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Cannabis thérapeutique : le procès du planteur renvoyé

Karl Anihia, président de l’association Tahiti Herb Culture comparaissait ce lundi pour avoir, jeudi dernier, planté un pied de cannabis devant l’assemblée de la Polynésie française. Le but, interpeller les élus pour légaliser le cannabis thérapeutique, la santé étant l’une des compétences du Pays. Son procès a été renvoyé au 30 mars.

L’association Tahiti Herb Culture qui milite pour la légalisation du cannabis thérapeutique en Polynésie a marqué les esprits, jeudi dernier, en plantant un pied de cannabis devant l’assemblée de la Polynésie. Pour son opération coup de poing, Karl Anihia, le président de l’association, avait bien fait les choses. Il avait déclaré la manifestation au Haut-commissariat qui en avait pris note et délivré un récépissé.

C’est donc accompagné de sympathisants et membres de l’association qu’il a planté symboliquement un pied de cannabis devant l’assemblée. Par cet acte militant, le collectif voulait qu’en cette période d’élections municipales, les personnes acquises à cette cause détachent une feuille du plant et la glissent dans l’enveloppe réservée au scrutin.

Prévenue, la DSP est intervenue, a arraché le pied de paka puis l’a détruit. En garde à vue, Karl Anihia a reconnu les faits puis a été placé sous contrôle judiciaire en attendant de comparaitre devant le tribunal ce lundi.

De nombreux soutiens au tribunal

C’est entouré d’une trentaine de personnes venues le soutenir qu’il s’est présenté au palais de justice de Papeete. Parmi ses soutiens, quelques malades qui utilisent le cannabis pour soulager leurs maux.

À la barre, l’homme déclare être conscient de l’illégalité de son acte, affirmant n’avoir jamais eu de souci avec les forces de l’ordre, « On est respectueux de l’autorité. »

De fait, à la lecture de son casier judiciaire on se rend vite compte qu’il n’est pas un dangereux trafiquant de drogue, prêt à inonder et pervertir la Polynésie avec le cannabis.

En 2015 il a été condamné à une amende pour défaut d’assurance et en 2018, à trois mois de prison avec sursis pour avoir planté 50 pieds de chanvre. 50 pieds à l’usage des membres de l’association THC qui utilisent la plante pour ses diverses vertus telles que soulager les douleurs, lutter contre les nausées ou ouvrir l’appétit. « Je n’ai jamais fait de bénéfices avec les plants, je les donnais aux gens qui en avaient besoin. »

Un acte politique

Pour Me Varot, son avocat qui a réclamé un renvoi de l’affaire, l’action de son client « est un acte politique qui lui cause bien des désagréments. » et d’énumérer, « la perte éventuelle de son travail et de s’être fait sortir de chez ses beaux-parents où il vivait avec sa concubine. » Pour lui, « cette manifestation pour le cannabis thérapeutique est légitime. Les parlementaires au Sénat s’étant prononcés à la quasi-unanimité en faveur de l’usage du cannabis médical, et pour son expérimentation en France. » Il a aussi rappelé que le député polynésien Moetai Brotherson avait reçu un accord de principe du nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, pour l’extension des essais du cannabis thérapeutique en Polynésie.

Comme nul n’est prophète en son pays, Karl Anihia attendra le 30 mars pour être jugé. Pour l’heure il reste placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de participer à quelque action que ce soit du collectif THC.

À noter que c’est au cours de ce premier semestre que la France va lancer son essai de cannabis thérapeutique auprès de 3 000 patients métropolitains.

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