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Chypre: optimisme à l'ouverture des négociations à Genève

Genève (AFP) – Les dirigeants chypriotes grec et turc discutaient lundi à Genève de l’avenir de l’île méditerranéenne, divisée depuis plus de 40 ans, mais l’issue des négociations reste incertaine malgré l’optimisme ambiant.

« Nous sommes actuellement au moment final, à un moment de vérité », a déclaré le médiateur de l’ONU, le diplomate norvégien Espen Barth Eide, devant la presse.

Il a estimé qu’il n’y avait « pas de problème qui ne puisse être résolu dans ces négociations ». Mais il a reconnu que les « questions les plus compliquées, les plus émotionnelles » restent à discuter.

C’est la troisième fois depuis novembre que le dirigeant chypriote turc, Mustafa Akinci, et le président chypriote grec, Nicos Anastasiades, se retrouvent en Suisse. Ils ont discuté pendant près de quatre heures lundi matin et doivent reprendre les discussions à 18H00 (17H00 GMT), avec au menu la question de la gouvernance.

Les deux délégations doivent négocier jusqu’à mercredi, puis une Conférence sur Chypre doit se tenir jeudi, élargie aux trois « garants » de la sécurité de l’île: la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, qui y dispose de bases militaires.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker y assistera au nom de l’Union européenne (UE), en tant qu' »observateur ».

Pour M. Eide, « la Conférence du 12 (janvier) ne sera efficace que si nous obtenons des succès entre le 9 et le 11 ». Et il a mis en garde les parties: « vous ne pouvez pas prendre pour acquis le fait que les conflits gelés restent gelés pour toujours ».

« Tout ce processus, ces derniers 19 mois, y compris les prochains jours et semaines, sont une opportunité qu’il serait imprudent de laisser passer », a-t-il averti.

L’ONU n’a en effet pas ménagé ses efforts pour remettre sur les rails le processus de négociations ouvert en mai 2015, et qui avait semblé s’effondrer lors de la dernière rencontre le 22 novembre au Mont Pèlerin, en Suisse.

A son arrivée dimanche à Genève, M. Anastasiades s’est déclaré « confiant », tandis que M. Akinci a assuré être venu « dans un esprit positif ».

Toutefois, les deux camps affichent toujours de profondes divergences sur les questions cruciales: arrangements territoriaux et de sécurité, restitution des propriétés spoliées, etc…

– Épineuse rétrocession –

Chypre, qui compte environ un million d’habitants, est divisée depuis 1974, lorsque l’armée turque a envahi la partie nord de l’île en réaction à un coup d’État de Chypriotes grecs qui visait à rattacher le pays à la Grèce et suscitait une vive inquiétude de la minorité chypriote turque.

La partition a provoqué le déplacement d’environ 162.000 Chypriotes grecs et de 48.000 Chypriotes turcs, selon un rapport de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (PRIO).

Aujourd’hui, la République de Chypre, membre de l’Union européenne depuis 2004, n’exerce son autorité que sur la partie sud, où vivent les Chypriotes grecs. Les Chypriotes turcs habitent dans le nord, où une République turque de Chypre du Nord (RTCN) autoproclamée n’est reconnue que par Ankara.

Une future solution de paix prévoit la création d’un État fédéral composé de deux entités, l’une chypriote grecque et l’autre chypriote turque. Une partie des territoires contrôlés par la RTCN serait rétrocédée aux Chypriotes grecs.

Les Chypriotes turcs, qui comptaient pour 18% de la population de l’île avant la partition, contrôlent actuellement plus de 36% du territoire.

Le désaccord persiste sur l’importance de la rétrocession.

Au cours des dernières négociations, M. Anastasiades aurait proposé que la future entité chypriote turque obtienne 28,2% du territoire, M. Akinci réclamant 29,2%.

Le nombre de déplacés Chypriotes grecs autorisés à revenir dans le nord fait aussi l’objet de divergences.

Le sujet très sensible dans chacune des communautés revêt une importance cruciale, car tout accord de paix sera soumis à un référendum de chaque côté de l’île. En 2004, un précédent plan de paix établi sous l’égide de l’ONU avait été rejeté par les Chypriotes grecs.

Les deux dirigeants se sont engagés à présenter le 11 janvier des cartes sur le partage territorial des deux entités.

D’autres divergences de taille demeurent. Les Chypriotes grecs réclament par exemple le départ des milliers de soldats turcs stationnés au Nord, tandis que les dirigeants chypriotes turcs souhaitent le maintien d’une présence militaire turque même réduite.

Le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci (c) et le Conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU pour Chypre, Espen Barth Eide, lors de son arrivée à Genève, le 9 janvier 2017. © AFP

© AFP FABRICE COFFRINI
Le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci (c) et le Conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour Chypre, Espen Barth Eide, lors de son arrivée à Genève, le 9 janvier 2017

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