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Carburants: Fos-sur-mer débloqué par la police, le conflit se durcit

Fos-sur-Mer (France) (AFP) – Deux heures d’une intervention policière musclée ont permis mardi matin de débloquer le site pétrolier de Fos-sur-Mer dans le Sud-Est, une réponse gouvernementale aux blocages qui font tache d’huile pour obtenir le retrait de la loi travail.

« D’autres sites (de raffinerie) seront libérés », a promis Manuel Valls sur Europe 1, qui a réaffirmé qu’il n’y aurait « pas de retrait » du projet de loi travail. Le Premier ministre s’en est pris frontalement à la CGT, qui est selon lui « dans une impasse ».

La raffinerie Esso et le dépôt de carburants de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, dont les accès étaient occupés depuis lundi par des militants cégétistes opposés à la loi travail, ont été dégagés mardi à l’aube.

Les forces de l’ordre ont rencontré « une résistance importante », jets de projectiles, feux de palettes et de pneus, selon préfecture de police. Pour déloger les manifestants, elles ont utilisé des grenades lacrymogènes et des canons à eau. Bilan: sept blessés légers parmi les policiers, selon la préfecture;  « quelques blessés » du côté des manifestants, frappés à coups de matraques, selon la CGT.

Peu après 06H00, l’opération qui avait débuté à 04H15, était « terminée et les barrages levés », selon la préfecture de police, et des camions citernes et des voitures, bloqués aux ronds-points environnants, recommençaient à circuler et pénétraient dans les sites d’approvisionnement, a constaté l’AFP. 

« C’est un déni de démocratie. Le gouvernement persiste à vouloir imposer son diktat », a réagi Serge Coutouris, responsable CGT des dockers du golfe de Fos, joint par l’AFP, annonçant que « d’autres formes d’action étaient envisagées ». 

Philippe Martinez, le leader de la CGT, avait prévenu lundi: lorsque les salariés ne sont pas entendus, « ils passent à la vitesse supérieure ».

Avant la huitième journée nationale de mobilisation programmée jeudi par l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL, il a déploré que le gouvernement choisisse « de bomber le torse, (de) gonfler les muscles » au lieu d’être à « l’écoute de ceux qui ne sont pas contents ».

Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a appelé les opposants à la loi travail qui bloquent les raffineries à « laisser avancer (…) une France qui travaille, une France qui produit, une France qui croit en son avenir ». 

– « pas de pénurie » –

Six raffineries sur les huit que compte le pays étaient touchées depuis lundi soir, le mouvement s’étendant du Grand Ouest au Sud-Est. Ces blocages provoquent depuis plusieurs jours des difficultés d’approvisionnement de stations-service, entraînant des ruées d’automobilistes aux pompes. Mardi, dès 6H30, c’était le cas dans le nord de Paris. 

Selon le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, « autour de 20% des stations sont fermées ou en grande difficulté » (sur 12.000).

La préfecture de la zone de défense et de sécurité de l’Ouest a appelé les automobilistes à ne pas procéder à des « approvisionnements de précaution » en carburant, estimant que « rien ne les justifie ».

Mardi depuis 5H00, plusieurs barrages avec pneus et palettes de bois enflammées bloquaient les accès routiers au bassin industriel de Saint-Nazaire. Les manifestants laissaient en revanche passer, à pied, les salariés qui souhaitaient se rendre à leur travail. 

Dans le Nord, le dépôt de Douchy-les-Mines, près de Valenciennes, était encore bloqué et celui de Mardyck, près de Dunkerque, était toujours à l’arrêt.

Les accès aux dépôts pétroliers à Lorient et Brest étaient également bloqués.

Autre menace sur l’approvisionnement en carburant: le personnel des terminaux pétroliers du Havre, qui assure 40% des importations françaises, a voté la grève à partir de mardi en fin d’après-midi.

Lundi, l’Union française des industries pétrolières (Ufip) s’est voulue rassurante: « non, il n’y a pas pénurie, il y a des situations tendues ». 

Parmi les cinq raffineries hexagonales de Total, deux (Gonfreville-L’Orcher en Seine-Maritime, Donges en Loire-Atlantique) étaient partiellement à l’arrêt, d’autres (Feyzin dans le Rhône et Grandpuits (Seine-et-Marne) avaient leurs unités de production complètement arrêtées, indiquait le groupe lundi.

En revanche, mardi matin, les premières équipes de la raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) semblaient bouder le mouvement de grève. 

Le mouvement des routiers semblait, lui, en perte de vitesse.

Côté rail, la SNCF prévoit mercredi et jeudi un trafic « perturbé » mais « moins que la semaine dernière (appel à la grève CGT et SUD-rail).

A la RATP, la CGT a appelé à une grève illimitée à partir du 2 juin.

Le site pétrolier de Fos-sur-Mer après son déblocage le 24 mai 2016 par les forces de l'ordre. © AFP

© AFP BORIS HORVAT
Le site pétrolier de Fos-sur-Mer après son déblocage le 24 mai 2016 par les forces de l’ordre

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