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Certificats, cas suspects, masques… Les mises au point du Pays sur le coronavirus

Si l’épidémie mondiale n’a toujours pas atteint le fenua, elle agite plus que jamais les débats. Le gouvernement, dont certaines des mesures sanitaires ont été vivement critiquées ces derniers jours, a tenu à apporter des précisions ce vendredi matin.

C’est désormais un rendez-vous bi-hebdomadaire : l’exécutif a tenu une conférence de presse sur la crise sanitaire internationale ce vendredi matin. Pas d’annonce concernant la propagation du coronavirus : aucun cas n’a été confirmé en Polynésie, a pointé Jacques Raynal. « On espère que cela va durer le plus longtemps possible », ajoute le ministre de la Santé, rappelant que le président Édouard Fritch s’était engagé à annoncer « immédiatement » toute contamination sur le territoire. Pas non plus de nouvelle mesure à présenter. Des certificats médicaux aux contrôles à l’aéroport en passant par les fiches de renseignement sanitaire des passagers, « nous avons déjà mis en place un système de filtre qui nous ont pour le moment isolé efficacement de cette épidémie mondiale », souligne la ministre du Tourisme Nicole Bouteau. Reste que la réponse gouvernementale à l’épidémie méritait d’être précisée sur certains points.

Le certificat médical : « une attitude citoyenne » mais pas une obligation légale

Depuis près d’un mois, toutes les personnes ayant visité des zones à risque sont « tenues », d’après le gouvernement, de présenter un certificat attestant qu’ils ne présentent pas de symptômes de contamination. Le pays l’avait déjà annoncé : cette mesure va être étendue, à partir de lundi, à tous les passagers et personnels navigants embarquant pour la Polynésie. Mais repose-t-elle sur une base réglementaire solide ? « Non », reconnait Jacques Raynal. Le gouvernement n’a pas pris d’arrêté sur la question, et n’a d’ailleurs pas compétence pour restreindre l’accès au territoire.

D’après le ministre de la Santé les compagnies aériennes ne peuvent en fait pas refuser l’accès de leur appareil à un passager ne présentant pas ce certificat. « Notre but n’est pas d’empêcher qui que ce soit de venir en Polynésie, assure le responsable. Mais faire ce certificat, c’est faire preuve de responsabilité, d’attitude citoyenne ». Le gouvernement pourrait d’ailleurs mettre en place une file dédiée à l’aéroport de Tahiti-Faa’a, pour les personnes n’ayant pas pu se doter d’une attestation, afin qu’elles puissent être reçues rapidement par un médecin. Interrogé sur les passagers qui se sont dotés d’un certificat qui n’a finalement jamais été demandé à l’aéroport, ou ceux qui se sont vu refuser un embarquement, l’exécutif reconnait des « problèmes de communication » et assure avoir « corrigé le tir ».

Masques : des stocks de secours, et peut-être une régulation des prix

Les ministres ont aussi réagi à la ruée sur certains produits, dont les masques de protection qui sont aujourd’hui quasi impossible à se procurer en pharmacie. Pas de danger, insiste Jacques Raynal : ces masques sont surtout destinés aux personnes porteuses du virus – il n’y en a pas pour l’instant en Polynésie –, leur famille proche, et le personnel de santé. Le gouvernement a d’ailleurs constitué un stock à l’hôpital et à la pharmacie centrale pour « faire face à des urgences, et faire en sorte que le personnel soignant puisse continuer à travailler » en cas d’épidémie. Le Pays a tout de même passé des commandes à l’étranger, pour le moment sans réponse : la demande mondiale est très importante, et la plupart des fabricants sont situés en Chine, où la crise bat son plein. La réserve métropolitaine a aussi été sollicitée.

Le conseil des ministres devrait aussi étudier la possibilité, la semaine prochaine, de réguler le prix des masques, comme cela a été fait en Métropole, devant les abus de certains revendeurs.

Gel hydroalcoolique : le lavage de main « suffit »

Autres produits de plus en plus difficiles à trouver, ces gels désinfectants pour les mains ne sont pas « nécessaires », indique le gouvernement. Le lavage des mains est bien « un des meilleurs moyens de combattre la propagation du virus, indique le docteur Raynal. Mais l’eau et le savon suffisent, à condition que le lavage soit régulier ».

