ACTUS LOCALESPOLITIQUESANTÉ

Chloroquine : la Polynésie dit « oui » aux essais, mais non à l’emballement autour du traitement

Le ministre de la santé Jacques Raynal a confirmé, ce mercredi, que le Pays avait commandé des médicaments à base de chloroquine en métropole. Pour approvisionner les patients qui en consomment régulièrement, mais aussi, si possible, pour participer aux tests thérapeutiques contre le coronavirus. Le ministre, tout comme l’expert envoyé au fenua par l’OMS, mettent en garde : tenter de se procurer ce produit pour se protéger du coronavirus est « inutile » et potentiellement dangereux.

C’est une épidémie de commentaires, d’avis et de débats qui a, comme le coronavirus, touché la métropole puis le fenua. La question de l’utilisation de la chloroquine pour combattre la pandémie de coronavirus enflamme depuis quelques jours les réseaux sociaux.

La chloroquine et son dérivé, l’hydroxychloroquine, sont des molécules utilisées depuis plusieurs décennies, entres autre pour soigner le paludisme et certaines maladies auto-immunes. Certains scientifiques, dont un infectiologue français réputé, le Pr. Didier Raoult, estiment qu’elles sont efficaces, en association avec d’autres produits, pour soigner certains patients gravement atteints par le coronavirus. Et donc limiter l’encombrement des structures hospitalières. Sauf que cette utilisation n’a pour l’instant été testée que de manière très restreinte. Et que les résultats encourageants obtenus par diverses équipes de chercheurs font débat au sein de la communauté scientifique (lire, par exemple, le questions-réponses du Monde ou de notre partenaire Europe 1 sur le sujet). Des tests de plus grande ampleur ont lieu actuellement sur des malades du coronavirus en France, en Europe et dans le monde.

Chercher à se procurer du Plaquénil, « une idiotie »

Une actualité qui a semble-t-il poussé des Polynésiens à essayer de se procurer, dans les pharmacies ou sur Internet, un médicament à base d’hydroxychloroquine, le Plaquénil. Pour Jacques Raynal, médecin et ministre de la Santé, il s’agit là d’une attitude « révoltante ». Car le médicament, qui a des effets secondaires et qui est potentiellement dangereux s’il est mal administré, est utilisé de façon régulière par certains patients, atteints de lupus, notamment. Et ces derniers pourraient en manquer si « l’emballement » se poursuivait.

Une commande du Pays est en cours

Il est donc « inutile » de se ruer vers le Plaquénil, assure le ministre, précisant que le médicament « n’a pas encore fait ses preuves » scientifiquement. Alors que de nombreux internautes demandent la constitution d’un stock au fenua – notamment au travers d’une pétition en ligne – le Pays suit tout de même avec « beaucoup d’attention » les essais thérapeutiques internationaux. Et pourrait même y participer. « Une commande de médicament est en cours » – une commande de 10 000 comprimés selon ses déclarations à TNTV, et des produits à base de chloroquine et de ses dérivés en font partie, explique Jacques Raynal, qui parle d’un « accord de principe avec les autorités métropolitaines ».

Beaucoup d’études lancées sur le traitement, une prudence nécessaire

La « distribution » de Plaquénil à la population est bien sûr complètement exclue. Il est réservé aux « formes graves, hospitalières et sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médiale stricte », a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran ce lundi 23 mars. D’autant que la chloroquine n’est pas la seule molécule sur laquelle travaillent les chercheurs. Comme le pointe Sean Casey, conseiller envoyé par l’Organisation mondiale de la Santé auprès du Pays, « Il n’y a jamais autant d’études et de tests qui ont été lancés, de façon si rapide ».  L’expert en politiques sanitaires d’urgence, qui a par le passé travaillé sur l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest ou de cholera à Haïti, le rappelle : « le but des autorités et de proposer au plus vite des traitements efficaces, validés, et sans danger pour les malades ».

Article précedent

À Taiarapu-Est, le maire est favorable au couvre-feu

Article suivant

Spritz citron vert et chocolat

2 Commentaires

  1. simone grand
    26 mars 2020 à 7h27 — Répondre

    démarche raisonnable que je soutiens

  2. 26 mars 2020 à 17h37 — Répondre

    Tout à fait d’accord avec cette précaution prise par Reynal…Par contre je suis très étonne de voir circuler dans la vallée de Tiperui autant de véhicules. Peut-être que cette vallée n’est pas concernée dans ces mesures o combien nécessaires ???

Répondre à l'abeille Annuler la réponse.

PARTAGER

Chloroquine : la Polynésie dit « oui » aux essais, mais non à l’emballement autour du traitement