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Certificats médicaux : les médecins libéraux dénoncent une « provocation » de la CPS

La CPS avait recadré, dans une lettre aux médecins, la prescription d’arrêts de travail qui se multiplient dans le cadre de l’épidémie de Covid. En ligne de mire, les arrêts aux « cas contacts » ou ceux qui prévoient des « autorisations de sortie ». Une missive prise comme une « provocation » voire une « agression » par le syndicat des médecins libéraux dans le contexte déjà tendu de la crise. Son président, le Dr Didier Bondoux, s’apprête à signer une réponse à la caisse.

Le ton monte entre la CPS et les libéraux. La Caisse de prévoyance sociale avait déjà alerté, ces dernières semaines, sur la multiplication des arrêts de travail dû à la crise Covid. Des prescriptions qui ont battu des records la semaine passée : 3 700 sur une seule journée contre 4 000 par mois en temps normal. Les dirigeants de la caisse s’était jusque là limités à interpeller sur le coût des indemnités journalières pour le système de santé, appelant, en creux, à une utilisation raisonnée de ces arrêts. Vendredi, ils avaient été beaucoup plus directs : dans une lettre adressée à tous les praticiens de Polynésie, et rendue publique par Polynésie La 1ère, l’organisme estime que « certaines de ces prescriptions sont non justifiées et donc préjudiciables à la caisse ».

Autorisation de sortie et sujets contacts

Tuterai Tumahai, médecin-chef du contrôle médical et signataire de la lettre, y rappelle en premier lieu que les arrêts de travail ne peuvent être délivrés qu’aux patients présentant des « symptômes entravant la pratique de leur activité professionnelle » ou « favorisant un risque de contagion sur le lieu de travail ». Dans le viseur : les arrêts qui seraient accordés aux « sujets contacts » qui, en l’absence de symptômes, ne peuvent se faire dépister dans les centres publics. Les praticiens sont invités à orienter ce genre de personnes vers leurs employeurs pour « discuter des modalités possibles d’adaptation de son poste de travail ». En clair : télétravail, congés, mais pas d’indemnités. La caisse en profite pour rappeler que les arrêts « avec autorisation de sortie » ne sont pas admissibles dans le cas du Covid, puisque les malades sont sommés de s’isoler complètement chez eux. Et prévient qu’elle va intensifier ses contrôles. « Toute prescription injustifiée pourra faire l’objet d’une demande de remboursement à l’encontre du prescripteur, des frais indûment pris en charge par la Caisse », complète le médecin-chef.

Sans surprise, la missive qui a été très mal reçue chez les libéraux, qui se sentent particulièrement visés, même si les praticiens hospitaliers ou les médecins des dispensaires peuvent eux aussi prescrire des arrêts-maladie. « On le ressent comme une réelle provocation », « une attaque frontale » « une agression », même, confirme le Dr Didier Bondoux. Le président du Syndicat des médecins libéraux rappelle que ses confrères, comme tous les maillons du système de santé, sont « le nez dans le guidon » dans cette poussée épidémique, et « tentent d’éviter au maximum, quand c’est possible, d’éviter les hospitalisations », notamment en prescrivant des oxygénations à domicile. Dans ce contexte tendu, la lettre de la CPS est « malvenue ». D’autant qu’elle manque de précision, par exemple sur le nombre d’arrêts comportant des sorties libres ou des horaires de sorties. « On demande que la CPS se renseigne directement auprès des médecins qui pratiqueraient ce genre d’arrêts de travail, demande des explications, au lieu de jeter l’opprobre sur toute la profession médicale ».

Des erreurs possibles, mais des « amalgames »

Le Dr Bondoux en convient : dans ce contexte difficile, des erreurs ont pu être commises. D’autant que beaucoup de patients non habitués se présentent dans les cabinets et que, lorsqu’un test est positif, les secrétaires médicales peuvent se charger de la rédaction des arrêts. Mais le président du syndicat dénonce tout de même les « amalgames » de la caisse qui ne prend pas compte d’une foule de cas particuliers, « que seuls les médecins qui ont les patients en face d’eux peuvent juger ». « Il y a des cas contacts symptomatiques qui, en attendant le résultat du test, sont en arrêt de travail justifié », explique par exemple le président du syndicat, qui fait aussi la différence entre les « sujets contacts à haut risque » – dans la famille notamment – et les autres. Quant aux autorisations de sortie, « il n’y a pas que du Covid en ce moment, il y a aussi des patients dépressifs, des malades non-covidés qui peuvent sortir » rappelle-t-il.

Un accroc de plus entre les libéraux et la CPS, dont les rapports sont dégradés depuis longtemps. Cette nouvelle passe d’armes intervient toutefois quand les médecins « commencent à retisser des liens en toute intelligence ». Afin notamment de s’accorder sur une nouvelle convention collective et sur une nouvelle nomenclature.

Lettre d’information aux médecins sur la prescription des arrêts de travail dans le contexte du Covid on Scribd

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3 Commentaires

  1. SAVOIE Lucie
    26 août 2021 à 7h40 — Répondre

    La CPS a raison. Les personnes atteintes du COVID n’ont aucun droit de sortie, puisque celles qui n’ont pas eues de COVID sont confinées quand même alors qu’elles n’ont pas d’arrêt de travail. C’est plus juste. C’est la meilleure des solutions, c’est de retenir le maximum de monde à domicile, la durée d’un arrêt de travail pour cause d’épidémie et bien au delà pour avoir de la marge, parce qu’ il y a trop de monde qui circule mélangé avec les malades et non-malades. Le temps dira combien c’est bénéfique.

  2. SAVOIE Lucie
    26 août 2021 à 7h51 — Répondre

    Les TIKITOA viennent de perdre contre le JAPON. Cela fait quelques coupes du monde que les sables poussiéreux et farineux sont utilisés dans ce sport. Les pieds s’enfoncent jusqu’aux chevilles, le sable est projeté par-dessus la tête et il faut ramper pour marquer un but, sans compter qu’il y a des zones d’ombres continuelles. La qualité du sable est exécrable ! D’où çà provient, du Sahara ? Le meilleur sable au monde viennent de nos atolls des Tuamotu à base de corail et de coquillages. La FIFA devrait y penser.

  3. Louis Bresson
    26 août 2021 à 8h42 — Répondre

    Les « fonctionnaires » de la CPS devraient apprendre un peu à communiquer.

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