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Chypre: poursuite des efforts pour parvenir à la réunification

Genève (AFP) – Les dirigeants des deux communautés chypriotes ainsi que les hauts diplomates turcs, grecs et britanniques ont accepté jeudi à Genève de poursuivre leurs efforts afin de parvenir à un accord sur la réunification de Chypre.

« Nous sommes très proches d’un règlement », a estimé le nouveau secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, tout en appelant à la patience. 

« Vous ne pouvez pas attendre des miracles (…) Il va falloir être patient. Nous ne cherchons pas un bricolage rapide, nous cherchons une solution solide et durable pour Chypre », a souligné M. Guterres, qui participait jeudi aux négociations. 

Ces dernières, supervisées par l’ONU, avaient commencé lundi entre les dirigeants des communautés chypriotes turque et grecque.

L’île de Chypre est divisée depuis l’échec d’un coup d’Etat visant à rattacher Chypre à « la Grèce des colonels » en 1974 et l’invasion de l’armée turque au nord.

La réunion de jeudi, qualifiée de « conférence historique », car inédite dans son format multilatéral, avait pour objectif de discuter uniquement des garanties de sécurité de la future fédération de Chypre, avec les « garants » actuels: Grèce, Turquie et Grande-Bretagne, l’ex-puissance coloniale.

M. Guterres, dont c’était le premier déplacement à l’étranger depuis qu’il a succédé le 1er janvier à Ban Ki-Moon, avait souhaité apporter son soutien aux pourparlers de paix engagés depuis mai 2015.

« Je veux rendre hommage au courage et à la détermination » du président chypriote grec Nicos Anastasiades et du dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse au Palais des Nations, siège européen de l’ONU.

– ‘Du chemin à parcourir’ –

Les ministres des Affaires étrangères grec Nikos Kotzias, turc Mevlut Cavusoglu et britannique Boris Johnson ont participé à ces négociations, ainsi que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, car la République de Chypre (partie sud) est membre de l’Union européenne depuis 2004.

Les Chypriotes turcs habitent eux dans la République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara.

Les « questions intérieures », telles que le découpage territorial entre les deux communautés, la restitution des propriétés spoliées ou le partage de la gouvernance, restent elles du ressort des négociations intra-chypriotes organisées sous l’égide du médiateur de l’ONU, le Norvégien Espen Barth Eide. 

« Les participants ont reconnu qu’il est temps que les négociations se concluent (…). C’est une opportunité historique qu’il ne faut pas rater », a souligné un communiqué de l’ONU à l’issue de la journée de  négociations.

Pour sa part, Boris Johnson a qualifié de « réels progrès » les résultats obtenus à l’issue de ces négociations. « Avec un engagement continu et une volonté politique, je pense qu’un accord historique est à portée de main », a affirmé dans un communiqué le ministre britannique.

Bien que largement minoritaires, les Chypriotes turcs contrôlent actuellement 37% de l’île. Selon les médias chypriotes, la partie grecque serait disposée à leur accorder 28,2% du futur Etat, alors que la partie turque en réclamerait 29,2%. 

Selon le porte-parole du gouvernement chypriote-grec, Nikos Christodoulides, la carte présentée par la partie turque respecte la limite des 29,2%. « Mais il y a des parties et des aspects qui ne nous satisfont pas, en d’autres termes, ce n’est pas satisfaisant en tant que résultat final », a-t-il dit.

– Présence militaire –

Depuis la crise de 1974, des Casques bleus de l’ONU contrôlent la « ligne verte », une zone tampon démilitarisée séparant les deux communautés.

Dans la perspective d’un futur Etat fédéral, l’ONU et les pays garants doivent apporter des assurances en matière de sécurité. 

Le président chypriote-grec, Nicos Anastasiades, soutenu par Athènes, réclame le départ des quelque 30.000 soldats turcs stationnés dans la partie nord de l’île, mais le dirigeant chypriote-turc, appuyé par Ankara, souhaite leur maintien pour protéger sa communauté.

Parlant à la presse, le ministre grec des Affaires étrangères a réaffirmé que la Grèce voulait la fin du régime des garanties et « le départ de l’armée » turque.

Le président grec chypriote le souhaite également, mais son homologue chypriote turc s’y oppose, tout comme le chef de la diplomatie turque, qui a appelé à leur maintien lors d’une déclaration à la presse. 

La Grande-Bretagne, ex-puissance coloniale, possède également des bases militaires dans la partie sud de l’île. Londres a offert de restituer 49% (117 km2) du territoire occupé par ses bases en cas de règlement de la crise.

Le chef de la diplomatie grecque s’est félicité des « bonnes discussions dans un climat positif » et a indiqué qu’une « équipe d’experts » allait être chargée de « préparer une réunion des ministres des Affaires étrangères le 23 janvier ». 

Son homologue turc a lui rejeté toute réunion le 23 janvier, affirmant que « l’annonce d’une date avant l’obtention d’un accord n’est pas la bonne méthode ».

L’ONU a déclaré que les pourparlers techniques avec les garants actuels débuteraient le 18 janvier, parallèlement aux négociations entre les deux parties chypriotes sur les problèmes qui subsistent.

Jeudi soir, quelque 200 Chypriotes grecs se sont rassemblés à Nicosie pour protester contre la présence de troupes turques à Chypre et réclamer leur « droit au retour » sur les propriétés qu’ils ont dû quitter, selon un journaliste de l’AFP.

D’autres rassemblements ont eu lieu cette semaine à Nicosie, cette fois pour soutenir les efforts de paix.

Cypriot President Nicos Anastasiades, United Le dirigeant chypriote grec Nicos Anastasiades, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci  à Genève, le 12 janvier 2017. © AFP

© POOL/AFP Pierre ALBOUY
Cypriot President Nicos Anastasiades, United Le dirigeant chypriote grec Nicos Anastasiades, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci à Genève, le 12 janvier 2017

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