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Christo invite le public à marcher sur l'eau en Italie

Iseo (Italie) (AFP) – Marcher sur l’eau, c’est l’expérience étonnante que l’artiste Christo propose de vivre à partir de samedi dans le nord de l’Italie : sur le lac d’Iséo, il a dessiné des passerelles où il est possible de se promener de jour comme de nuit.

Jusqu’au 3 juillet, plus de 500.000 visiteurs, Italiens et touristes du monde entier, sont attendus dans cette région habituellement paisible pour découvrir les « The Floating Piers » (Les Pontons flottants), la dernière oeuvre de cet artiste célèbre pour ses installations monumentales en plein air.

Longues de trois kilomètres, ces passerelles, recouvertes d’un tissu jaune tournant à l’orange, rejoignent l’île de Monte Isola et celle, toute petite, de San Paolo.

Ce jaune-dahlia du tissu contraste avec le vert sombre du lac, entouré de petits villages et sis au milieu de montagnes verdoyantes. Mais l’oeuvre est avant tout une expérience sensorielle.

« C’est un projet très physique, ce n’est pas une peinture, une sculpture. Vous devez marcher dessus (pour comprendre), ressentir (les sensations) avec la pluie, le soleil, le vent… », a expliqué Christo jeudi.

« Je n’aime pas parler au téléphone, (…) la virtualité, je suis seulement intéressé par les choses réelles », a ajouté l’artiste qui vient de fêter ses 81 ans et se révèle toujours plein de verve et d’humour.

Les structures sont faites de 200.000 cubes de polyéthylène – entièrement recyclables – reliés entre eux par 200.000 vis géantes. Marcher dessus, surtout pieds nus, est une expérience étrange, comme marcher sur un ponton mouvant.

Les empreintes des pieds s’impriment en orange. Avec la lumière, le tissu prend une couleur dorée, s’il est sec, et avec l’humidité, en début et fin de journée, il devient d’un rouge intense.

En plus de 50 ans, Christo et son épouse Jeanne-Claude, décédée en 2009 mais qu’il associe toujours à ses projets, ont réalisé ensemble 22 œuvres monumentales.

Celle-ci est l’une des dizaines restées longtemps dans leurs cartons, faute d’autorisation.

Imaginé dès 1970 pour le delta du rio de la Plata en Argentine, le projet a été transféré au Japon 20 ans plus tard, sans plus de succès. Mais « il est resté dans notre coeur », souligne l’artiste d’origine bulgare et naturalisé américain.

– ‘Miracle’-

Et grâce à l’enthousiasme d’élus et d’habitants, « The Floating Piers » a pu voir le jour en moins de deux ans en Italie, où le couple avait déjà mené dans les années 1960-70 une série d’emballages ».

Un « miracle », selon le directeur du projet, Germano Celant.

Certaines oeuvres ont en effet mis des années à voir le jour. Comme l’emballage du Reichstag à Berlin, créé en 1995 après 24 ans d’attente, ou « The Gates » (Les Portes) à New York, après 26 ans.

« Floating Piers », accessible gratuitement, coûtera quelque 15 millions d’euros, financés, comme d’habitude, par la vente de dessins et maquettes préparatoires.

Les hôtels sont déjà pris d’assaut et les commerçants locaux espèrent profiter des retombées de l’événement, classé comme un des « musts » de l’année par le New York Times.

Michele Pescali, propriétaire d’une boulangerie à Sulzano, à deux pas du lac, a créé pour l’occasion des « biscuits de Christo », composés d’une pâte sablée recouverte de confiture et d’écorces d’orange qui rappellent les passerelles éphémères.

Il compte sur sa famille pour lui donner un coup de main pour faire face à l’afflux de touristes, dont il se dit un peu inquiet, malgré la « belle aventure » que représente le projet.

Certains passionnés sont d’ailleurs arrivés plusieurs jours avant l’inauguration, comme Almut et Walter Horstmann, un couple allemand de 73 et 75 ans.

« Nous voulions voir le travail de construction. Nous avons déjà vu le Reichtag, les arbres emballés à Bâle, le mur de barils de pétrole, l’Oberhausen Gasometer, en Allemagne », explique Walter. Pour eux la nouvelle oeuvre est « fantastique, avec ce mélange entre l’eau, le paysage, la couleur du tissu ».

Christo a encore deux projets en cours, englués dans la quête d’autorisations, l’un aux Etats-Unis, l’autre à Abou Dhabi. Et quand on lui demande quand il compte s’arrêter, il répond, citant sa femme : « Les artistes ne prennent pas de retraite, ils meurent ».

Longues de trois kilomètres, ces passerelles créées par Christo, rejoignent l'île de Monte Isola et celle, toute petite, de San Paolo. © AFP

© AFP Filippo MONTEFORTE
Longues de trois kilomètres, ces passerelles créées par Christo, rejoignent l’île de Monte Isola et celle, toute petite, de San Paolo

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