte: « La totalité des membres du Conseil européen a dit que David Cameron s’était engagé, que c’était courageux de sa part ».

Et aussi qu' »ils étaient tristes », relève de son côté la chancelière allemande Angela Merkel.

« Les politiques, nous sommes des êtres humains, donc j’imagine que ça n’était pas facile pour lui », renchérit l’Espagnol Mariano Rajoy.

Joseph Muscat, Premier ministre de Malte, résume: « Nous avons perdu un membre de notre famille ».

– Farage fanfaronne –

David Cameron, qui a annoncé sa démission quelques heures après le vote en faveur du Brexit, confirme aussi que sa succession se fera au plus tard le 9 septembre.

Pour la suite, il dit espérer « des relations économiques aussi rapprochées que possible » avec l’Union européenne.

A l’extérieur, dans les salles immenses qui accueillent les quelques 1.300 journalistes accrédités pour ce sommet historique, Nigel Farage, un des gagnants du vote pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, fanfaronne, le sourire aux lèvres.

Le leader du parti anti-immigration britannique (Ukip), également eurodéputé, va et vient entre les tables ou s’arrête au bar de la presse, toujours suivi par les caméras, pour la plupart britanniques.

Retour au dîner: salade de caille, mignon de veau, fraises. Et « débats intenses », selon Merkel. Mais la question sulfureuse de l’article 50, que le Royaume-Uni doit activer pour formaliser la sortie de l’UE, n’est pas évoquée.

Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), est passé quelques minutes, expliquant que « les effets négatifs sont moins graves que ce qu’on escomptait avant le Brexit ».

Les 28 apprennent aussi, en plein repas, qu’un triple attentat-suicide à l’aéroport Atatürk d’Istanbul a fait au moins 36 morts.

Le dîner prend fin. Les dirigeants européens doivent se revoir dès mercredi matin, au petit déjeuner, pour une discussion sur l’avenir à 27. Sans David Cameron, donc, qui donne une dernière conférence de presse, avant de sauter dans l’avion.

Jean-Claude Juncker ne lui a pas serré pas la main. « Parce que je veux le revoir encore et encore », argue-t-il. « Je veux avoir des contacts réguliers avec le Premier ministre David Cameron. Il n’est pas l’ennemi. »

Le président François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron le 28 juin 2016 à Bruxelles. © AFP

© AFP STEPHANE DE SAKUTIN
Le président François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron le 28 juin 2016 à Bruxelles

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