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Brexit: les marchés financiers succombent à la panique en Asie

Tokyo (AFP) – La livre britannique qui tombe au plus bas depuis 1985, le yen qui s’envole, les Bourses qui s’effondrent: les marchés financiers en Asie étaient assommés vendredi à l’annonce d’une victoire du Brexit.

Le scénario tant redouté par les investisseurs, celui d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, s’est confirmé au fil des heures, les plongeant dans la panique.

Après s’être envolée au-dessus de 1,50 dollar au moment de la fermeture des bureaux de vote, la livre sterling est tombée d’abord sous 1,45 dollar, puis 1,40 dollar, et a poursuivi sa folle descente à des niveaux inédits depuis 1985, jusqu’à 1,3229 dollar, soit une chute de plus de 10% sur la journée. Elle baissait aussi face à l’euro qui s’élevait jusqu’à 81,96 pence, contre 76,02 quelques heures plus tôt.

Parallèlement, et avant même que l’annonce soit officielle, le yen, valeur refuge, flambait: le dollar chutait à 99,04 yens, du jamais vu depuis novembre 2013, contre 106,84 yens auparavant, et l’euro à 109,60 yens, contre 122,01 yens.

« Avec l’ouverture des marchés européens, la pression sur la livre risque de s’accentuer. Je n’avais pas vu un tel chaos depuis longtemps. Les cambistes ne peuvent s’empêcher de vendre jusqu’à ce que les autorités disent stop, c’est-à-dire interviennent sur les marchés », a réagi Yosuke Hosokawa, responsable des changes chez Sumitomo Mitsui Trust Bank.

Une débâcle se profilait sur le Vieux Continent, Londres se préparant à une chute de 7%. « Le message est fort et clair pour les marchés financiers, et la manière dont les autorités vont réagir dans les prochaines heures sera probablement déterminante pour la suite », a affirmé Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

– La Banque du Japon prête à agir –

La Banque du Japon (BoJ) s’est aussitôt déclarée « prête à injecter des liquidités », en coopération avec les autres banques centrales, pour limiter l’impact sur les marchés. En écho, le ministre japonais des Finances Taro Aso se disait disposé à agir fermement en temps voulu face à ces mouvements « extrêmement brusques ».  

Sur le front des indices boursiers, la Bourse de Tokyo a d’abord démarré sur des gains modérés avant de soudainement changer de cap une heure plus tard, plongeant de plus de 8% dans l’après-midi. Les géants de l’automobile Toyota et Nissan, tous deux implantés aux Etats-Unis, décrochaient même de 9,30%.

Hong Kong lâchait de son côté 4,8% et les géants bancaires HSBC et Standard Chartered étaient touchés de plein fouet par ce vent de panique, perdant respectivement plus de 11 et 12%.

Ailleurs dans la région Asie-Pacifique, Sydney et Séoul lâchaient plus de 3%, et Shanghai plus de 1%.

Jason Wong, cambiste à la Bank of New Zealand, avait prévenu: « la forte hausse des marchés cette semaine, en amont du vote, crée les conditions d’une correction très lourde », a-t-il souligné dans un commentaire, d’autres pronostiquant « une pagaille » indescriptible. 

Dans ce contexte tendu, l’once d’or grimpait à son plus haut niveau depuis mars 2014, à 1.359,08 dollars, et les investisseurs avaient tendance à privilégier le marché obligataire, ce qui poussait vers le bas le taux d’emprunt à 10 ans du Japon. 

Le pétrole était aussi pris dans la tourmente: vers 04H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août perdait 3,11 dollars, soit 6,21%, à 47,77 dollars, dans les échanges électroniques en Asie.

Le baril de Brent, référence européenne du brut, également pour livraison en août, reculait de 3,14 dollars, soit 6,17%, à 47,77 dollars.

« Nous voyons le pétrole être emporté par la fébrilité générale des marchés face au vote », a commenté sur Bloomberg News Ric Spooner, analyste chez CMC Markets à Sydney. Cependant, les « corrections devraient être assez légères pour le pétrole, les cours devraient être soutenus par le fait qu’un marché équilibré s’annonce nettement à l’horizon ».

La sortie des Britanniques de l’UE entraîne un vertigineux plongeon dans l’inconnu pour leur économie, qui risque de pâtir d’un choc d’incertitudes avec une croissance ralentie et un chômage en hausse à la clef.

Outre les conséquences immédiates pour le pays et au-delà, un Brexit serait dommageable à plus long terme, ont prévenu avant la tenue du référendum les grandes institutions financières internationales, du FMI à l’OCDE.

Tableau des changes le 24 kuin 2016 à Sydneuy. © AFP

© AFP SAEED KHAN
Tableau des changes le 24 kuin 2016 à Sydneuy

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