Huit cas suspects en surveillance

Les fiches sanitaires et les contrôles à l’aéroport ont tout de même attiré l’attention des autorités sur plusieurs cas suspects. Si les doutes sont souvent rapidement écartés – plusieurs personnes présentant des symptômes ont été diagnostiqués de la grippe A et pas du coronavirus – d’autres voyageurs sont placés sous surveillance. Ce serait le cas d’au moins huit personnes, polynésiennes ou non, qui serait sous surveillance chez elles où dans des lieux « qui leur sert de résidence » (l’exécutif ne donne pas d’adresse pour ne pas inquiéter les riverains). Les trois greffeuses chinoises qui avaient fait partie des premières à être placés en « contingentement », abordent leur 14e jour de quarantaine. Elles devraient pouvoir enfin rejoindre la ferme perlière qui les emploie dès ce week-end.

 

Le certificat médical ne sera pas remboursé par les assurances voyage… 

C’est l’annonce qu’a faite ce vendredi le comité des entreprises d’assurance de Polynésie (Cosoda). A partir de lundi, le gouvernement demande à tous les passagers embarquant vers la Polynésie – y compris les résidents – de se procurer une attestation de bonne santé de moins de cinq jours. Des voix se sont rapidement levées pour pointer les difficultés à se procurer le document en métropole, mais aussi le coût d’une consultation dans d’auters pays. Et notamment aux Etats-unis, principale route aérienne depuis le fenua.

Elle coûterait de 100 à plus de 250 $ (26500 francs CFP) dans des villes comme Los Angeles ou San Francisco et n’est remboursés par la CPS qu’à hauteur d’environ 2500 francs. D’où l’idée, avancée par certains, de faire jouer leur assurance voyage. « La consultation médicale permettant d’avoir ce certificat ne peut être prise en charge par une assurance voyage, ont répondu les assureurs. Par contre les assurances complémentaires, souscrites individuellement ou dans le cadre d’accord d’entreprise auprès des assureurs de Polynésie Françaises, pourront compléter la prise en charge de la CPS ».

La question du coût des certificats, n’a « pas encore été abordée » a indiqué Jacques Raynal ce matin. Mais pourrait l’être en conseil des ministres la semaine prochaine. Le ministre de la Santé a conseillé aux voyageurs de conserver leurs factures.

 

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4 Commentaires

  1. Kiaora
    6 mars 2020 à 17h32 — Répondre

    Cà fait un peu amateur non ?….. Finalement le certificat qui ne sert à rien, n’est donc pas obligatoire. Va-t’on rembourser les gars qui ont été débarqués des avions et ont dû repayer un billet ? Va-t’on rembourser les personnes à qui on a dit que c’était obligatoire, ont été faire leur certificat ? Par contre, il faut saluer la suite des propositions : screener les passagers, mettre un médecin à l’aéroport. C’est peut être par là qu’il aurait fallu commencer non ?

  2. Moetu
    6 mars 2020 à 21h38 — Répondre

    Oui, c’est un gouvernement d’amateurs. Le VP qui promet les grands travaux qui n’avancent pas etc.

  3. Pfffff
    7 mars 2020 à 9h28 — Répondre

    Pour poursuivre le commentaire précédent, et parler non pas d’amateurisme mais d’ignorance économique, il n’y a pas plus imbécile en période de pénurie que de vouloir réglementer les prix. Cela maintient un prix bas, ce qui fait que on accentue le phénomène de stockage à bas coût donc on accentue la pénurie pour ceux qui en ont besoin et qui n’ont pas stocké et donc on augmente les prix sur un marché noir qui se crée. Cela fait 2000 ans que ce problème est connu, la dernière expérience débile de ce genre c’est la pénurie de PQ au Vénézuela, mais bon, les politiques croient que parce qu’ils agissent cela va aller mieux, alors que dans ce domaine l’absence d’action est ce qu’il y a de mieux à faire. A rajouter aussi que on n’est jamais mieux servi que par soi même et le territoire a fait ses stock pour ses propres besoins éventuels, donc a accentué la pénurie pour le quidam.

  4. Guizmo Gremlin
    7 mars 2020 à 23h01 — Répondre

    Cette gestion de crise laisse en effet un goût prononcé d’amateurise avec des mesures prises sans bases légales ni mesures de conséquences. Ca fait plutôt panique à bord, et ça montre surtout qu’on n’y est pas du tout préparé.
    Ce qui me désole le plus, c’est que cette crise met en exergue le mauvais côté de la nature humaine. Il y a ceux qui déversent leur haine envers d’autres races que la leur. Il y a ceux qui essaient de profiter de la crise pour s’enrichir. Pour moi de loin la pire espèce, celle qui profite de la peur et de l’ignorance des gens.
    En tout cas, je salue l’initiative de ATN de mettre à disposition de ses passagers du personnel médical à ses escales à l’étranger.

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